Drouet Cyril a écrit :
Le Matin, 6 juin 1944 (avant toute annonce de débarquement) :
"Le haut commandement allemand, pour parer à toute invasion ennemie par parachutistes, a recouvert de millions de pieux, reliés par des fils de fer, des zones entières qui pourraient être à l'Ouest menacées de débarquements aériens.
[...]
[Rommel] a déclaré lui-même que, dans ce terrain, un débarquement aérien est impossible"
J'ai été un peu abrupt, j'avais pas le temps de développer. En fait, Rommel parle, à ce moment-là, avec l'expérience qu'ont les allemands des opérations aéroportées. Ils ont été les pionniers dans leur utilisation. Ils ont constaté, lors de l'invasion de la Belgique que des opérations d'ampleur limités étaient très efficace. Lors de l'invasion de la Crète, ils ont constaté qu'ils ont sacrifié beaucoup d'hommes pour un résultat limité.
20 mai 1941 – Opération Merkur : Les paras allemands sautent sur la Crète…et rien ne se passe comme prévu.Donc, à partir de cette date, les allemands utilisent les paras comme une super-infanterie et pas pour leur spécificité de parachutistes. Sauf pour quelques opérations spéciales. Donc, pour eux : un débarquement aérien massif se solderait par un échec, mais ils ont quand même pris des mesures pour s'en prémunir.
Ce qui va se passer la nuit du 05 au 06 juin doit être remis dans son contexte. C'est somme toute une opération limitée (même si elle est d'une ampleur inédite) dont le but est d'apporter un support pour favoriser la réussite de l'opération principale. Et de l'avis de nombreux spécialistes, on peut considérer que tous les objectifs de l'opération n'ont pas été atteints. Les pertes ont été supérieures à ce qu'on attendait. Tandis que l'efficacité a été inférieure. Cela n'a pas trop désorganisé les arrières du dispositif allemand et les nids de résistances sur les plages ont été soit mis hors d'état de nuire, soit par les blindés qui avaient été débarqués sur les plages, soit par l’artillerie de marine, soit parce qu'ils n'ont pas pu être ravitaillés. L'échec de se ravitaillement étant du à la faiblesse de la logistique allemande et non pas à l'action des parachutistes. Bref, Rommel n'a pas tort, il n'y a pas réellement eu un débarquement aérien, si par là on entend exclusivement aérien.
Mais, il y a eu une opération aérienne d'une ampleur supérieure à celle à laquelle pouvait s'attendre les allemands. Et là, on revient à mon propos au-dessus : les connaissances de celui qui fait les prédictions. La prédiction de Rommel s'appuie sur la connaissance qu'il a des opérations des parachutistes allemands. Mais aussi sur l'échec de l'opération menée par les parachutistes soviétiques pour "sauter" le Dniéper. Bon, d'accord, les soviétiques avaient tenté le diable en larguant leurs régiments de parachutistes 40 km derrière le front...
Les américains ont une autre approche des opérations des paras. Mais, ils feront ultérieurement les même erreurs que les allemands et les soviétiques. Par exemple lors de l'opération Market-Garden. Pour le débarquement en Normandie, ils savent qu'ils doivent "mettre le paquet". Ils regroupent des moyens conséquents. Logiquement, ils décident de mettre toutes les chances de leur coté. Ils n'avaient utilisés les parachutistes que pour des opérations limités, là, ce sont 3 divisions aéroportées qui sont déployées. La 82nd Airborne division et la 101st Airborne division coté américain, et la 6ème division aéroportée coté britannique.
PS : plutôt que de trouver marrant de constater que Rommel s'est trompé, je trouve plus instructif de comprendre pourquoi il a été amené à dire cette phrase.