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Atlante a écrit :
Je pense que vous mettez le doigt sur un détail fondamental. C'est notre époque qui se penche sur la psychologie des individus, et en particulier sur ceux qui ont subi des traumatismes psychologiques.
Je ne pense pas. Ceci était vu comme un joyeux délire commencé dans le XIXe. D'autres pays avaient déjà conscience de ces problèmes et déjà cloisonnaient les patients.
En France -en milieu urbain- il fallait que ceci deviennent invalidant -non pour la famille- mais pour le voisinage et là, enfin, poussés, on consultait. Cependant on consultait le psychiatre. Et le psychiatre est compétent pour la psychiatrie et non pour des "problèmes" qui tiennent de traumas.
Encore fallait-il définir le trauma. C'est comme la douleur : très subjective d'une personne à l'autre.
Idem pour le trauma : personne n'est impacté par une scène de la même manière.
Là, les psychiatres sont incompétents, à l'exception de proscrire un traitement ou de signer la feuille d'internement.
Mais qui à l'époque aurait pris un traitement chronique donné par un psychiatre ? A l'exception d'un "fou", avec l'image que ceci véhiculait...
Personne ne souhaite avoir un aliéné dans sa famille. C'est déjà un barrage pour les unions futures etc.
Je ne pense pas que dans les temps antiques la vision soit la même, parce-que la vision essentielle est celle de la mort : non de la mort de l'autre (ceci est arrivé avec la société empathique) mais sa propre mort. Pour les blessés, ceci était bien sûr autre chose mais à l'époque, la chirurgie étant ce qu'elle était, le problème était très peu répandu.
Ce n'est pas la résilience qui fait surmonter les moments terribles. Il y a le moment terrible initiant le trauma qui -selon la personne- peut se "résilier" ou non. Tout le monde n'a pas une capacité de résilience et ceux qui possèdent cette capacité sont inégaux s'il fallait quantifier la résilience.
Narduccio a écrit :
D'après de nombreux psychologues, on subit plus de dommages psychologiques si on n'est pas "acteur" lors des épisodes violents.
Ce n'est pas tout à fait ceci sinon on pourrait arguer le fait que les déportés -étant passifs- n'étaient aucunement traumatisés.
Concernant la bataille, ce qui vous avancez est de l'ordre de l'angoisse qui peut être paroxystique et donner lieu à des débandades que l'on estime comme "lâcheté".
Ceux qui attendent sont à mettre -pour vous donner une image- dans le même sac que celui qui joue à la roulette russe ou encore celui dont on bande les yeux et auquel on pose un revolver sur la tempe. Il a le temps d'embrasser ce qui se passe et ce qui "l'attend".
Je ne suis pas certaine mais le fait de "massacrer" doit contenir en lui-même des facteurs aidant à exorciser les craintes les plus avant dans ce que notre cerveau "classe". C'est le défoulement.
Ensuite, il faut gérer ce passage à l'acte mais dans une société où le soldat passait d'un conflit à l'autre, ceci ne posait pas un problème difficile.
Ce qui était difficile était le fait que ces hommes ne pouvaient plus s'habituer à une vie normale d'où la présence de "compagnies", d'écorcheurs etc. Autant de personnes ayant basculé dans ce que nous nommerions aujourd'hui la grande délinquance.
Pedro a écrit :
Or justement la guerre ne correspond qu'à une période relativement courte de la vie (sauf certaines exceptions) ce qui fait que l'on combat dans un âge où l'on est moins conscient de la mort.
Tout à fait. On peut d'ailleurs le noter de nos jours. Une tranche d'âge se croit "invulnérable" et plus nous avançons dans une société aseptisée, plus cette tranche s'élargit.
Nous nous trouvons parfois face à des seniors totalement négligents de leur santé notamment la tranche née avant le second conflit et nous sautons aux adultes qui ont été dans la tranche "enfants rois".
Au milieu un creux.
Maintenant pour bien oeuvrer dans ce domaine, il faut du cas par cas. C'est d'autant plus ennuyeux que les psychologue ne prescrivent pas -à moins d'avoir en poche un doctorat de médecine générale-. Les thérapies sont souvent de groupe, par hypnose, l'apprentissage de l'auto-hypnose etc.
En face, vous avez le psychiatre qui, lui, prescrit mais ne "soigne" pas. L'exemple le plus étendu est la dépression. Le psychiatre prescrit un antidépresseur (idem pour le burn out) afin de ne pas dévisser plus. Il n'est pas de sa capacité à faire remonter, à moins là encore de prescrire. Au lieu de se résorber, la maladie devient "chronique". D'où les alternatives de plus en plus proposées.
Pour revenir aux soldats, il fallait un savant mélange/dosage de nouveaux et de vétérans. Les uns freinant le côté suicidaire des autres et les autres boostant les plus anciens ("Nous entrerons dans la carrière quand nos aînés etc."). Il y a un besoin d'encadrement mature. Le soldat a ses "frères" d'armes et il a besoin d'une figure qui peut le montrer que le combat n'est pas "fatal". Les plus anciens étant souvent les plus gradés, inconsciemment ceci renvoie l'image que "la tête suit". On peut s'être battu, avoir été blessé (c'est de la mécanique) mais la tête suit.
Là où ceci est difficile est quand le circuit intermédiaire se rend compte que "là-haut, ceci ne suit plus" : on le verra avec Bazaine (prostration, absence), avec les Napoléon (moments de confusion, enfin ressentis suffisamment comme tels pour que les plus proches songent à la retraite, à se chercher/trouver une autre figure) etc.
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