En ce qui concerne le sucre, il est indispensable pour faire les confitures.
Les confitures permettent de manger des fruits tout au long de l'année. S'il s'agit de ne les manger que frais, vous êtes en situation d'excédent (=> gaspillage et perte) au moment de la récolte, et rien le reste de l'année. Le sucre est donc au fruit ce que le sel est à la viande.
Aigle a écrit :
Quel peut bien être l'intérêt du sucre en dehors de la pâtisserie ?
J'ignore ce qu'il en était du besoin de pâtisserie des masses au XVIIIè siècle. Mais en tout cas, à la génération de mes parents et de mes arrières-grand-parents, il était bien supérieur au mien. Attention peut-être à ne pas chausser nos lunettes XXIè siècle. Pâtisserie n'est pas forcément viennoiserie ou macaron. Il y a deux générations, les brioches, pain d'épices, biscuits pesaient lourd dans le menu quotidien.
Ne nous y trompons pas: lorsque l'on a découvert le sucre de betterave dans nos contrées, cela a été une petite révolution.
Napoléon 1er a décoré Benjamin Delessert avec
sa propre médaille de la légion d'honneur, c'est dire l'importance que revêtait ce progrès industriel dans le contexte du blocus continental. D'un produit rare, cher, importé des fameuses îles-à-sucre que l'on se disputait âprement, le sucre est devenu au XIXè un produit bon marché de grande consommation.
N'oubliez pas que, lorsque Voltaire tient le Canada et la Louisiane pour "quelques arpents de neige", c'est parce qu'en retour il tient pour vital à la France de renforcer sa présence aux Antilles.
Balzac évoque les comportements face au sucre dans
Eugénie Grandet, qui continuent après le blocus. La clé de la réserve de sucre est détenue par M. Grandet. Il la sort une fois par jour pour que la cuisinière puisse prélever les quantités nécessaires à sa cuisine, et contrôle sévèrement la consommation.
Ceci dit, votre point relève la richesse de quelques ports. Un phénomène tout à fait marginal au plan de la consommation nationale peut suffire à l'enrichissement de tel ou tel point de débarquement.
Idem pour le rhum, qui a enrichi les ports et dont les importations devaient pourtant être une goutte d'eau par rapport à la production intérieure d'alcools divers