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 Sujet du message : Re: Bernard Arnault
Message Publié : 18 Avr 2023 10:37 
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Il faut qu'ils divorcent tous les deux, ce qui amoindrirait leur fortune. Jeff Bezos a donné 38 milliards de dollars à son épouse lors de son divorce.

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 Sujet du message : Re: Bernard Arnault
Message Publié : 18 Avr 2023 10:51 
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Jean-Marc Labat a écrit :
Il faut qu'ils divorcent tous les deux, ce qui amoindrirait leur fortune. Jeff Bezos a donné 38 milliards de dollars à son épouse lors de son divorce.
Amusant. Ils ont fondé ensemble Amazon, Madame a beaucoup travaillé au début avec Monsieur pour faire fonctionner leur boîte. Ensuite, elle a lâché l'affaire pour écrire des romans et s'occuper de leurs enfants (et donc permettre à Monsieur de se consacrer à son boulot).

Donc dire "Jeff Bezos a donné 38 milliards de dollars à son épouse lors de son divorce" est un poil réducteur. Amazon est autant sa boîte à elle qu'à lui initialement. Elle récupère juste sa part (et encore, seulement 25% des parts de Monsieur selon Wikipedia)

Mon propos fait "féministe pénible", mais quand même, c'est leur création à tous les deux, et sans elle, Monsieur aurait peut-être beaucoup plus galéré...

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Le secret de la tactique, c'est dix contre un, et par derrière ! Tout le reste n'est que littérature.
(un professeur de l'Ecole Supérieure de Guerre, années 30)


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 Sujet du message : Re: Bernard Arnault
Message Publié : 18 Avr 2023 17:42 
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J'ignorais ce détail. De toutes façons, si l'épouse ne soutient pas, les projets ne vont pas très loin, car c'est bien connu, ce que femme veut, Dieu le veut.

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 Sujet du message : Re: Bernard Arnault
Message Publié : 03 Juin 2023 21:36 
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En tout cas le fait qu'à la fois l'homme et la femme la plus riche soient français et vivent en France est bien la preuve éclatante que le système fiscal français n'est pas si anti-riche que cela !
Contrairement à ce que l'on raconte !

D'ailleurs a une époque pas si lointaine, dans les années 2010, la France était le pays d'Europe qui comptabilisait le plus de millionnaires devant le Royaume-Uni, la Russie et l'Allemagne !

L'impôt sur la fortune n'est pas si terrible que cela, il n'a jamais frappé l'outil de travail et le quotient familial adoucit le poids de l'impôt sur le revenu.

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 Sujet du message : Re: Bernard Arnault
Message Publié : 04 Juin 2023 15:44 
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Pouzet a écrit :

L'impôt sur la fortune n'est pas si terrible que cela, il n'a jamais frappé l'outil de travail


Il a quand même bien contribué à l'appauvrissement du tissu industriel du pays. Pas les grosses entreprises, mais les moyennes, l'équivalent du Mittelstand allemand. Je m'explique, l'outil de travail était exonéré du moment que vous étiez actionnaire majoritaire de l'entreprise, ce qui a conduit certains dirigeants à rester à la tête de leur firme sans pour cela prévoir sa pérennité. Je ne parle même pas des impôts de succession abusifs qui ont conduit à la vente ou à la fermeture de nombreuses entreprises, au lieu de privilégier des systèmes de paiements échelonnés et à taux moindre comme en Allemagne dans le but de conserver un tissu industriel.De plus, ceux qui n'étaient pas majoritaires ont voté pour une augmentation de dividendes pour payer cet impôt, ce qui a nuit à l'investissement, donc à la compétitivité par rapport à des entreprises étrangères.

Cet impôt, créé pour satisfaire les besoins d'égalitarisme bien connu des Français, a été une catastrophe économique, de plus, le taux était de beaucoup supérieur à celui des rares pays à l'avoir institué.

Moralité, nous avions un taux pour l'industrie de 23 % du PIB en 1980, mais il était de 13 en 2021 et il continue de baisser. Finement joué, n'est ce pas ? Pour mémoire, l'Allemagne est à 22 %.

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 Sujet du message : Re: Bernard Arnault
Message Publié : 04 Juin 2023 19:10 
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Je suis bien d'accord avec vous !
Le cas de l'Allemagne se rapproche semble t-il de l'Italie ou l'industrie a également mieux résisté qu'en France quoiqu'au Royaume-Uni ou il n'y a pas d'impôt sur la fortune l'industrie a terriblement périclité.

J'ai aussi l'impression que les milliardaires français sont moins "bling-bling" que leurs homologues américains ou russes.
Aucun d'entre eux par exemple n'a de programme spatial !
:mrgreen: :mrgreen:

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 Sujet du message : Re: Bernard Arnault
Message Publié : 05 Juin 2023 10:40 
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Ce n'est évidemment pas la seule explication à ce déclin, un environnement fiscal et réglementaire toujours changeant en fonction des lubies du moment, des impôts de production beaucoup plus lourd qu'ailleurs, des effets de seuil dévastateurs et les 35 heures qui n'ont rien arrangé.

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 Sujet du message : Re: Bernard Arnault
Message Publié : 05 Juin 2023 12:49 
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J'y ajouterais volontiers qu'une bonne part des Français voient la richesse dans les service publics, alors qu'elle vient des entreprises. On a les services publics qu'on peut s'offrir, mais regarder : combien d'émissions à la télé sur l'économie, alors qu'il y en a tant qu'on veut sur la santé, par exemple...

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 Sujet du message : Re: Bernard Arnault
Message Publié : 07 Juin 2023 7:53 
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Jean-Marc Labat a écrit :
Pouzet a écrit :

L'impôt sur la fortune n'est pas si terrible que cela, il n'a jamais frappé l'outil de travail


Il a quand même bien contribué à l'appauvrissement du tissu industriel du pays. Pas les grosses entreprises, mais les moyennes, l'équivalent du Mittelstand allemand. Je m'explique, l'outil de travail était exonéré du moment que vous étiez actionnaire majoritaire de l'entreprise, ce qui a conduit certains dirigeants à rester à la tête de leur firme sans pour cela prévoir sa pérennité. Je ne parle même pas des impôts de succession abusifs qui ont conduit à la vente ou à la fermeture de nombreuses entreprises, au lieu de privilégier des systèmes de paiements échelonnés et à taux moindre comme en Allemagne dans le but de conserver un tissu industriel.De plus, ceux qui n'étaient pas majoritaires ont voté pour une augmentation de dividendes pour payer cet impôt, ce qui a nuit à l'investissement, donc à la compétitivité par rapport à des entreprises étrangères.

Cet impôt, créé pour satisfaire les besoins d'égalitarisme bien connu des Français, a été une catastrophe économique, de plus, le taux était de beaucoup supérieur à celui des rares pays à l'avoir institué.

Moralité, nous avions un taux pour l'industrie de 23 % du PIB en 1980, mais il était de 13 en 2021 et il continue de baisser. Finement joué, n'est ce pas ? Pour mémoire, l'Allemagne est à 22 %.


Pourtant des réductions d'ISF étaient prévues pour ceux qui investissent dans les PME... J'ai entendu Alain Madelin déplorer que la suppression de l'ISF n'entraine un tarissement de cette source de capitaux pour ces entreprises...

Quant à la transmission des parts de société, elle est exonérée à hauteur de 75 %...

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 Sujet du message : Re: Bernard Arnault
Message Publié : 07 Juin 2023 8:16 
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Jean-Marc Labat a écrit :
Ce n'est évidemment pas la seule explication à ce déclin, un environnement fiscal et réglementaire toujours changeant en fonction des lubies du moment, des impôts de production beaucoup plus lourd qu'ailleurs, des effets de seuil dévastateurs et les 35 heures qui n'ont rien arrangé.

La politique fiscale pour les entreprises n'est que réduction et crédits d'impôts ... Le problème de l'industrie en France n'est, à mon avis, pas à chercher dans l'environnement fiscal... Je pense qu'en France les industriels se sont réfugiés dans "l'économie financière" plutôt que d'investir dans l'innovation technologique...Entre autres travers de nos "élites" économiques...

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 Sujet du message : Re: Bernard Arnault
Message Publié : 07 Juin 2023 8:50 
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Liber censualis a écrit :

Pourtant des réductions d'ISF étaient prévues pour ceux qui investissent dans les PME... J'ai entendu Alain Madelin déplorer que la suppression de l'ISF n'entraine un tarissement de cette source de capitaux pour ces entreprises...

Quant à la transmission des parts de société, elle est exonérée à hauteur de 75 %...


Exact, mais je parle des années 80 et 90, il y a eu des modifications ensuite.

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 Sujet du message : Re: Bernard Arnault
Message Publié : 07 Juin 2023 10:06 
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Il me semble surtout que le problème de l'industrie française vient aussi d'un manque de professionnalisme et de sérieux. Les coûts de production en Suisse sont bien pires qu'en France et s'aggravent chaque année avec la remontée du Franc Suisse pourtant l'industrie Suisse est hyper-compétitive !

J'ai demandé un jour à un chauffeur de taxi qui roulait en Mercedes, pourquoi il n'utilisait pas de voiture française, il m'a répondu qu'elles manquaient de fiabilité, en me citant l'exemple d'un confrère qui avait une Renault et qui a eu une panne que Renault n'a jamais pu réparer. Depuis 6 mois il n'a pas de voiture et a fait un procès à Renault
Un autre chauffeur de taxi avait une Peugeot qui s'est retrouvée avec un problème de fuite d'huile qui là non plus n'a jamais pu être résolu.
Un chauffeur de taxi utilise une voiture comme outil de travail, il n'a pas le droit de se tromper !

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 Sujet du message : Re: Bernard Arnault
Message Publié : 07 Juin 2023 12:30 
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Pouzet a écrit :
Il me semble surtout que le problème de l'industrie française vient aussi d'un manque de professionnalisme et de sérieux. Les coûts de production en Suisse sont bien pires qu'en France et s'aggravent chaque année avec la remontée du Franc Suisse pourtant l'industrie Suisse est hyper-compétitive !

Toute l'horlogerie suisse - qui emploie tant de frontaliers par chez moi - a misé sur le très haut de gamme où le prix ne compte pas.

Vos exemples sur les voitures relèvent de la même logique. (Ce qui n'a pas empêché le Volkwagen-gate aux USA - ils avaient trafiqué les chiffres des émissions polluantes de leurs véhicules - ce qui leur a valu quelques km² de parc de véhicules qu'ils ont dû reprendre à leur propriétaires. Personne n'est parfait.) :-)

Bernard Arnault s'appuie sur la griffe "made in France", qui vaut encore son pesant d'or.

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 Sujet du message : Re: Bernard Arnault
Message Publié : 07 Juin 2023 13:49 
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Liber censualis a écrit :
Jean-Marc Labat a écrit :
Ce n'est évidemment pas la seule explication à ce déclin, un environnement fiscal et réglementaire toujours changeant en fonction des lubies du moment, des impôts de production beaucoup plus lourd qu'ailleurs, des effets de seuil dévastateurs et les 35 heures qui n'ont rien arrangé.

La politique fiscale pour les entreprises n'est que réduction et crédits d'impôts ... Le problème de l'industrie en France n'est, à mon avis, pas à chercher dans l'environnement fiscal... Je pense qu'en France les industriels se sont réfugiés dans "l'économie financière" plutôt que d'investir dans l'innovation technologique...Entre autres travers de nos "élites" économiques...


Beaucoup plus compliqué. En fait, si on faisait un tout petit exercice de mémoire... Comment ont débutées les délocalisations ? Dans un premier temps on a délocalisé les activités à faible valeur ajoutées où celles requérant une main d’œuvre peu qualifiée. Ceux qui en doutent peuvent faire l'effort d'aller consulter les articles des années 80-90 et 2000, des articles où les décideurs économiques annonçaient que l'on allait garder en France les activités avec une forte plus-value. Souvent dans ces articles il y avait un chapitre où l'on rappelait que les français étant de mieux en mieux éduqués, ils étaient presque trop éduqués pour ces activités-là.

Je me souviens d'une entreprise textile de Mulhouse qui avait ouvert en grande pompe une unité d'ingénierie, tandis qu'elle délocalisait ses activités les moins rentables. Sous-entendu, les français vont devenir un peuple d'ingénieurs et de techniciens (supérieurs), les ouvriers spécialisés seront employés dans leurs pays d'origine. Mais, au passage certains rappelaient que ce que produisait la France était trop cher pour les marchés émergents et qu'il était plus rentable de produire ce qui était déjà rentabilisé dans ces pays-là en transférant les usines et les machines. Du coup, les délocalisations se firent vers l'Europe de l'Est, le Maghreb, des pays du Proche-Orient, puis du Moyen-Orient...

Mais, petit à petit on a aussi délocalisé les compétences. En fait, un centre d'ingénierie accolé à une usine est plus pertinent que celui qui se trouve à 2 ou 3 fuseaux horaires. Au début, ce furent des techniciens français, payés royalement, qui sont allés faire le job dans les usines délocalisées en servant de relais entre les centre d'ingénierie et les travailleurs locaux. Actuellement, les techniciens locaux ont une compétence supérieure aux français, car eux étaient au contact de l'outil de travail. Donc, on a ensuite délocalisé les bureaux de méthodes, puis les centres d'ingénierie, ne restent en France que quelques ateliers à très haute valeur ajoutée. Il y a encore des filatures en Alsace, entre autre celle qui file en fibre de céramiques les tuyères d'éjections de certains moteurs de fusées... La filature qui faisait des milliers de kilomètres de draps a disparu depuis longtemps, même si on tente de relocaliser une partie de la production, en commençant par la production haut de gamme, celle des gens prêts à payer 200 à 500 € pour une paire de draps de bonne qualité.

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 Sujet du message : Re: Bernard Arnault
Message Publié : 07 Juin 2023 15:00 
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Narduccio a écrit :
Beaucoup plus compliqué. En fait, si on faisait un tout petit exercice de mémoire... Comment ont débutées les délocalisations ? Dans un premier temps on a délocalisé les activités à faible valeur ajoutées où celles requérant une main d’œuvre peu qualifiée. Ceux qui en doutent peuvent faire l'effort d'aller consulter les articles des années 80-90 et 2000, des articles où les décideurs économiques annonçaient que l'on allait garder en France les activités avec une forte plus-value. Souvent dans ces articles il y avait un chapitre où l'on rappelait que les français étant de mieux en mieux éduqués, ils étaient presque trop éduqués pour ces activités-là.

Je me souviens d'une entreprise textile de Mulhouse qui avait ouvert en grande pompe une unité d'ingénierie, tandis qu'elle délocalisait ses activités les moins rentables. Sous-entendu, les français vont devenir un peuple d'ingénieurs et de techniciens (supérieurs), les ouvriers spécialisés seront employés dans leurs pays d'origine. Mais, au passage certains rappelaient que ce que produisait la France était trop cher pour les marchés émergents et qu'il était plus rentable de produire ce qui était déjà rentabilisé dans ces pays-là en transférant les usines et les machines. Du coup, les délocalisations se firent vers l'Europe de l'Est, le Maghreb, des pays du Proche-Orient, puis du Moyen-Orient...

Mais, petit à petit on a aussi délocalisé les compétences. En fait, un centre d'ingénierie accolé à une usine est plus pertinent que celui qui se trouve à 2 ou 3 fuseaux horaires. Au début, ce furent des techniciens français, payés royalement, qui sont allés faire le job dans les usines délocalisées en servant de relais entre les centre d'ingénierie et les travailleurs locaux. Actuellement, les techniciens locaux ont une compétence supérieure aux français, car eux étaient au contact de l'outil de travail. Donc, on a ensuite délocalisé les bureaux de méthodes, puis les centres d'ingénierie, ne restent en France que quelques ateliers à très haute valeur ajoutée. Il y a encore des filatures en Alsace, entre autre celle qui file en fibre de céramiques les tuyères d'éjections de certains moteurs de fusées... La filature qui faisait des milliers de kilomètres de draps a disparu depuis longtemps, même si on tente de relocaliser une partie de la production, en commençant par la production haut de gamme, celle des gens prêts à payer 200 à 500 € pour une paire de draps de bonne qualité.


Il faut ajouter que l’adhésion à l’euro et le renforcement des réglementations européennes sur la concurrence impliquaient la recherche et la mise en œuvre de nouveaux outils de politique économique, destinés à remplacer le rôle qu’avaient pu jouer antérieurement, dans la restauration de la compétitivité, les dévaluations puis la politique de désinflation compétitive et les grands programmes industriels.

En dehors de quelques secteurs de haute technologie comme l’aéronautique ou l’armement, la France était spécialisée dans les produits bas de gamme, donc soumise à la concurrence par les prix. L’adhésion au taylorisme, en tant que principe d’organisation des firmes et outil de gestion de la relation salariale, hypothéquait la conversion à un modèle fondé sur la compétence et la polyvalence comme celui qui se développe à partir des expériences japonaises et du toyotisme. Enfin, la dévalorisation du travail industriel contribue à la piètre compétitivité de l’économie française.

Les années 90 voient les industriels français se tourner vers le secteur des technologies de l’information et de la communication, plus diffus et du même coup moins aisé à piloter pour les autorités politiques. Dans le même temps, les grandes entreprises françaises adoptent une stratégie mondiale qui s’affranchit de l’espace national. Et les traités européens entravent la poursuite des grands programmes industriels qui avaient impulsé le redressement de l’après-guerre. Le droit européen de la concurrence, en particulier, fait désormais obstacle aux grands investissements publics dans le développement de l’appareil industriel .

Les années 2000 apportent de nouvelles restrictions à la possibilité de politiques industrielles à la française. Le lancement de l’euro redonne l’avantage concurrentiel à l’Allemagne en matière de produits industriels. Les actions sectorielles laissent définitivement place aux politiques horizontales d’encouragement à l’innovation par le crédit impôt. Mais, alors que ce dernier était supposé redéployer l’aide publique des grandes entreprises vers les PME et permettre la création de jeunes pousses dans les nouveaux secteurs, ce sont finalement les premières qui continuent à en bénéficier, sans grande percée en matière d’innovations radicales et génériques susceptibles d’enrayer la désindustrialisation.

Bref vous avez raison, c'est plus compliqué qu'un simple problème de fiscalité ou de droit du travail...

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