Théodare a écrit :
Ce n'est pas toujours facile d'en être certain car le diagnostique n'était pas le même à l'époque. De mémoire on parlait alors de mélancolie
Attention ce qu'on appelle aujourd'hui "dépression" est une maladie psychologique caractérisée, qu'on considère établie dès l'instant où on repère (de mémoire) au moins cinq symptômes dans une liste d'une dizaine possibles.
Du genre fatigue, insomnie, difficultés de concentration, angoisse, rumination voire pensées suicidaires, etc... je vous laisse chercher dans vos expériences personnelles ou familiales pour compléter.
Et oui, comme le signale Pouget, il y a encore des gens pour se reprocher - ou reprocher à un malade - "une défaillance passagère", alors que les psys considèrent qu'il faut un an, environ, pour en venir à bout. (Message personnel et non historique : si ça vous tombe dessus, à vous où un de vos proches, il faut soigner : les anti-dépressseurs sont devenus très efficaces et surtout sans effets secondaires, et ce n'est pas céder à la folie que de consulter un psychiatre. - Les généralistes sont inconstants sur cette maladie, tantôt très pertinents tantôt banalement prescripteurs.
De nos jours il est de bon ton de parler de burn-out, ce qui est plus sexy, mais très indéfini : pour avoir traduit, par hasard, des études statistiques sur ce syndrome, la définition varie, certains en faisant un symptôme dépressif, d'autres considérant la dépression comme symptôme de burn-out.
Mais au cours de l'histoire, les mots employés pour les maladies psychologiques ont beaucoup varié. Jusqu'au siècle dernier on posait volontiers un diagnostic d'hystérie, avec des variantes, et pas seulement pour les patients féminins.
Et de fait longtemps c'est le terme "mélancolie" qui a prévalu. (On dirait aujourd'hui "tendances dépressives".)
Staline en 41 n'a pas fait une dépression. Il était probablement en état de choc, mais il n'y a évidemment aucun diagnostic médical. Mieux que ça, Staline étant un paranoïaque certifié (si on n'a pas de diagnostic médical sur sa parano, en revanche son action publique est éloquente) il est possible qu'il se soit retranché au Kremlin dans l'attente des réactions violentes que sa politique erronée me manquerait pas de déclencher contre lui. (Quand les membres du Politburo se sont rendus auprès de lui en délégation, pour lui demander de reprendre les rênes - n'osant guère eux-mêmes prendre des initiatives - il pensait qu'ils venaient l'arrêter !
)
Dans les tempéraments dépressifs (mélancoliques, donc) je citerais volontiers Louis XV, roi triste qui a fini gâteux. Il avait ses hauts et ses bas, peut-être à cause d'une enfance qui avait vu une véritable hécatombe de ses ascendants. Gâteux... dix ans avant sa mort, Mercy-Argenteau, ambassadeur d'Autriche, écrivait déjà à Marie-Thérèse à propos de "l'affaissement d'esprit" du roi. C'était le mot poli, justifié, qui courait à Versailles.
Il y a peut-être aussi à chercher du côté de Charles Quint. La démission d'un monarque (après avoir partagé en deux un empire devenu trop grand pour un seul homme) n'est pas un fait si courant. Lassitude, sans doute. Démission pour une retraite déprimante, où il se donna le sombre plaisir d'organiser une répétition de ses funérailles !
(Décidément, si on veut que ce soit bien fait il faut tout faire soi-même !)