Il y a dans Ceux de 14, de Genevoix, cette belle figure de Le Mesge, de son vrai nom Georges Le Mesnager, dont l'histoire m'avait beaucoup impressionné:
Citer : "Assis sur une botte de paille, tendant ses mains ridées à la flamme, un vieux soldat à barbe blanche rêvait. J'allai à lui, je lui parlai:
_ Eh bien, Le Mesge? On se sent revivre?
_ Oh! oui, mon lieutenant. Mais ça a été dur, très dur...
Pauvre vieux! Il avait fait déjà la campagne de 70, comme engagé volontaire. Il s'était expatrié depuis. Il y avait trente ans qu'il était notaire en Californie, lorsque cette guerre a éclaté. Quand il a su la France attaquée encore, il a tout quitté; il s'est engagé de nouveau, dans un régiment de combat, et il nous a rejoints dans les bois, à l'heure même où nous allions partir pour ces avants-postes de cauchemar: ce furent ses deux premières journées de front. Pauvre vieux! Il a soixante-quatre ans."
Le Mesnager est né à Mayenne, en 1850. L'édition annotée de chez Garnier-Flammarion (p.915) en donne la notice biographique suivante:
Citer : Notaire à Los Angeles, Californie. Vétéran de la guerre de 1870, Le Mesnager avait émigré aux États-Unis et y exerça divers métiers comme éleveur de moutons, notaire, vigneron ou propriétaire de saloon. Il traverse à nouveau l'Atlantique pour s'engager en 1914, et rejoint le 106e [R.I.] durant le mois de septembre; il est affecté à la section Porchon de la 7e compagnie. Celui-ci écrit qu'il le transfère ensuite à un poste moins exposé. On le retrouve ainsi dans la garde du drapeau régimentaire. Le Mesnager est cependant blessé à Calonne en juin 1915. Nommé caporal, puis sergent, il est promu sous-lieutenant en 1917, détaché à un état-major comme interprète. Il rentre aux États-Unis en 1919, mais il finit ses jours en France en 1921 [1923, semble-t-il]. Une rue porte encore son nom à Los Angeles et son vignoble existe toujours.
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