Jerôme a écrit :
Et TOUT LE MONDE sauf nous avait abandonné la cuirasse. Qui pourrait me contredire ?
Vous, si vous aviez tout retenu de ces 2 discussions où vous avez participé :
La cavalerie en 1914CuirassiersVous auriez lu cela sur cette dernière :
vincenzo06 a écrit :
- la cuirasse n'est pas l'apanage de la France : l'Allemagne dispose aussi d'une troupe cuirassée. Effectivement, elle permet de préserver un certain "panache" hors charges mais l'encombrement de l'équipement sur un front qui ne lui sied plus l'a vite remisée. Certains ne garderont que la matelassure de la cuirasse, qui protège entre autres du froid.
L'explication de la persistance de la cuirasse étant donnée assez vite dans la discussion :
Albe a écrit :
Les charges de 1870 sont des charges de sacrifices destinés à gagner du temps pour sauver l'armée, donc auréolées de la gloire malheureuse du vaincu qui se fait tuer pour le salut de l'armée.
La tradition est trés importante dans la cavalerie et le prestige de l'arme reste fort, mais de 1871 à 1914 il y aura un débat constant entre les défenseurs de la cuirasse et ceux qui veulent sa disparition.
L'opinion des anti-cuirassage (généraux Gallifet et Lewal) l'emportera pendant un certain temps entre juillet 1880 et avril 1883 en se basant sur le fait que cela privait la cavalerie de 8000 carabines (rapport de comité de cavalerie).
Hélas l'introduction de la carabine modèle 1890 qui pouvait être ajustée sur la cuirasse entrainera le re-cuirassage des unités; ceci étant fortement appuyé par les généraux L'Hotte, Billot et Thoumas.
La cuirasse ne sera finalement pas abandonnée du fait de ses partisans qui restaient aveugles aux effets du feu, lesquels se référaient au "témoignage" du Colonel Bonie qui affirmait qu'à Reichshoffen en 1870 "semblable à un bruit de la gréle sur les vitres, on entendait le son des balles sur les armures mais que aucune ne fut traversée"! (la cavalerie française de 1870 -colonel Bonie); on se demande de quoi sont morts les cavaliers des 8 régiments engagés de jour là!
Et :
Aigle a écrit :
Je voudrais aussi signaler le livre du colonel Goya "la chair et le sang" (histoire des doctrines et structures militaires françaises de 1871 à 1919). Il souligne notamment que de 1871 à 1885 la cavalerie a vécu une totale remise en cause suite aux expériences de 1870 qui avaient montré la vulnérabilité des cavaliers aux armes à feu.
Cette remise en en cause a débouché sur un statu quo : les survivants raisonnables de 1870 (marqués par l'image humiliante des vaincus) ont été battus par les traditionalistes qui ont imaginé une nouvelle théorie selon laquelle toute armée a besoin d'une avant-garde de cavalerie légère pour éclairer le gros des forces - et d'une avant-garde de cavalerie lourde pour détruire les avant-gardes de cavalerie légère adverses et se défendre contre les avant-gardes de cavalerie lourdes ennemies.
Bref on imaginait que les Allemands conserveraient une grande confiance dans leurs cavaliers - ce qui semblait vérifié par les effectifs colossaux de la cavalerie allemande (110 régiments) et le prestige de cette arme (dans la noblesse en particulier).
Pour Goya, une dimension socio-psychologique est aussi probable : les officiers de cavalerie (souvent nobles et très méprisants à l'égard de l'infanterie) auraient cherché à conserver par tous les moyens la belle tradition des charges, des sabres et des cuirasses - et étaient prêts à tout pour éviter de descendre de cheval et de s'allonger pour tirer à la carabine (ce qui était la tactique des cavaliers américains depuis 1861 et anglais depuis la guerre des Boers)! il ne faut pas oublier qu'entre 1871 et 1914 environ deux générations d'officiers métropolitains n'ont jamais fait ni même vu la guerre (sauf sur les toiles de Detaille).