Inscription : 26 Juin 2008 9:11 Message(s) : 2722 Localisation : 中国
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Strass et paillettes... Depuis l’Antiquité, le verre est utilisé en joaillerie, soit en tant que tel, soit en imitation de pierres précieuses. Les alchimistes, qui maîtrisent alors la fabrication du verre, ont cherché avec succès à perfectionner les imitations. Il est fréquent de trouver des reliquaires des XIIe ou XIIIe siècle ornés de faux cabochons de verre coloré. Dans « De la propriété des choses » (1240), Barthélémy l’Anglais note déjà : « Aulcunes foys, les faulses pierres sont si semblables aux vraies que ceulx qui myeulx si cognoissent y sont bien souvent deceulz. », ce qui amène à cette époque le Roi de France à faire défense de fabriquer et de travailler les « pierres de vouarre, vouarre vers, esmeraudes de vouarre, rubis de vouarre, etc. » Ce qui n’empêche pas bien entendu le commerce de l’imitation de prospérer, qu’il soit honnête (vente explicite de pierres de verre), ou malhonnête. Parmi les principaux fabriquants de faux bijoux, un joaillier alsacien acquiert, au XVIIIe siècle, une immense renommée. Né en 1701 à Wolfisheim, Georges Frédéric Strass est un strasbourgeois qui travaille très tôt à la création de pierres d’imitation. Il obtient d’excellents résultats en perfectionnant le « cristal », ce verre au plomb conçu au XVIIe siècle en Angleterre. Il en augmente fortement la teneur en plomb, ajoutant également du bismuth et probablement du thallium (à l’époque considéré comme un déchet du plomb), augmentant à plus de 50% la proportion de métal. Le cristal résultant de ces opérations est plus dur que le verre, se taille précisément et possède d’excellentes qualités de réfraction de la lumière. Strass en travaille la couleur par adjonction de sels métalliques ; l’éclat en insérant dans la culasse une feuille de métal, d’argent ou de couleur. Ce procédé se faisait couramment d’ailleurs pour les pierres précieuses de faible éclat. Les pierres de Strass sont alors, pour ses contemporains, si semblables, d’apparence, aux pierres précieuses, qu’elles reçoivent l’appellation « simili », ou plus couramment « pierres du Rhin », en raison de leur provenance alsacienne. Ce n’est qu’en 1746 que l’on commence à désigner ces fausses pierres du nom de leur inventeur, le strass. Dès 1730, Georges Strass crée son propre atelier. Sa renommée est telle qu’il est fait Joaillier du Roi en 1734, et ses créations sont portées à la Cour. Les joailliers parisiens mêlent alors habilement, et sans état d’âme, dans des compositions baroques de vraies pierres précieuses et des pierres de Strass. Madame de Genlis note avec nostalgie : « Le luxe (…) prit un caractère imposteur et extravagant qui parut être à la portée de tout le monde, qui confondit tous les états, qui ne laissa rien de durable et qui, par le caprice de son inconstance, ruina toutes les familles. »
Georges Frédéric Strass, génial inventeur et brillant joaillier, meurt le 22 décembre 1773, à la tête d’une fortune considérable. Sa postérité est plus glorieuse encore sans doute, car les cristaux imitant les pierres précieuses sont toujours appelés « strass » en français, et « rhinestone » (pierre du Rhin) en anglais.http://www.lamanchette.com
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