Peut-être aussi tout simplement que les état-nations se formant, capables de mobiliser des ressources considérables en capitaux et en hommes, la taille critique pour jouer dans le grand cirque géopolitique ne pouvait plus être la
cité comme au temps antiques.
Et puis on peut imaginer qu'il y avait une sacrée inertie, non? Les institutions de la Sérénissime avaient plus de 1000 ans, pas facile de se remettre en question dans un monde qui change.
je recommande l'article wikipedia intitulé
Histoire économique de Venise, il est très complet.
On y voit (entre bien d'autres choses)
-que Venise a souffert des politiques protectionnistes croissantes: par exemple l'empire Ottoman interdit l'importation de la soie, Colbert interdit l'importation de verre pour développer ses manufactures royales.
- La guerre de Crête perdue contre les Ottomans a coûté un bras: le service de la dette représente 8% du budget de l'Etat avant, 54% après.
- la France de Louis XIV et les Pays-Bas, dopés par la confiance en leur économie, développent de l'argent-papier qui rapporte des intérêts. La circulation monétaire s'en trouve décuplée et l'accès au crédit aussi. Venise, traditionnelle, ne veut entendre parler que de monnaie métallique. Elle perd sa position de première place financière.
- etc
Mais en dehors des questions politiques et économiques, pourquoi ne pas envisager, osons le mot: une certaine
décadence? Une société qui en est arrivée à faire carnaval six mois par an, est-elle affûtée assez pour la compétition d'entre les nations?
Je précise que selon que ce que j'ai lu sur Internet, il n'en fut pas ainsi. Ce serait plutôt l'inverse: le carnaval est devenu démesuré au XVIIIème s., justement au moment au moment où Venise vit sa descente aux enfers, et il s'agirait plutôt d'un dérivatif collectif devant l'angoisse du temps (selon un auteur Gilles Bertrand qui a écrit une
Histoire du carnaval de Venise, je n'ai pas vérifié).