Narduccio a écrit :
comment le système éducatif a évolué au fil des siècles pour devenir ce qu'il est aujourd'hui ?
Quels sont les personnes ou les institutions qui ont influé sur son évolution ?
Pour l'Europe, une œuvre marquante est celle de Locke (Rousseau, par exemple, reconnaîtra l'apport de Locke dans sa propre vision de l'éducation). Reprenant des idées qui traînent dans l'air du temps depuis quelques années, Locke va défendre - et populariser - l'idée d'une éducation différente de celle de son époque, qui est encore dans la lignée du Moyen Age et de la Renaissance ; c'est-à-dire une éducation extrêmement axée sur la philosophie, la théologie et, également, le droit mais qui ignore quasiment les sciences. Comme empiriste, il prône l'introduction des sciences, des techniques, en partant du principe que c'est l'éducation donnée aux enfants qui va créer l'homme qu'il sera ; cela peut sembler évident pour nous mais ce n'est clairement pas le cas de l'époque où les théories en vogue, jusque là, sont, d'une part, le péché originel de l'homme (ce qui explique et justifie le rôle du clergé dans l'éducation, afin de laver l'homme de ce péché) et l'idée que l'homme a, en lui, de manière innée, tout ce qu'il lui faut à travers la simple logique et sa capacité de raisonnement (c'est la vision qu'a Descartes). Au contraire, Locke défend l'idée qu'en fait, par l'éducation, on peut faire ce qu'on veut de l'enfant et qu'il n'y a rien d'innée chez lui. D'où l'importance de mettre en place un système éducatif puisque c'est lui qui va orienter l'enfant vers l'adulte que l'on veut.
En France, quelques décennies plus tard, cette conception est reprise par Rousseau avec son programme d'éducation de l'Emile (au passage, on notera que Rousseau ne prône l'éducation que pour les garçons) qui a comme finalité d'en faire un citoyen et de lui éviter la corruption de la société. C'est cette vision que la Révolution française va reprendre pour former des citoyens, condition sine qua non de la réalisation des idéaux révolutionnaires : pour instaurer une démocratie, encore faut-il que le peuple soit formé de citoyen. On va alors avoir plusieurs projets (Mirabeau, Lepeletier, Lakanal, Talleyrand, Lantonas pour les principaux), avant que soit retenu, comme il est connu, celui de Condorcet.
Ces deux évocations font ressortir un fait, évident quand on y réfléchit : ce qui va conditionner le système d'éducation, c'est la finalité que l'on attribue à cette éducation. La mise en place d'une instruction puis éducation publique en France correspond à la volonté de créer des citoyens ; en Grande-Bretagne, après Locke, c'est le développement technique et scientifique de la Révolution industrielle qui va pousser au développement d'un système éducatif généralisé parce qu'on a besoin désormais d'ouvriers en lieu et place de paysans. Pour la Chine, qui a été évoquée, le but de l'éducation, c'est l'administration et les cours et concours sont donc orientés en ce sens. Quand la société est imprégnée de religion, que la qualité d'individu correspond à sa faculté à respecter les préceptes religieux, l'éducation est confiée au clergé ou ce qui en tient lieu.