Pierma a écrit :
Incidemment, j'aime bien cette phrase d'Alain Minc :" Le capitalisme produit de l'efficacité et de l'inégalité."
Oui, la phrase incite même à comprendre pourquoi les socio-démocrates et socio-libéraux comme Minc ont accepté le capitalisme bien que ses progrès entrainent toujours plus d'inégalités. Ils l'ont fait pour deux raisons:
1/ la hausse des inégalités semblant toujours liée dans sa pratique à l'essor du capitalisme, le socialisme nouveau visage, social-libéral, doit
corriger par le social avec ses prestations publiques, les inégalités dans l'entreprise, mais se garder d'intervenir dans l'économie en amont, sauf à faire respecter des règles de bonne conduite et d'encadrement du capitalisme comme il a été dit.
2/ Il faut savoir aussi que l'essor de l'économie compense l'accroissement des inégalités inhérent au libéralisme, en augmentant le niveau de vie des plus pauvres par rapport à des Etats refusant le libéralisme ou non développés.
C'est ce que sous-entend Rawls, philosophe américain très écouté actuellement, en le disant autrement: il vaut mieux pour un pauvre vivre en capitalisme développé avec des inégalités fortes corrigées, que dans des pays peu développés avec niveau de vie très bas. Il y gagne explique Rawls et c'est ce qui doit être mesuré et pas les inégalités.
Rawls formule ainsi son principe de différence au nom de sa théorie de la justice:
" « Second principe : les inégalités économiques et sociales doivent être telles qu'elles soient : (a) au plus grand bénéfice des plus désavantagés et (b) attachées à des fonctions et des positions ouvertes à tous, conformément au principe de la juste égalité des chances. »1.
Le principe (2a) est appelé principe de différence.
Ce principe implique de maximiser les biens premiers (pouvoirs et prérogatives attachées aux différentes fonctions et positions, le revenu et la richesse, et les bases sociales du respect de soi) des plus faibles. D'après Rawls :
« [Le principe de différence] ne demande pas à la société d’essayer d’atténuer les handicaps, comme si tous devaient participer, sur une base équitable, à la même course dans la vie. Mais il conduirait à attribuer des ressources à l’éducation, par exemple, avec comme but d’améliorer les attentes à long terme des plus défavorisés. Si ce but est atteint en consacrant plus d’attention aux plus doués, cette inégalité est acceptable, sinon, non. »
Une autre modalité concrète du principe de différence auquel songe Rawls est l'impôt négatif, aussi défendu par Milton Friedman :
«
Le gouvernement garantit un minimum social soit sous la forme d’allocations familiales et d’assurances maladie et de chômage, soit, plus systématiquement, par un supplément de revenu échelonné (ce qu’on appelle un impôt négatif sur le revenu). » (wiki)