Nebuchadnezar a écrit :
En même temps, c'est l'offensive Ho-Chi-Min de 1975 qui décide de l'issue du conflit. Si l'armée sud viet-namienne, théoriquement forte de 1 351 000 soldats, avait pu tenir tête au million de soldats du nord Viet-Nam, le regard sur cette guerre aurait été tout différent.
La Dai thang mua xuan 1975(La grande victoire du printemps 1975). Ainsi est appelée la marche victorieuse de l'APV sur Saïgon, synonyme de paix, de réunification et de la main-mise totale du PCV sur le Vietnam. La conquête du Sud-Vietnam par les troupes de Vo Nguyen Giap (ministre de la défense de la RPV) s'effectue avec un an d'avance sur le planning que s'était fixé les plus hauts responsables de l'armée nord-vietnamienne. Le général nord-vietnamien Van Tien Dung donne au journaliste du Nhan Dan Hong Ha un entretient dans lequel il revient sur cette campagne de 120 jours Dung s'engage dans le vietminh dès 1945. En 1952, il conçoit sa théorie de la "fleur de lotus épanouie": frapper au cœur du dispositif ennemi, liquider son état-major local et à partir de ce centre, le cœur de la fleur, repousser les contre-attaques ennemies. En octobre 1973, lors de la vingt et unième session du Parti des travailleurs, la décision est prise d'employer "la voie de la violence révolutionnaire au Sud" .Selon Dung, cette résolution est prise car Saïgon et Washington refusent d'appliquer les accords de Paris, signés dix mois plutôt. En effet, selon le général nord-vietnamien, 750 avions, 600 chars, 500 canons lourds sont livrés à Thieu. O. Todd reproduit en annexe de son livre "la chute de Saïgon" les données qu'il a pu recueillir auprès de spécialistes américains. On y retrouve certaines données qui nous permettent de supposer que Dung ne se trompe pas en affirmant que les Etats-Unis continuent de fournir l'armée du Sud-Vietnam après les accords de Paris (700 millions de dollars pour l'année fiscale 1973-1974). Le cadre communiste,omet de préciser que, dans le même temps (1974), Hanoï reçoit pour 400 millions de dollars d'aide militaire de la part des
pays frères, montant le plus élevé qu'au cours de n'importe quelle année précédente (sans parler de l'aide économique). Le 8 janvier 1975, Le Duan, premier secrétaire du PCV, ordonne de liquider le régime de Thieu en deux ans (1975-1976). En face, le président sud-vietnamien use d'une stratégie à "deux têtes": il concentre ses troupes d'élites (Rangers et parachutistes) au nord (Quang-Tri et Da Nang) et autour de Saïgon. En février et mars, des attaques de diversion sont menées, puis l'offensive est lancée depuis les Hauts-Plateaux.
Les forces en présence opposent
1. Pour l'armée sud-vietnamienne: entre 150 et 550 000 soldats d'infanterie (les chiffres sont
difficilement vérifiable compte tenu des désertions et/ou du gonflement des effectifs pour
toucher d'avantage de subventions), 41 000 dans l'armée de l'air, 39 000 dans la marine, ainsi que 140 à 300 000 hommes incorporés dans les forces populaires. L'armement est quantitativement supérieur, mais pas forcement qualitativement (par exemple, les fusils
d'assaut kalachnikov (AK-47 et AK-74), de fabrication soviétique ou de copie chinoise, avaient meilleure réputation que les M-16 américains de la maison Colt). Seul point où le Sud-Vietnam a l'avantage absolu: l'aviation. Les officiers de l'armée nationaliste étaient issus de l'armée française, ou formés par les conseillers américains.
2. Pour l'Armée Populaire du Vietnam: les effectifs augmentent sans cesse depuis 1965, passant de 13 à 25 divisions d'infanterie, comptant 10 500 hommes chacune, soit 262 500 hommes pour l'armée de terre. La marine et l'aviation sont à l'état embryonnaire. L'APV peut compter sur les maquisards du FNL dont le nombre est impossible à connaître.
Plusieurs centaines de milliers de conseillers militaires chinois et plusieurs milliers de soviétiques servent aussi dans les rangs de l'armée régulière de la RDV.
Lors de leur offensive du printemps 1975, l'APV n'est arrêtée, ou du moins ralentie que trois fois
1. le 19-20 mars, au nord de Hué
2. fin mars à Hai Ban
3.du 9 au 21 avril, lors de la bataille de Xuân Lôc, considérée comme la dernière grande bataille de la guerre.
Le 28 avril 1975, J. Pouget livre son analyse dans un article du Figaro de trois colonnes illustré par
une carte représentant la région de Saïgon et où sont projetés les différents corps d'armé nord-vietnamiens qui encerclent la ville.
La carte est légendée: "Le dispositif communiste autour de Saigon". J. Pouget tient ses informations de deux sources principales:
1. les communications non-codées des nord-vietnamiens (surement pour impressionner leurs ennemis)
2. la réunion de 138 députés et sénateurs sud-vietnamiens organisée par le ministre de la défense de la République du Vietnam, et à laquelle assiste les chefs d'état-majors interarme et le commandement de la région de Saïgon. Cette réunion a lieu le 27 avril 1975
Selon le journaliste, l'attaque de la ville commence à partir du 26 avril 1975 au soir. Il s'agit d'une offensive de blindé venant de l'est. Cette offensive s'empare du chef de district de Long Thanh, après y avoir déversé 3 000 obus. J. Pouget fait également part de l'évacuation d'un autre chef-lieu de district: Baria, il tiendrait cette information de "source militaire non confirmée"
.
Pouget présente ensuite le tableau militaire des forces nord-vietnamiennes régulières qui comptent prendre part à l'assaut final. Il compte quatre corps d'armée (d'est en ouest):
1. Le corps d'armée "Est": ce corps d'armée intervient depuis le triangle Dalat-Phan Rang-Ham Tan, composé de quatre divisions d'infanterie dont deux de réserve (325 et 320), il menace la rivière de Saïgon, voie de ravitaillement de la ville.
2. le 301e corps d'armée, basé à Xuan Loc. C'est cette ville qui connait véritablement la dernière "grande" bataille de la guerre, elle est définitivement conquise par l'APV le 21 avril 1975. Selon J. Pouget, l'objectif de ce corps d'armée, composé de quatre divisions dont deux de réserve (341 et 304), est la prise de la base aérienne de Bien Hoa, située à 25 kilomètres de Saïgon.
3. Le 1er corps d'armée est basé vers Phuoc Binh, non loin de la piste Ho Chi Minh. D'après Pouget, ce corps d'armée aurait utilisé des moyens de transport aérien pour arriver dans la région.
L'objectif serait la prise de la ville de Tay Ninh, capitale de la secte des caodaïstes. C'est ce corps d'armée que J. Pouget baptise "division de fer". Il ne resterait au nord du 17ème parallèle qu'une seule division de réserve (308), preuve de la détermination d'Hanoï de terminer la guerre. Le ministre de la Défense sud-vietnamien précise la situation: face à quatre divisions nord-vietnamiennes (320, 316, 70, 968), soit 42 000 hommes, l'armée de Saïgon n'a que la 25eme division à opposer
.
4. Le corps d'armée "Ouest": composé également de quatre divisions, basé dans la plaine des Joncs. J. Pouget évoque la résistance de l'armée sudiste depuis le début de la campagne
.
Le journaliste du Quân doi nhan dan (organe de presse de l'APV), Nguyen Trong Thanh rajoute un cinquième e corps d'armée composé de l'unité 232 et de la division 8, et qui part du sud-ouest de Saïgon