Polycarpe de M. a écrit :
Je pense à partir de 1945.
Ce qui peut être intéressant pour montrer les différentes évolutions entre 1945 et 1991 après la réunification allemande.
J'avais bien compris que ça devait être à partir de 1945 ... Plus sérieusement, il faut comprendre qu'en RFA, il y a eu 3 périodes, tandis qu'en RDA, il n'y en a eu que 2.
Pour compléter l'excellent post de Pierma. Dans un premier temps, il y a eu peu de changements. Les américains ont bien cherché à mener une dé-nazification assez profonde de la société allemande, mais dès 1949, les réalités géostratégiques du moment firent qu'en RFA, on laissa aux allemands de l'ouest la responsabilité de poursuivre celle-ci. Et les allemands de l'ouest décidèrent qu'elle avait été réalisée par les américains et la cessèrent.
On s'est donc retrouvé avec 2 visions différentes de la période nazie. La vision de la RDA était : la classe ouvrière a été persécutée par les nazis (même si certains ouvriers se sont laissés abusés par les capitalistes et on rejoint le parti nazi). Par sa résistance, le PC allemand à contribué à la victoire contre les capitalistes qui avaient permit que les nazis arrivent au pouvoir. En fait, en RDA, on a assez largement reécrit l'histoire pour la place dans une optique de lutte des classe et donc le nazisme a été classé comme un avatar du capitalisme, une solution qu'avaient trouvé certains capitalistes pour lutter contre le communisme. Les ouvriers allemands étaient donc des victimes et on a poursuivi les ennemis de classe responsables de la persécutions des communistes. Tout en acceptant les ralliements à titre personnels de certains nazis qui se sont retrouvés lavés de leurs fautes, puisqu'ils mettaient leur savoir faire au service du peuple.
Coté RFA, un historien a noté que la naissance de l'un des pays les plus démocratique du monde s'est fait à l'aide de fonctionnaires qui avaient prêté serment à Hitler. Une bonne partie de la classe politique allemande des années 50-60 avait commencé sa carrière sous le nazisme. Et, à part quelques chefs de partis, le nombre des opposants au nazisme n'était pas si élevé que cela. Donc ces gens qui avaient juré de respecter le nazisme et ses valeurs ont inventé ce qui fait les fondations de la République allemande. C'est un assez joli paradoxe, je trouve.
Mais coté repentance, il n'y avait pas grand chose, la plupart se bornant à dire qu'ils avaient obéi aux ordres. Et puis vint la seconde génération. Ceux qui ont fait bouger les lignes, ce furent les jeunes allemands nés dans les années 30-40 qui eurent 20-30 ans dans les années 60. Si certains se perdirent du coté de la lutte révolutionnaire, ils furent marginaux. Les autres, furent nombreux a lancer le débat sur la place publique : comment un peuple cultivé comme le peuple allemand avait pu accepter de faire de telles choses. Dans leur éducation, on leur avait montré la grandeur culturelle allemande et ils avaient du mal à classer Auschwitz par rapport à Goethe. Et ils demandèrent des comptes à leurs pères et grand-pères. C'est de la là que vient la repentance allemande. Et pendant environ 30 ans, les allemands vont se repentir. Tout en devenant une puissance économique, mais en refusant certains choses qui semblent découler de cette puissance. Dans les années 90, souvent en parlant de l'Allemagne on évoquait le géant économique qui était un nain politique. Puis vint la réunification, et les 2 Allemagnes n'en firent plus qu'une. Il fallu d'abord digérer la différence de niveau de vie et de culture (et ce n'est pas encore totalement fini). A l'est, certains jeunes, par haine du communisme, s'étaient laissés entraîner sur la voie du néo-nazisme. Les allemands menèrent souvent une double politique : répression + éducation. Les allemands de l'est durent comprendre assez vite que les nazis n'étaient pas que des anticommunistes et qu'ils avaient fait pas mal d'autres horreurs. Mais à l'ouest, les petit-enfants estiment de plus en plus que les allemands ont assez payé et qu'ils ont le droit d'être considérés comme un peuple normal.
Mais, le reste ce n'est plus de l'histoire et cela est en train de se faire sous nos yeux.