Alain.g a écrit :
JPCC, vous revoilà, en gros sabots,
A propos de sabots, au risque de subir les remontrances d'Isidore, voici ceux d'un philosophe (un philosophe parmi d'autres, et qui aurait la sagesse de ne jamais prétendre au statut, ô combien plus noble, d'historien) :
"Le dieu jaloux à l'origine de la violence monothéiste
Avec l'invention du monothéisme apparaissent deux innovations radicales : d'une part la transcendance d'un Dieu créateur projeté hors du cosmos, de l'autre, entre ce Dieu et l'homme, une relation personnelle illustrée par la Parole. De ces deux innovations a émergé un nouveau régime de vérité : la vérité révélée. L'origine réputée divine des textes sacrés constitue la source de la violence monothéiste (violence inclusive et défensive dans le judaïsme, violence exclusive et offensive dans le christianisme et l'islam) qui, au fil des siècles, n'a cessé de s'exercer contre les « idolâtres » et les « hérétiques ».
De nombreux travaux, tels ceux de Jean Soler, ont été consacrés au lien entre monothéisme et violence. Celui-ci fait pourtant fréquemment l'objet d'un déni. Un déni est un mécanisme de défense qui consister à nier une réalité jugée déplaisante ou traumatisante. C'est à ce déni que JPCC consacre une enquête minutieuse, mais aussi prudente (l'auteur a beaucoup lu, mais n'est pas un spécialiste), et d'une façon générale très bien informée. Les différentes formes du déni (la violence est la chose du monde la mieux partagée, toutes les religions sont également violentes, les récits de massacres ne sont pas à prendre au pied de la lettre, la critique du monothéisme relève de l'autodénigrement occidental, etc.) sont examinées dans le détail.
L'auteur explore ensuite les contrastes entre vérité révélée et vérité d'expérience, dieux personnels et dieux impersonnels, drame et tragédie, dualisme et non-dualisme, Athènes et Jérusalem, mythos et logos, identité et empathie, etc. Notant que, « chez les peuples polythéistes, l'interdiction d'honorer d'autres dieux serait apparue comme dépourvue de sens », il conclut que « la racine de la violence monothéiste gît dans le concept de dieu jaloux, concept qui est commun aux trois religions du Livre ».
La thèse de René Girard selon laquelle le christianisme est une religion de « sortie du sacrifice » est au passage contestée.
Un bon travail de référence.
Alain de Benoist.
Eléments n°139; Avril-Juin 2011.
Recension de Le déni de la violence monothéiste, L'Harmattan"