Zunkir a écrit :
Cette notion remonte comme il a été dit plus haut à Rome, qui s'est donné un chef appelé Imperator. D'abord je me demande quand ce terme est apparu (Auguste je suppose), et s'il existait avant pour désigner autre chose. Il y avait je crois un pouvoir appelé imperium : en quoi consistait-il ?
L'
imperium était un pouvoir suprême de commandement, censé être attribué par Jupiter lui-même. En étaient revêtu les magistrats principaux de la République romaine, à savoir les consuls et les prêteurs. Les autres magistrats ne possédaient "que" la
potestas ("puissance"), pouvoir moindre. L'
imperium permettait de commander aux légions ainsi que de sanctionner les soldats. Il permettait également de convoquer le Sénat, de le présider et ainsi d'y exercer une influence prépondérante. De plus, le détenteur de l'
imperium pouvait prendre des mesures de coercition à l'encontre de n'importe quel citoyen, notamment infliger des amendes. Néanmoins, l'institution des tribuns de la plèbe et de leur droit de
veto permettait de considérablement limiter les risques d'arbitraire de la part des détenteurs de l'
imperium.
Le terme
imperator est apparu bien avant Octave. Sous la République, un
imperator était un général que ses troupes saluaient de ce titre après une victoire. La connotaton religieuse était très forte, car là aussi Jupiter était censé avoir sa part, à savoir avoir favorisé les desseins du général victorieux. Le premier général à avoir ainsi été salué fut Scipion l'Africain, lors de ses victoires sur les Carthaginois en Afrique. Par la suite, l'habitude fut prise de saluer ainsi les généraux jugés les plus remarquables. On peut y avoir la marque de l'accroissement du prestige personnel des généraux les plus en vue. Généralement, ils étaient également consuls ou prêteurs, ou anciens consuls ou prêteurs (proconsuls, proprêteurs), ce qui faisaient qu'ils disposaient de l'
imperium. Ce n'est sans doute pas par hasard que l'ère des
imperatores (Scipion, puis Marius, Scylla, César, Pompée, Antoine...) vit se développer les ambitions quant à l'exercice d'un pouvoir monarchique. Le prestige attaché à l'
imperator lui permettait de personnifier ce pouvoir auquel il aspirait. Octave prit ce terme parmi les plusieurs prénoms qu'il s'attribua. Ses successeurs immédiats firent de même. Ce n'est qu'au bout d'une centaine d'année que de prénom, ce terme devint fonction. Il permettait ainsi de préserver une fiction républicaine, et surtout d'éviter l'évocation de la royauté, régime particulièrement honni et dont le soupçon de vouloir la rétablir avait coûté la vie à César. Par un habile compromis, Octave, suivi en cela également par ses successeurs immédiats, avait su instaurer une monarchie d'un type nouveau, tout en préservant les formes de la légalité républicaine.
Zunkir a écrit :
[...]et aussi la Russie, ou le Tsar est considéré comme un Empereur, puisqu'il estime avoir pris la suite de Byzance (depuis Ivan IV je crois).
C'est à partir d'Ivan III que les souverains moscovites estimèrent être les successeurs des empereurs byzantins. Ivan III avait épousé une des filles de Constantin XI, le dernier
basileus. C'est à ce même Ivan que le patriarche de Moscou dit cette phrase fameuse : "Deux Rome sont tombées, Moscou sera la troisième, et il n'y en aura pas de quatrième". Mais c'est bel et bien Ivan IV le Terrible qui prit le titre de czar, consacrant ainsi la vocation impériale de la Russie. Jusqu'alors, les souverains moscovites portaient le titre de grand duc.