Le monde sédentaire est celui de la permanence, alors que celui du nomadisme est celui des établissements temporaires, il est très précaire. Cela se voit dans l'archéologie : on a encore les traces des anciennes villes, mais quasiment rien sur les nomades.
Clio a écrit :
En résumé, la sédentarisation conduit à la construction de civilisations plus élaborées et plus complexes que le nomadisme.
A mon avis, le problème ne se pose pas en terme de civilisation : nomades et sédentaires, c'est une symbiose, ils forment une même civilisation. Un spécialiste de ce sujet à élaboré à ce propos le concept de "dimorphisme". Si on parle de l'opposition entre société pré- et post- néolithiques, cette terminologie peut en revanche tenir.
De toute manière, le mot civilisation parle de lui-même : c'est ce qui est relatif à la cité, donc le monde urbain. Les urbain tenaient en plus haute estime leur condition de vie que celle des nomades, et ce sont eux qui ont élaboré le principe de civilisation. Donc, selon les vues traditionnelles, la ville, c'est la civilisation, ce qui s'en écarte, c'est le monde sauvage. Cette vision est apparue dès l'apparition de la cité, puisqu'on la retrouve dès les premiers textes sumériens.
Mais, à l'opposé, les nomades n'étaient pas forcément mécontents de leurs conditions de vie, et deux exemples me viennent en tête : un souverain nomade de l'époque amorrite a décrit à un sédentaire son besoin de liberté, de vie au grand air, et son incompréhension de la vie sédentaire, disant qu'une journée passée dans une maison le rendait fou ; et ensuite une citation de Gengis Khan, qui avait bien saisi l'opposition entre les deux "mondes", et prédisant que ses successeurs oublieraient son mode de vie, le rejetteraient, et s'amollieraient dans les délices de la vie oisive et débauchée de souverain sédentaire. Ce qu'ils firent effectivement ... Parce que malgré ces propos, les nomades restaient attirés par les lumières de la ville.
L'insertion des nomades dans le monde sédentaire est une autre question. Globalement, s'ils adoptent le mode de vie sédentaire, les nomades gardent quand même un certain nombre de conceptions dues à leur ancienne condition, du moins dans les premiers temps. Les liens tribaux restent ainsi très forts après la sédentarisation, ainsi que d'autres pratiques sociales spécifiques (encore autour de la famille, des relations), ou des pratiques religieuses. C'est notamment le cas des Amorrites, dont l'exercice de la royauté se fait à mi-chemin entre les conceptions mésopotamiennes anciennes, et leurs propres conception de l'exercice du pouvoir. Il en va de même pour les Araméens, dont les royaumes portent le titre de "maison" (
bît) du fondateur de la dynastie, survivance du cadre tribal. Et cela se retrouve aussi ailleurs, comme chez les dynasties chinoises d'origine nomade (les Jin, ou les Qing par exemple). Le trait commun entre ces exemple est le fait que progressivement, les aspects du monde nomade se fondent dans ceux du monde sédentaire (toujours selon la citation de Gengis Khan).
Bon, après avoir débordé du sujet, je réponds à la question d'Antinéa : selon moi, le développement de l'urbanisation est une phase majeure de l'évolution de l'Humanité (en tant qu'aboutissement de la "Révolution néolithique"), et elle compte sûrement plus que l'écriture.