Bonjour,
oui il y a bien un rapport entre le baroque et le duel qui renaît de ses cendres au 16e s, ses origines sont médiévales (l'ordalie et le tournois) mais sa pratique tend à s'effacer à la fin du 15e s.
Au 16e, une culture du duel s'affirme, elle cadre bien avec le contexte politique de l'époque, les cas se multiplient, des traités apparaissent, les français se mettent à l'école italienne et nobles comme bourgeois s'y font tuer.
c'est à la fin du 16e s que le duel est le plus meurtrier, les procédure se simplifient, l'épée s'allège mais plus affilée ses blessures sont mortelles, le pistolet reste une arme marginale.
Billacois (1986) a donné une lecture baroque du duel :
"l'escrime italienne joue sur la rapidité, la surprise, la souplesse des corps tendus impondérables qui se dérobent aussitôt qu'ils 'exposent." Le duel dessinerait "la mort en mouvement ". Il voit dans la fente une figure baroque "où le corps du duelliste en équilibre instable dessine une diagonale du talon de son pied gauche à la pointe de son épée (...) symétrie fragile et éphémère aussi dans le nombre des combattants que la mort rend vite impair ..."
La pratique reflue à l'age classique, il faut compter avec la double opposition de l'Eglise et des souverains, à chacun ses raisons.
L'affaire de Bouteville entérine cet état de fait puisqu'elle apparaît comme un double défi, au monarque d'abord (le duel a lieu Place Royale) à l'Eglise ensuite (il se déroule un dimanche). Son retentissement est considérable et oblige les intéressés à se prononcer pour ou contre la monarchie.
Sous Louis XIV le duel a perdu de son enjeu, il se maintient mais on en parle moins, l'Etat reste indulgent et la morale de l'honnête homme en détourne les esprits. Au 19e il se confine aux sphères parlementaires et miliaires où il révèle un vieil attachement au code de l'honneur nobiliaire.