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L'Arc de Triomphe et ses utilisations politiques
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Auteur :  Jadis [ 02 Jan 2022 15:52 ]
Sujet du message :  L'Arc de Triomphe et ses utilisations politiques

Bonjour à tous,

La polémique du drapeau européen sous l'Arc de Triomphe a fait couler beaucoup d'encre depuis quelques jours, avec des interprétations souvent assez différentes du "juste" usage de ce monument historique et mémoriel.

Souhaité par l'empereur Napoléon en 1805 pour célébrer la victoire d'Austerlitz, ordonné par un décret impérial de février 1806, sa construction est stoppée sous la Restauration en 1815... avant d'être réengagée par le même Louis XVIII en 1823 pour commémorer la campagne française en Espagne de rétablissement du roi Ferdinand VII sur le trône. En 1830, Louis-Philippe réunit ces volontés commémoratives diverses pour en faire le monument des soldats de 1792 à 1815, thème au titre duquel le monument est inauguré en juillet 1836.

Et Napoléon III, en fait-il un usage différent ? Quelle mobilisation politique de l'Arc de Triomphe sous son règne ? Même question pour la Troisième République (qui dote le monument d'un quadrige, en 1882, allégorie de "la France écrasant l'anarchie et le despotisme") ?

En 1921, l'Arc devient le tombeau du Soldat inconnu puis, en 1923, l'hôte de la flamme du souvenir, commémorations de tous les anciens combattants et victimes de guerre, ce qui montre l'élargissement perpétuel de son rôle politique...

A vos avis et bon débat !
Jadis

Auteur :  Pierma [ 02 Jan 2022 16:52 ]
Sujet du message :  Re: L'Arc de Triomphe et ses utilisations politiques

On peut mentionner aussi le défilé de la victoire, début 1919 je pense, où les généraux vainqueurs défilent à cheval sous l'Arc de Triomphe, (Foch, Joffre, Pétain...) suivi par plusieurs régiments représentant les troupes victorieuses. (J'ignore quels régiments ont ainsi été sélectionnés : les plus décorés ?)

Mais c'est davantage une utilisation symbolique que politique.

En 1940, après l'occupation allemande, il y a la fameuse manifestation étudiante du 11 novembre (où certains manifestants avaient amené deux cannes à pêche - pour "deux gaules" - et quatre roues - pour Catroux) qui fut durement réprimée par l'occupant. Là je pense qu'on peut parler de politique, en tous cas d'utilisation patriotique.

Auteur :  Hubris [ 02 Jan 2022 19:27 ]
Sujet du message :  Re: L'Arc de Triomphe et ses utilisations politiques

Je pense aussi aux funérailles nationales de Victor Hugo en 1885, qui furent aussi politiques, dans le contexte d'affirmation laïque de la Troisième République. Un immense catafalque fut veillé toute la nuit du 31 mai sous l'Arc de Triomphe, avant que la dépouille de l'écrivain soit transportée au Panthéon, qui retrouvait pour l'occasion sa vocation de cimetière des Grands Hommes, malgré l'opposition véhémente et la colère des catholiques .

Auteur :  JARDIN DAVID [ 03 Jan 2022 18:40 ]
Sujet du message :  Re: L'Arc de Triomphe et ses utilisations politiques

N'oublions pas non plus, pour ce site, les royalistes de l'AF (wiki indique Jacques Renouvin) qui le 14 novembre 1938 giflent le politique Pierre-Etienne Flandin en pleine dépose de gerbe sur le tombeau du soldat inconnu, mais pour avoir complimenté Hitler suite à la signature des accords de Munich ...
JD

Auteur :  Pierma [ 03 Jan 2022 21:00 ]
Sujet du message :  Re: L'Arc de Triomphe et ses utilisations politiques

JARDIN DAVID a écrit :
N'oublions pas non plus, pour ce site, les royalistes de l'AF (wiki indique Jacques Renouvin) qui le 14 novembre 1938 giflent le politique Pierre-Etienne Flandin en pleine dépose de gerbe sur le tombeau du soldat inconnu, mais pour avoir complimenté Hitler suite à la signature des accords de Munich ...
JD

Je me souviens de ce télégramme de félicitation. Hé bien, la baffe de l'Arc de Triomphe méritait bien ce cadre prestigieux ! :mrgreen:

Auteur :  Jean-Marc Labat [ 05 Jan 2022 13:42 ]
Sujet du message :  Re: L'Arc de Triomphe et ses utilisations politiques

Il ne faut pas oublier l'exposition du catafalque de Victor Hugo en 1885, manifestation républicaine à une époque où la République est encore discutée.

Image

Auteur :  bourbilly21 [ 05 Jan 2022 14:44 ]
Sujet du message :  Re: L'Arc de Triomphe et ses utilisations politiques

Hubris en avait parlé
merci pour l'illustration

Auteur :  Jean-Marc Labat [ 05 Jan 2022 15:33 ]
Sujet du message :  Re: L'Arc de Triomphe et ses utilisations politiques

Oups. :oops:

Auteur :  Vézère [ 07 Jan 2022 9:18 ]
Sujet du message :  Re: L'Arc de Triomphe et ses utilisations politiques

JARDIN DAVID a écrit :
N'oublions pas non plus, pour ce site, les royalistes de l'AF (wiki indique Jacques Renouvin) qui le 14 novembre 1938 giflent le politique Pierre-Etienne Flandin en pleine dépose de gerbe sur le tombeau du soldat inconnu, mais pour avoir complimenté Hitler suite à la signature des accords de Munich ...
JD
Pierre-Etienne Flandin est ainsi bien malgré lui l'héritier de ce qui est presque une tradition gifleuse et fesseuse de la part des militants d’Action Française:
- en 1904 le général André (le sycophante de l’affaire des fiches de 18000 officiers français) se fait gifler aller-retour dans l’hémicycle de la chambre des députés. (exemple un peu boiteux : le gifleur Syveton siégeait avec l’extrême-droite républicaine non monarchiste.)
- en 1909 le professeur Thalamas, père d'une interprétation positiviste et athée de l'épopée de Jeanne d'Arc est fessé cul-nu dans l'amphithéâtre de la Sorbonne. Parmi les fesseurs, Maurice Pujo le chef des Camelots du Roi, qui souhaité théoriser une sorte d'agit-prop avant l'heure (version de droite). Un autre fesseur se nomme Lucien Lacour.
- en 1910, dans les jardins des Tuileries, le même Lucien Lacour gifle carrément le Président du conseil, Aristide Briand himself. Geste politique prémédité, assumé et dont il s'explique lors de son procès et après :
Citer :
« Briand représentait pour moi la loi de séparation, les inventaires, la loi de spoliation, ce qui froissait ma conscience de catholique ; c’était aussi le défenseur d'Hervé, devenu le défenseur de la société capitaliste ; il représentait encore la république et Jules Ferry, qui a chassé Dieu de l’école».
Lucien Lacour fait 3 ans de prison, est gracié par le même Briand devenu ministre de la Justice, devient une idole pour plusieurs générations de militants monarchistes qui l’intégreront dans leur culture chansonnière.

- en 2021, un jeune homme chevelu, sensible aux cris royalistes involontairement perpétués par le cinéma populaire, gifle… mais ceci est une autre histoire, qui nous emmène bien au-delà de la limite chronologique.

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