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Evolution de la sidérurgie en Lorraine
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Auteur :  PJ57 [ 12 Mai 2006 2:19 ]
Sujet du message : 

Plantin-Moretus a écrit :
Au lieu de quoi, à Longwy, le dernier haut-fourneau a été dynamité alors qu’une association s’était créée pour sa sauvegarde et sa mise en valeur (il est encore là, couché et rouillé, car personne n’ose plus y toucher, tant le sujet est sensible), il ne reste du crassier de 120 m que des réductions en chocolat dans les pâtisseries de la ville, et l’on parle à la place de ces vestiges perdus de l’aménagement d’un improbable golf (!).


Quand j'étais môme, j'avais de la famille à Longwy et cette image du crassier est restée très nette dans ma mémoire. Sans doute en raison du sigle "SOS" qui avait été placé à son sommet ! A chaque fois, je demandais à mes parents ce que cela signifiait mais j'étais trop jeune pour comprendre.

Il me semble qu'un aspect de la liquidation de la sidérurgie lorraine est rarement abordé. En effet, cette activité ayant fait vivre des générations de Lorrains, toute une sociabilité, toute une culture s'étaient créées autour : par exemple les clubs de football ou les sociétés de musique. Il n'est pas rare que je prenne ma voiture pour m'offrir une petite balade nostalgique dans le bassin sidérurgique. Certains trouveront le sujet quelque peu anecdotique mais une image m'a toujours frappé : celle de ces bistrots aux rideaux métalliques désespérément clos dans ces rues devenues grises et tristes. Je pense au grouillement que j'aurais pu y observer, il y a quelques décennies...

Sinon, vous faites bien d'évoquer les "entreprises-voyous". Le cas Daewoo a effectivement été douloureusement ressenti. Qu'une entreprise mette la clef sous la porte faute de rentabilité, ça se comprend (et encore faudrait-il s'entendre sur ce que signifie "rentabilité" : faire un bénéfice honnête ou engraisser les actionnaires ?). En revanche, s'implanter à court terme en sachant par avance qu'on va mettre les voiles et fuir comme un voleur une fois que les exemptions fiscales arrivent à terme, comme vous dites, ça porte un nom : la razzia. Quoique là, il s'agit sans doute d'un nouveau concept encore plus vicieux : la razzia "légale" !

On voit bien les limites de la "reconversion". Ce terme m'a d'ailleurs toujours paru surprenant. En effet, pourquoi le préfixe "re" ? OK, avant la sidérurgie, il y avait l'agriculture, mais bon... Remarquez, après quelques cas comme Daewoo, on pourra vraiment parler de REconversion !

Citer :
Plus récemment, changement de cap et encouragement au tertiaire : cinéma multiplex, centre commercial géant (mais mort du petit commerce de ville), et bientôt nouvelle zone commerciale.


Je suppose que vous parlez de la région de Longwy. Car ça ressemble furieusement à ce qu'il se passe dans le sillon mosellan, entre Metz et Thionville. Etablissement d'une grosse ZAC avec comme épicentre un hypermarché dont l'enseigne est le fleuron d'une célèbre famille "nordiste" ayant, jadis, fait fortune dans le textile ; parc d'attraction saisonnier sur le thème des Schtroumpfs mais depuis racheté par le groupe Walibi ; mise en place d'un complexe de loisirs qui n'en finit pas d'enfler (salle de spectacle, multiplex, casino, piste de ski artificielle, zoo, loisirs aquatiques, etc.). Je remarque au passage que le secteur des loisirs et la grande distribution semblent s'entendre comme deux larrons en foire. Mais est-ce surprenant ? La sortie du dimanche en famille est désormais remplacée par la "sortie courses" du samedi avec, ô luxe ! le déjeuner à la cafèt' de l'hyper ! Cette situation me semble quelque peu paradoxale dans une région qui n'est pas particulièrement réputée pour être un vivier d'emplois...

PJ

Auteur :  Romeo [ 15 Mai 2006 14:55 ]
Sujet du message :  A propos de Daewoo

Par hasard j'ait lu "L'entrepreneur d'élite' écrit par Kim Woo-Chong le fondateur de Daewoo.
En fait Kim Woo-Chong ne semble pas avoir été un chasseur de prime mais la crise économique de 1997 a entrainé la faillite de l'entreprise et donc la fermeture des usines lorraines.
C'est déjà bien que les coréens aient choisit d'installer leurs usines en Lorraine et pas ailleurs.

Auteur :  Plantin-Moretus [ 15 Mai 2006 15:41 ]
Sujet du message :  Re: A propos de Daewoo

Romeo a écrit :
Par hasard j'ait lu "L'entrepreneur d'élite' écrit par Kim Woo-Chong le fondateur de Daewoo.
En fait Kim Woo-Chong ne semble pas avoir été un chasseur de prime mais la crise économique de 1997 a entrainé la faillite de l'entreprise et donc la fermeture des usines lorraines.
C'est déjà bien que les coréens aient choisit d'installer leurs usines en Lorraine et pas ailleurs.

Quand, en 1987, Daewoo décide de créer des usines en Lorraine. Elle reçoit 46 millions d’euros de subventions (dont 21 de de l’Etat et 19 de l’Union européenne) pour implanter trois usines., le PDG Kim-Woo-Chong obtient la nationalité française et la légion d’Honneur
Dès l’ouverture, les trrafics commencent : opérations louches au Luxembourg tout proche, cotisations URSSAf non payées pendant 18 mois.
En Corée, Kim-Woo-Chong est poursuivi pour détournements de fonds et abus de biens sociaux (sommes équivalentes à 1/3 du budget de la Corée), d’où l’intérêt de sa nationalité française...Des salariés de ses entreprise sen Corée, aussi en faillite, sont même venus en France à se recherche. En cavale depuis septembre 1999 il est toujours l’objet d’un mandat d’arrêt international d’Interpol.
L’usine de Mont-Saint-Martin, près de Longwy, est la dernière des 3 usines à fermer ; elle a accumulé entre temps près de 19 millions d’euros de dettes, et pour cause... D’après un rapport d’expertise commandé par le Comité d’entreprise, la maison-mère en Corée s’en servait comme pompe à finances pour renflouer ses propres caisses, en vendant les produits finis à perte aux autres filiales du groupe, notamment en Pologne.
Quand les autres usines ont fermé, Daewoo a poussé le cynisme jusqu’à demander à l’Etat de financer le plan social...

Evidemment tout cela, vous ne le lirez pas dans son bouquin, adressez-vous plutôt au tribunal de Commerce et à Interpol.

Auteur :  PJ57 [ 17 Mai 2006 14:55 ]
Sujet du message :  Re: A propos de Daewoo

Romeo a écrit :
C'est déjà bien que les coréens aient choisit d'installer leurs usines en Lorraine et pas ailleurs.


Loin de moi l'idée que Daewoo soit une entreprise à but philantropique. Ceci dit, en 1987, le bassin sidérurgique est encore sous le choc et Daewoo n'a sans doute pas flairé autre chose que de juteux avantages. Certes, l'entreprise a fourni des emplois durant quelques années mais on pardonnera aux Lorrains d'avoir espéré un peu mieux que Daewoo.

PJ

Auteur :  Karolvs [ 01 Déc 2012 9:01 ]
Sujet du message :  Re: Evolution de la sidérurgie en Lorraine

Voilà ce que nous disions il y a 6 ans.

Auteur :  Alain.g [ 01 Déc 2012 12:05 ]
Sujet du message :  Re: Evolution de la sidérurgie en Lorraine

La production d'acier évolue dans un marché mondial et non pas européen ou national. Le cout est l'élément essentiel dans les comparaisons entre fournisseurs, s'agissant d'un produit semi-brut, le cout de production prime sur le cout du transport, contrairement à un produit à forte valeur ajoutée. Il est donc inévitable sauf pour les aciers spéciaux ou de petits besoins locaux que la concurrence désavantage l'aciérie française.
A chaque crise sur un site d'acier, le gouvernement en place essaye de sauver le maximum d'emplois, tout en tentant de bâtir une solution crédible dans le contexte du marché.
20 ans après, il faut y revenir. Il a ainsi été opéré dans les années 60 puis dans les années 80, avec lucidité en son temps. L'essentiel était de moderniser et d'investir. C'est ce qui a été fait.
Quand à la Lorraine, il n'est pas vrai qu'elle a été délaissée par la Datar dans le passé. Elle était zone de reconversion prioritaire, avec des taux d'aide bien plus élevés qu'en Bretagne ou en Aquitaine et la possibilité de mesures exceptionnelles, dérogatoires comme des terrains quasi-gratuits, des bâtiments préfinançés et loués, des prêts à taux très faibles bonifiés par le Trésor.
Le problème étant de trouver des volontaires pour investir cette région qui avait perdu ses atouts avec la mondialisation et présentait une image négative de zone en ruine. Une image qu'on n'a pas réussi à changer, à force d'appuyer sur les sinistres et de noircir le tableau.

Auteur :  Marc Mailly [ 14 Nov 2020 8:35 ]
Sujet du message :  Re: Evolution de la sidérurgie en Lorraine

Évolution de la qualité de l'eau dans les mines abandonnées du bassin ferrifère lorrain. De l'expérimentation en laboratoire à la modélisation in situ, thèse de Pauline Collon
Institut national polytechnique de Lorraine
École Nationale Supérieure de Géologie de Nancy
Laboratoire Environnement, Géomécanique & Ouvrages
École doctorale RP2E
Thèse soutenue publiquement le 21 octobre 2003 devant la commission d'examen

"Résumé : Depuis une vingtaine d'années, l'abandon des mines de fer lorraines a entraîné un ennoyage progressif des anciens travaux miniers avec pour conséquences sur l'eau souterraine : une modification des écoulements et une dégradation de la qualité de l'eau. Dans ce contexte, notre travail avait pour objectifs de caractériser l'évolution de la qualité de l'eau souterraine pendant et après l'ennoyage, d'en déterminer les causes et de fournir les bases d'un outil d'aide à la gestion de l'eau. A cet effet, une synthèse des connaissances concernant le drainage minier, et plus particulièrement les mécanismes chimiques qui en sont la cause, a été réalisée. Notre attention s'est ensuite portée sur le cas particulier du bassin ferrifère lorrain (BFL). Une étude expérimentale a été réalisée en laboratoire sur des échantillons prélevés en mine dans la partie nord du BFL. Elle comprend une étude minéralogique, des essais en réacteurs fermés, dont certains ont intégré un suivi de la composition des gaz, et des expériences de lessivage en colonne. Cette étude a permis de caractériser l'évolution de la qualité de l'eau lorsqu'elle est mise en contact avec les roches du BFL : nature de la pollution, durée et origine minéralogique probable. A partir de ces résultats, un modèle chimique cinétique a été construit, puis a été intégré dans un modèle de mélangeur parfait. Ces simulateurs reproduisent les concentrations observées dans l'eau à l'issue des essais en réacteurs fermés et au cours des expériences de lessivage en colonne. Un scénario expliquant l'évolution de la chimie de l'eau lors de sa mise en contact avec les roches du BFL a ainsi pu être proposé. Enfin, sur cette base, un simulateur a été construit et permet de reproduire l'évolution de la qualité de l'eau au point de débordement du secteur Sud du bassin ferrifère lorrain, dont l'ennoyage a débuté en 1995."
https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00004521

Une thèse où Emmanuel Ledoux, enseignant chercheur à l’École des Mines de Paris, fut membre du jury. Cette thèse permet d’apprécier scientifiquement l'impact de l’arrêt d'exploitation d'une mine de sidérurgie lorraine.

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