En Turquie, et dans une grande partie du monde musulman, il y a des milliers d'histoire de Nasr Eddin Hodja, incarnation de l'irrévérence depuis le XIIIe siècle.
En Tunisie, il est aussi connu sous le nom de Jouha.
Ca donne une idée du niveau de culture de ceux qui prétendent qu'on ne peut pas rire de la religion.
Je vous en donne quelques unes, tirées de
Sublimes paroles et idioties de Nasr Eddin Hodja, ed. Phébus, Libretto.
Citer :
Un jour que Nasr Eddin passe au pied d'un minaret du haut duquel le muezzin lance son appel à la prière, il lui crie :
- Cesse de te lamenter ! Tu as pu grimper tout seul à cet arbre sans branche ? Et bien, débrouille-toi sans moi si tu veux redescendre !
Citer :
A la mosquée, ce vendredi, la péroraison de l'imam a fait beaucoup d'effet sur les fidèles :
- Ecoutez bien, croyants : celui qui se tient toute la nuit en prière, Allah lui envoie à l'aube une belle houri du paradis dont la tête est au levant et les pieds au couchant ! Allah akbar !
Tandis que l'orateur descend du minbar, le voisin de Nasr Eddin lui chuchote à l'oreille :
- Je me sens tout embrasé d'amour divin. Je rentre vite chez moi pour prier jusqu'à l'aube.
- Eh bien moi, répond le Hodja, je m'en vais de ce pas me coucher.
- Comment ? Tu n'as pas entendu notre imam ? Une houri ! La tête au levant, les pieds au couchant !
- Eh oui, justement ! Moi, je ne tiens pas à errer toute ma vie entre les deux à la recherche du seul endroit qui soit vraiment céleste !
Citer :
Nasr Eddin se plaint continuellement auprès de Timour Leng de sa grande pauvreté, mais le souverain est loin d'être généreux. Aussi est-il surpris d'apprendre que tous les soirs son bouffon organise de grands festins dans sa modeste demeure. Timour le fait appeler et lui demande comment il s'y prend pour dépenser autant d'argent avec des gages si modestes. Le Hodja répond qu'il engage tout simplement des paris avec toutes sortes de gens et qu'il les gagne à chaque fois. Ainsi, il peut donner des fêtes.
Le Tartare, à ses mots, est pris du désir de le défier.
- Je parie dix pièces d'or que demain matin, en te réveillant, tu auras un furoncle sur la fesse droite, lui propose le Hodja.
- Pari tenu ! accepte Timour en riant, sûr de gagner.
Le lendemain matin, Timour se précipite chez Nasr Eddin :
- Hodja, tu as perdu !
- Permets-moi, seigneur, de vérifier.
Timour relève son manteau, baisse son pantalon, et tend son postérieurà Nasr Eddin qui est obligé d'admettre qu'il a perdu et de lui donner les dix pièces d'or promises. C'est la première fois que le Tartare a le dernier mot avec son bouffon et il rentre au palais tout fier de son coup.
Pourtant, le lendemain, il apprend que, le soir même du pari, Nasr Eddin a organisé une fête à tout casser, pour laquelle il a même loué les services de musiciens de la cour. Furieux, il le convoque pour lui demander des explications.
- C'est très simple, répond le Hodja : j'avais parié cinquante pièces d'or avec tes courtisans que s'ils venaient chez moi assez tôt, ils auraient, en se cachant bien, ce spectacle rare du maître du monde montrant son cul à son bouffon.