Adrian a écrit :
Aujourd’hui encore, des Allemands restent convaincu qu’Hitler était un pacifiste et que la France et le Royaume-Uni étaient les méchants agresseurs.
https://youtu.be/6n9Yrj0OfS4?t=355« Pour nous c’était une questions de survie, après que la France et la Grande Bretagne nous eûrent déclaré la guerre »
« c’est une véritable horreur pour les gens de cette région, mais pourquoi les Français ont-ils voulu la guerre ? Le führer a tout fait pour l’éviter, maintenant ils vont avoir une drôle de surprise »
mais enfin c'est quoi ce sujet et ce cirque sur les Allemands méchants par nature ?
Adrian vous débarquez sur Passion-Histoire, c'est votre premier message et c'est, pour ce qui concerne les Allemands aujourd'hui, un fagot de préjugés stupides et désolants. Il vous manque manifestement un préalable indispensable : les connaître et les fréquenter.
Pour ma part, je n'ai JAMAIS rencontré un seul Allemand convaincu "qu'Hitler était un pacifiste et que la France et l'Angleterre étaient les méchants agresseurs."
Je n'ai jamais dis que les Allemands d'aujourd'hui considéraient Hitler comme un pacifiste.
Je n'apprécie absolument pas le procédé utilisé dans ce que je viens de citer : les deux phrases citées, sont dans ce documentaire prononcées ou écrites par des soldats de 1940 - forcément abreuvés de propagande nazie - et absolument pas par des Allemands d'aujourd'hui.
J'ai surtout mis ça pour rajouter un "plus" a mon sujet, mais c'est pas sur ça qu'il faut se concentrer.
Toutes les discussions que j'ai pu avoir avec des Allemands montrent au contraire qu'ils ont parfaitement compris, et assimilé, le rôle de l'Allemagne à cette époque et l'étendue des crimes nazis.
Pour mes amis d'un jumelage entre deux paroisses - de Besançon et de Dortmund - nés comme moi autour de 1960, il apparaît une certaine lassitude, ils le disent, de se voir éternellement rappeler ce passé, comme s'ils en étaient responsables. Je pense à Annemarie, encore choquée de s'être faite traiter de nazie à 15 ans en France, et qui, mariée ensuite à un Grec, a eu droit beaucoup plus tard à une seconde tournée, dans un village grec, de la part de gens qui n'avaient pas, comme les Français, trouvé l'occasion de se réconcilier avec l'Allemagne. Bon, à un moment ça va bien !
Français comme Allemands tombent d'accord pour dire que cette génération là a été sans doute la dernière à affronter ce préjugé.
Mais à lire ces inepties sur les Allemands éternels agresseurs et qui ne se jugent coupables de rien, je me dis que le préjugé imbécile persiste. J'avais déjà sursauté, je l'ai signalé, lors de la polémique franco-française sur le film "La Chute", où des journaux - genre "Pour et Contre" dans Télérama - se demandaient sans rire s'il ne s'agissait pas d'une entreprise de réhabilitation d'Hitler !
Je vais voir le film avec mon père : il est très bien ce film ! Où est le fond négationniste ? Nous tombons d'accord que c'est encore et toujours le même soupçon désolant. Que des journalistes qu'on imaginait sensés y voient un fond négationniste est simplement délirant.
Les parents de mes amis ? Nés à peine avant-guerre (mon père est né en 35) ils ont surtout en mémoire les conditions de leur enfance après la fin de la guerre : Dortmund était détruite, ils ont vécu dans des conditions "très difficiles" - et c'est un euphémisme - alors que les usines de la Ruhr étaient à l'arrêt et que cette région, coeur industriel de l'Allemagne, n'avait rien à bouffer. (Pour autant ils ne s'en plaignent pas : ils savent assez ce qu'ont été les crimes nazis pour ne pas s'étendre sur leurs propres souffrances. - il est même difficile de les faire parler là-dessus.)
Il suffit de se rappeler que les soldats alliés à l'ouest ont été surpris d'être bien reçus par les civils allemands, et que le mouvement de résistance clandestin promis par Hitler (le Wehrwolf) grosse inquiétude des généraux alliés, a été totalement inexistant. Sur les derniers murs de la guerre, à côté des slogans nazis (Sieg oder Siberien - la victoire ou la Sibérie) les Allemands prenaient le risque de graffitis :"Das verdanken wir Hitler" - c'est à Hitler que nous devons cela - et le mot courait les rues : "Profitez de la guerre, la paix va être épouvantable". Ce qui fut effectivement le cas des années 45 à 48, pour le pire, et on ne peut prétendre que la suite fut spécialement facile.
Le seul ancien combattant avec lequel j'ai eu l'occasion de "discuter" (à 12 ans en 5ème mon allemand restait limité) était le père de ma famille d'accueil - dans un petite ville au nord du même Land de Nordrhein-Westfalen - qui avait été prisonnier en France. Déjà bien âgé, j'ai supposé qu'il avait connu une guerre tranquille à l'ouest, et on l'imaginait mal en combattant féroce. De même sa période de prisonnier de guerre ne semblait pas l'avoir traumatisé. Il en avait retenu la chanson "Ah le petit vin blanc", qu'il connaissait mieux que moi. (Quelques années plus tard, avec un niveau d'allemand un peu meilleur, j'aurais adoré en savoir plus.)
Je suis peut-être né trop tard, mais enfin des Allemands restés nazis (ou même simplement persuadés de l'innocence du régime nazi) non seulement je n'ai jamais vu, mais je n'en ai jamais entendu parler, de la part d'amis allemands pourtant très vigilants sur le sujet. Je ne doute pas qu'il y en ait eu, mais dans quelles proportions ?
Bref, on l'aura compris, je trouve le lancement de ce sujet particulièrement lamentable, et si je ne le verrouille pas, c'est simplement parce qu'on ne combat pas les préjugés en faisant taire leurs auteurs. Donc parlons-en.Loïc, vous semblez trouver choquant que des Allemands aujourd'hui osent parler des bombardements des villes allemandes comme de crimes de guerre. Mais comment appeler ça autrement, et de quel droit leur serait-il à jamais retiré la possibilité de les évoquer ? (On peut se souvenir que les Anglais choqués en découvrant l'état des villes allemandes - et par l'hécatombe de pilotes et d'équipages anglais - ont tellement critiqué le général "Bomber" Harris que celui-ci a préféré aller s'installer en Afrique du Sud.)
la vérité, c'est que l'Allemagne de 1945 a subi une terrible punition, et en a tiré les leçons.
Edit : Merci Walsingham de ramener un peu de bon sens, et effectivement, la France peut-elle s'honorer d'avoir fait le même travail de révision de ses crimes en Algérie, que l'Allemagne à propos du nazisme ?
C'est très intéressant mais il y a problème de fond : vous me répondez comme si j'avais dit "pourquoi les Allemands d'aujourd'hui ne se sentent-ils pas coupable de la guerre ?"
En fait le fond de ma question c'était surtout : pourquoi l'Allemagne se bornait-elle, extérieurement, à être vu comme l'agressé alors que les autres pays savaient très bien qu'elle provoquait la guerre ?
Je parle surtout des hommes politiques ! comme le dit ThierryM "il est rare qu'un agresseur se reconnaisse comme tel". Cette technique en politique qui consiste a faire la victime quand ça nous arrange me dégoutte au plus haut point.
Francis Walsingham vous m'avez très bien répondu dans la première moitié de votre message.