Le péché selon le judaïsme:
Acte qui a pour effet la transgression d'un commandement négatif ou la non-observance d'un commandement positif. Le judaïsme préfère au concept théologique de la faute celui d'action (ou d'abstention) en infraction à la Loi divine. Dans tous les cas, la responsabilité du pécheur est engagée devant Dieu, que ce soit pour des fautes commises envers son prochain, ou pour des manquements aux devoirs envers le Créateur.
La Bible compte une trentaine de termes pour désigner les différents types de péchés, mais ils peuvent être classés dans trois grandes catégories.
1) Le terme le plus important est het qui apparaît plus 600 fois dans la Bible hébraïque ; la racine sur laquelle il est formé signifie "manquer le (passer à côté du) bien" [comme une flèche rate la cible]. Ce terme lui-même ainsi que tous ceux qui en dérivent, sont appliqués à tous les types de péchés (social ou rituel, volontaire ou involontaire). C'est toutefois le seul qui désigne la catégorie la moins grave de péché : la transgression involontaire d'une loi rituelle.
2) Le second terme, par ordre ascendant de gravité, est avon. Traduit généralement par "iniquité", il fait intervenir l'idée d'acte délibéré, et est donc beaucoup plus grave que le het. Bien qu'il puisse correspondre parfois à la transgression d'une loi rituelle, il désigne généralement la faute commise envers son prochain, en infraction aux lois éthico-sociales, par exemple : les actes impliquant l'injustice, le dérèglement ou la perversion.
3) Le troisième terme qui désigne le péché est pècha. Traduit généralement par "transgression", il renvoie, plus exactement, à l'idée de "rébellion". C'est le type de péché affecté du plus fort coefficient de gravité : "Car à son péché [het], il ajoute une faute [pècha] plus grave", dit le texte biblique (Job 34n 37). Le pècha ne fait jamais explicitement référence à la transgression de la loi rituelle. Rabbi David Qimhi (Radaq) note que le concept de pècha implique "un refus conscient et délibéré de reconnaître l'autorité du maître, ou d'obéir à celui de qui émane un commandement". En termes religieux, le pècha est un acte délibéré de rébellion contre Dieu par la transgression de Sa loi.
Dans la littérature rabbinique, les trois concepts ainsi distingués interviennent dans la définition unique du péché (Yoma 36b), dont ils sont, en quelque sorte, la triple dimension. C'est ainsi que dans l'acte répréhensible apparaît :
- la dimension du het, par lequel "l'on manque le but", échec par rapport à l'idéal le plus haut ;
- la dimension du avon, par lequel on quitte le "sentier de rectitude", de la justice et du droit ;
- la dimension du pècha, par lequel on se rebelle, en pleine connaissance de cause, contre la Loi et le divin Législateur.
Dans la théologie rabbinique, certains péchés sont toutefois plus réprouvés que d'autres. Par exemple, un acte positif de transgression est plus répréhensible que l'acte négatif d'abstention d'une action prescrite. De même, un péché commis en infraction d'une loi de la Torah est plus grave qu'un péché commis en infraction à une règle d'origine rabbinique. Les trois péchés les plus graves sont l'idolâtrie, le meurtre, l'inceste ; la mort doit être préférée, et acceptée, plutôt que de commettre l'un de ces trois péchés (nonobstant, par conséquent, le principe de piqqouah nèfech selon lequel toute obligation religieuse s'annule devant un danger même indirect d'atteinte à l'intégrité de la personne).
La littérature rabbinique connaît également le terme avérah pour désigner le péché. Au sens étymologique, il signifie "transgression", et correspond à tout acte positif de transgression d'une loi rituelle éthico-sociale.
Article "péché" dans le Dictionnaire encyclopédique du JUDAÏSME publié sous la direction de Geoffrey Wigoder... adapté en français sous la direction de Sylvie Anne Goldberg... : Cerf/Robert Laffont, collection "Bouquins".
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