Alfred Teckel a écrit :
Prouvez-le! Je vous trouve bien péremptoire d'affirmer ainsi que nos ancêtres de 3 millions d'années n'avaient aucune croyance ou idée religieuse.
Mmh, je n'en ai évidemment pas la preuve, mais cela me semblait aller de soi. Il faut quand même un certain niveau intellectuel pour concevoir le religieux.
Après, cela dépend évidemment de la définition du religieux que nous adoptons, mais je pense que pour faire sortir australopithecus de son athéisme, il nous faudra une définition très large...
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Plus récemment, j'avais lu un document anonyme datant du XI ou XIIeme siècle où les auteurs affirmaient clairement leur athéisme et leur anticléricalisme. Ce texte est assez connu mais j'en ai oublié le titre...
Un document de quelle origine? Juste un profession de non-foi?
Oui, juste une profession de non-foi.
Le document est bien celui cité par Jézabel, donc en fait bien plus tardif que ce que je croyais. Enfin, la date de sa rédaction semble peu claire mais il n'y a pas vraiment de preuve d'une antériorité au XVIeme siècle, donc disons que je n'ai rien dit.
Citer :
puis il est finalement devenu banal dans certains milieux avec le déclin du sentiment religieux aux XVIIIeme et XIXeme siècle.
Attention, le sentiment religieux fait un grand retour en force au cours du premier XIXe s., avant de ne décliner réellement qu'à la fin du siècle.[/quote]
Oui, vous avez raison, il ne s'agit bien sûr pas d'une constante décroissance.
Shinji:
J'avais mal lu le premier post, il s'agit d'"athéisme chrétien", donc rien à voir avec l'"athéisme païen" dont je parlais.
Néanmoins, j'ai l'impression que l'analyse de Paul Veyne est surtout vraie en ce qui concerne la masse, mais il y a toujours eu des gens pour aller au fond des choses, pour se poser plus de questions.
J'ai trouvé quelques éléments intéressants (pas sur le christianisme néanmoins).
Une citation de Polybe:
Citer :
« Il me semble que... la crainte superstitieuse sauvegarde les intérêts de Rome... En développant ce sentiment, on songeait surtout au peuple. Dans un Etat qui ne serait composé que de sages, cette précaution ne serait peut-être pas nécessaire; mais comme toute foule est pleine d'inconstance, de passions déréglées, de colères violentes et irréfléchies, on ne peut la tenir que par la crainte d'êtres invisibles et par toute espèce de fictions. »]
Polybe parle clairement de "fictions" (mais quel est le mot grec ?).
Selon A.Aymard et J.Auboyer, dans un ouvrage pas très récent (Rome et son Empire):
Citer :
Au IIIeme siècle [av. JC] il s'était trouvé des dirigeants pour afficher leur incroyance dans l'exercice même de leurs fonctions et pour passer outre aux avis des augures (...) Pourtant, on chercherait en vain une piété réelle derrière cette impressionnante façade. Dans l'aristocratie dirigeante, il n'existait, au moins à notre connaissance, aucun adepte des cultes proprement orientaux: on les abandonnait au peuple. Il existait au contraire des athées. Il existait surtout des disciples de doctrines philosophiques interprêtant les dieux traditionnels comme des symboles ou des attributs (...) Sagesse politique, d'une part, et interprétation philosophique, de l'autre: la foi avait disparu de la religion officielle.
Finalement, je pense que la question de l'athéisme en général est plus intéressante que la question initiale "quand sont apparus les premiers non-croyants en Dieu de la Chrétienté". Il me semble en effet que les premiers non croyants au christianisme sont apparus en même temps que le christianisme, à cause de cette caractéristique du christianisme qu'a montré Shinji à l'aide de Paul Veyne: soit l'on est chrétien et l'on croit soit on ne l'est pas et l'on ne croit pas, il y a nécessité de faire un choix entre paganisme et christianisme.
A la limite, l'autre sujet intéressant serait "l'histoire de l'athéisme au sein de la culture chrétienne".