Elgor a écrit :
L'anarchisme n'est ni de droite ni de gauche, il est autre.
Je ne peux qu'approuver si on parle de l'anarchisme aujourd'hui. L'anarchisme prône la capacité des gens à se gouverner eux-mêmes en respectant l'intégrité de chacun. Autant dire que c'est un idéal de société très en avance sur son temps.
Pour avoir un aperçu d'une telle société, il faut aller le chercher dans la science-fiction : il y a par exemple une magnifique description d'une société anarchiste dans "Le monde des non-A" de Van Voght.
Par contre, historiquement, l'anarchisme de gauche s'est surtout concentré sur la sphère de la production, prônant les coopératives ouvrières et l'autogestion. (Je ne sais pas si le mot existait au 19ème siècle, mais il s'agit bien de cela.)
Cela le différencie de l'anarchisme de droite, celui que défendent les libertariens, qui conserve la propriété privée des moyens de production, ce qui équivaut au libre développement du capitalisme sans régulation de l'état. Ce courant a toujours fortement existé dans la culture américaine, au nom de la liberté pour chacun de construire et se développer à sa guise dans un continent nouveau, offrant des possibilités pour tous. Je le classe à droite parce qu'on voit bien le risque associé : celui de la domination des trusts, sans protection offerte par la loi. (Culturellement, la société américaine repose sur la notion du contrat librement négocié entre individus.) Au 19ème siècle, constatant que le rapport de force jouait spontanément en faveur du patronat, Lacordaire - un jésuite aux idées avancées - pointait ce risque avec la formule : "C'est la liberté qui opprime et la loi qui protège."