maharbbal a écrit :
....Je ne suis convaincu convaincu par le recours à Jacques Cœur comme exemple; son passé de faussaire me le fait plus voir comme un marchand malin ayant compris l'importance de l'état qu'à un théoricien qui dans son fors intérieur était capable de réduire à néant la pensée néo-thomiste des scolastiques de Samamanque.
....
j'ai lu récemment une bio de J.Coeur par un historien qui manquait probablement un peu de connaissances en théorie économique et qui semblait nager dans la logique économique suivie par le personnage en son temps. Cet ouvrage m'a amené a croire que J.Coeur reste mal connu et que la pertinence de son action, et de sa réflexion, économiques seraient beaucoup plus nette que généralement supposé.
maharbbal a écrit :
J'aimerai développer un peu la question de la vision néo-classique de l'économie pré-industrielle. Tout n'est bien sûr pas à jeter, néanmoins il est très clair que 1) il n'est pas possible de parler de choix individuel avant disons 1650 en Europe occidentale (cf. importance des règlementations sur la consomation, par exemple les lois somptuaires) 2) terme même de consomation est très relatif puisqu'il ne peut toucher que au mieux 40% de la population 3) le marché lui-même est moins que jamais autorégulateur etc. il n'y a presque que des monopoles/monopsones ultra régulés par les autorités.
on trouve des contres-exemples, notamment l'organisation du commerce conçue et mise en place par Jacques Coeur, ou l'organisation du commerce des Indes Orientales par les Néerlandais aux XVIème et XVIIème siècles.
maharbbal a écrit :
L'éco institutionnelle n'est pas de la socio
à moins que l'éco ne se limite par définission à la lignée smithienne ce qui serait parfaitement tautologique.
Je comprends que la partie "eco" de l'"économie institutionelle" semble en fait assez proche des réflexions de Kondratieff, qui est un auteur des années 20, donc antérieur à Keynes... Par contre, la "théorie des conventions", c'est purement de la socio.
maharbbal a écrit :
Par ailleurs, comme je doute de vous convaincre jamais, j'aimerai vous poser une question immédiatement constructive: mon sujet pour l'année prochainesont les compagnies à chartres anglaises en Méditérannée de 1550 à 1650. Histoire de varier mes approches, est-ce que vous avez des idées sur la question ou sur les compagnies à chartre en général? Ou alors ça vous saoule de répondre se que je comprendrais parfaitement. (la question s'adresse à tous évidemment)
Je comprends que la pratique du commerce méditérranéen imposait, depuis le moyen-age, la mise en place de "garants" dans les ports islamiques avec lesquels on souhaitait commercer, lesquels représentaient chacun une "nation" et devaient disposer d'actifs suffisants pour pouvoir répondre financièrement de toutes les condamnations auxquels les marchands de cette nation pouvaient être condamnés par les tribunaux islamiques. Les marchands d'une même nation étant, de plus, considérés par ces tribunaux comme obligatoirement caution les un des autres.
L'installation de ces personnes, et des établissements qu'ils administraient ("fondouk" ou "fondacco" en italien...), coûtait cher, et il était très courant que les états occidentaux concèdent le monopole du commerce avec un port islamique particulier à un groupe fermé de marchands de cet état, à charge pour cette "compagnie" de financer le fondacco et de remplir en plus des services particuliers, par exemple dans la diplomatie ou dans le commerce stratégique. De plus cette solution avait aussi pour avantage de garantir une véritable autorité du directeur du fondacco sur les marchands en escale et de limiter ainsi les problèmes avec les autorités locales et les problèmes entre marchands....
Je n'ai pas d'informations particulières concernant les compagnies anglaises du XVIème siècle, mais, ce shéma était universellement pratiqué, dabord par les Italiens en Méditérranée (probablement dés le VIIIème siècle), puis, au XVIIème par les Néerlandais aux Indes Orientales sur une échelle nettement plus grande (VOC).
La VOC a jouée, en plus, un rôle important dans la mise au point de pratiques administratives et comptables adaptées à de grandes organisations, très probablement à partir de "bonnes pratiques" antérieures des compagnies à chartes italiennes, espagnoles ou portugaises...