Léonard a écrit :
Dans certains cas, il ne s'est agit que de remplacer l'élite et de détourner le travail de la société vers le pays colonisateur (ce qui est très proche des méthodes des empires antiques).
Là je distinguerais, pour servir cet objectif, deux formes différentes de domination du pays colonisé : (on exclut donc le cas des colonies de peuplement, déjà évoqué.)
- celle où le colonisateur prend sous sa coupe et sous sa dépendance le chef politique du pays : c'est le cas de Lyautey au Maroc, avec le roi du Maroc qui devient un "souverain protégé", ou de la Tunisie, où le bey de Tunis acquiert le même statut. Les Anglais garderont de la même façon un roi d'Egypte à l'indépendance très théorique.
- celle où le colonisateur prend directement en charge la direction du pays : c'est le cas de l'Indochine, de Madagascar, de nos colonies africaines... La plus belle réussite en ce domaine est sans conteste l'Inde britannique, où le régime du raj n'a jamais mobilisé plus de 50 000 fonctionnaires pour une population de plusieurs centaines de millions d'habitants.
A noter que cette seconde formule est parfois associée avec une part d'immigration de peuplement. C'est le cas de l'Algérie, où la domination politique française est associée à l'arrivée de colons, qui se bornent à s'établir sur les meilleurs terres et dans les grands ports, pour l'essentiel, mais qui sont assez nombreux pour avoir une influence politique en métropole.
Vous pouvez trouver sur Wiki les raisons auxquelles Lyautey, croyant, royaliste et respectueux des élites locales, attribuait sa réussite auprès des Marocains. (le même Lyautey considérait que la colonisation de l'Algérie était l'exemple de ce qu'il ne fallait pas faire, et de fait c'est, je crois, le seul cas où on ait transformé une colonie en départements - tout en gardant le statut de l'indigénat, ce qui est une particularité très atypique pour un département français ! il avait raison, d'ailleurs, ça finira très mal : il me semble que l'Algérie est le seul pays qui ait conquis son indépendance par la guerre sans être, concrètement, soutenu par une puissance extérieure.)
Les Anglais ont pratiqué également une formule d'intégration politique, le roi d'Angleterre se trouvant, par exemple, roi du Canada, représenté sur place par un gouverneur. Mais ils ont su faire évoluer cette formule de façon souple, avec le Commonwealth. (Sauf erreur, la reine d'Angleterre est encore aujourd'hui souveraine du Canada, de l'Australie, de la Nouvelle-Zélande, etc... A vérifier, c'est tellement formel... mais ces liens ont compté de façon essentielle pendant la SGM.)