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Débouchés des études d'histoire
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Auteur :  Elzevir [ 05 Juin 2019 9:06 ]
Sujet du message :  Re: Les études d'histoire

UvyMordicante a écrit :
Pouzet a écrit :
Il me semble qu'un grand débouché des études d'histoire peut-être la politique, eh oui !
Après avoir étudié les grands hommes de l'Histoire, pourquoi ne pas essayer d'en devenir un à son tour ?
Des hommes politiques comme Georges Bidault, Laurent Wauqiez ont eu l'agrégation d'histoire !


Oui. Comme l'un des débouchés de jouer au football avec ses amis le dimanche est de devenir attaquant au Bayern Munich...


Hors la politique et les emplois de très haut niveau, il y a des tas de professions dans lesquelles les historiens peuvent trouver à exploiter leur savoir. Une bonne formation d'histoire, ce sont aussi d'excellentes notions dans la plupart des sciences humaines, anthropologie, sociologie, géographie, sans compter, normalement, un excellent niveau de langage, une belle ouverture d'esprit, une capacité aiguisée à la critique, affûtée par la fréquentation des sources, bien souvent textuelles.

Étudier l'histoire rend plutôt futé, en général. Comme je l'ai écrit plus haut, le journalisme, les relations publiques, les métiers des archives et de la conservation, l'édition, les métiers du livre, etc. Et évidemment la recherche, l'enseignement. Il y a des tas de masters professionnalisant, centrés sur une expertise particulière, un certain bassin géographique.

Affirmer de manière péremptoire "je ne conseillerai pas de faire des études d'histoire a un lycéen", me semble démontrer bien peu d'ouverture d'esprit.

Et écrire que vouloir faire de la recherche est à mettre en parallèle avec les aspirations d'un jeune footballeur qui voudrait devenir pro, pour en souligner la quasi-inaccessibilité, c'est négliger que certains y arrivent très bien chaque année. Il faut un excellent niveau, une motivation solide, de l'entregent et un peu de chance, mais c'est possible.

Avec un esprit pareil, on n'aurait plus aucun candidat à l'agrégation. 1500 candidats, 70 postes, dont 40 garantis pour les ENS, autant abandonner tout de suite ?

Ben non. C'est possible. Avec un esprit de vainqueur plutôt qu'une logique de comptable. Souligner la difficulté, oui, décourager certainement pas.

Auteur :  Vézère [ 05 Juin 2019 9:15 ]
Sujet du message :  Re: Les études d'histoire

Pierma a écrit :
Par exemple passer 1 an, maximum 2, pour une spécialisation en informatique est jouable. Après cela, entre deux programmeurs, un geek qui n'a jamais quitté son clavier, et notre historien, vous prenez lequel ? Et lequel a le plus de chance d'évoluer vers le haut ?
J'ai rencontré à plusieurs reprises le directeur du département innovation digitale d'une TRÈS grande banque française. Ce Monsieur a fait des études d'histoire... Quand je lui ai demandé comment cela était possible et comment s’était déroulé son recrutement, il m'a raconté qu'il y était allé au culot: "j'ai appris à travailler sur le passé, je suis mieux placé que personne pour penser le futur" :rool: :mrgreen:
Il va sans dire que ce ne sont pas ses études d'histoire qui ont pesé dans sa carrière, mais bien sûr sa capacité de travail, sa curiosité intellectuelle, la qualité de son management etc etc etc. Mais tout de même, un parcours intéressant.

Auteur :  Pierma [ 05 Juin 2019 21:58 ]
Sujet du message :  Re: Les études d'histoire

Merci, Vézère, de confirmer que je ne divague pas. Intéressant, et convaincant, votre exemple. %1

Auteur :  Pouzet [ 06 Juin 2019 9:11 ]
Sujet du message :  Re: Les études d'histoire

Citer :
Oui. Comme l'un des débouchés de jouer au football avec ses amis le dimanche est de devenir attaquant au Bayern Munich...


Vous êtes dur....
:mrgreen:
Il y a beaucoup de postes de maires, de conseiller régional, territorial ou autre qui permettent à beaucoup de gens de vivre de la politique.

Auteur :  Pierma [ 06 Juin 2019 12:16 ]
Sujet du message :  Re: Les études d'histoire

Elzevir a écrit :
Dans mes relations, plus ou moins proches, je connais des journalistes, des écrivains, des éditeurs, des libraires, des bibliothécaires, qui ont fait des études d'histoire et ne regrettent rien.

Comme quoi.

Si un(e) lycéen(ne) me demande s'il ou elle doit faire des études d'histoire, je lui dirai "fonce", moi, si la matière le ou la passionne. Tuer une vocation dans l'œuf, à cause de l'étroitesse, toute relative, des débouchés, quelle tristesse. Ce serait comme dire : "ne deviens pas prof, c'est mal payé".

C'est peut-être le futur Braudel, ce(tte) jeune lycéen(ne) rêveur(se) !

Mais je conseillerai tout de même un double cursus pour la licence. Histoire/langue étrangère, Histoire/géographie, Histoire/Droit, etc.

Ou l'ENS, si le jeune homme ou la jeune femme s'en sent capable.

Oui, l'ENS, allons-y ! Et l'ENA après. Un "double cursus", destiné à fournir un parachute, je ne le voyais pas comme ça.

ça me rappelle une brève de comptoir, vous savez, la spécialité de J.M. Gourio. Donc propos noté dans un troquet : "L'Annapurna ? Fastoche !" :mrgreen:

ThierryM a écrit :
'ai l'impression qu'il y a un malentendu sur les observations qui ont pu être faite sur les perspectives professionnelles après un cursus historique. Il n'a jamais été question de décourager qui que ce soit d'entreprendre ce cursus, ou de tuer des vocations dans l'oeuf. Simplement, je trouve imprudent, et de mauvais conseil, de ne pas indiquer à un tel lycéen ou étudiant toutes les conséquences de son choix, du moins ce qu'on en connaît.
C'est bien une question d'honnêteté.

On est souvent effarés de voir à quel point des 1ère année n'ont aucune notion, ni de la difficulté, ni des possibilités transversale ouvertes.

Il se laissent orienter comme des lycéens de Seconde, en gros. Et avec la réforme, ils ont maintenant à faire des choix trop précoces, en 3ème, pour prendre "les options" qui en réalité sont des "majeures", par rapport à un monde du travail et un choix de voies possibles dont ils ignorent tout. :rool:

Auteur :  Elzevir [ 06 Juin 2019 13:22 ]
Sujet du message :  Re: Les études d'histoire

Pierma a écrit :
Elzevir a écrit :
Dans mes relations, plus ou moins proches, je connais des journalistes, des écrivains, des éditeurs, des libraires, des bibliothécaires, qui ont fait des études d'histoire et ne regrettent rien.

Comme quoi.

Si un(e) lycéen(ne) me demande s'il ou elle doit faire des études d'histoire, je lui dirai "fonce", moi, si la matière le ou la passionne. Tuer une vocation dans l'œuf, à cause de l'étroitesse, toute relative, des débouchés, quelle tristesse. Ce serait comme dire : "ne deviens pas prof, c'est mal payé".

C'est peut-être le futur Braudel, ce(tte) jeune lycéen(ne) rêveur(se) !

Mais je conseillerai tout de même un double cursus pour la licence. Histoire/langue étrangère, Histoire/géographie, Histoire/Droit, etc.

Ou l'ENS, si le jeune homme ou la jeune femme s'en sent capable.

Oui, l'ENS, allons-y ! Et l'ENA après. Un "double cursus", destiné à fournir un parachute, je ne le voyais pas comme ça.

ça me rappelle une brève de comptoir, vous savez, la spécialité de J.M. Gourio. Donc propos noté dans un troquet : "L'Annapurna ? Fastoche !" :mrgreen:


Je vous remercie d'assimiler mes remarques à une brève de comptoir. Pourriez-vous préciser, je vous prie, en quoi mon intervention serait comique ou typique d'une discussion de troquet ?

Auteur :  Surya [ 06 Juin 2019 13:29 ]
Sujet du message :  Re: Les études d'histoire

Pierma a écrit :

On est souvent effarés de voir à quel point des 1ère année n'ont aucune notion, ni de la difficulté, ni des possibilités transversale ouvertes.



C'est vrai qu'on observe un changement complet de mentalité (et une prise de conscience) entre les L1 et les L3 : parmi les premiers, la moitié affirme vouloir être prof d'histoire voire faire de la recherche, alors que les L3, complètement désabusés, nous disent "oui tous les profs nous découragent de prendre cette voie-là...alors qu'en même temps ils nous font aimer leur métier en nous l'enseignant"...ce que je trouve extrêmement triste.
Et en même temps je ne me vois pas dire aux L1 fraichement débarqués "Bon vous êtes gentils les cocos mais vous devez être bien conscients qu'il n'y a pas la moitié d'entre vous qui réussira le CAPES", ce serait quand même contreproductif...

Auteur :  UvyMordicante [ 06 Juin 2019 13:43 ]
Sujet du message :  Re: Les études d'histoire

Bonjour,

Elzevir a écrit :
Affirmer de manière péremptoire "je ne conseillerai pas de faire des études d'histoire a un lycéen", me semble démontrer bien peu d'ouverture d'esprit.


Oui, comme je l'ai écrit, je ne conseillerais pas de faire des études d'histoire à un lycéen si :

1) Il ne veut pas devenir prof.
2) S'il n'est pas prêt à changer de route au milieu de ses études (licence d'Histoire puis Master IEP par exemple).

Elzevir a écrit :
Avec un esprit pareil, on n'aurait plus aucun candidat à l'agrégation. 1500 candidats, 70 postes, dont 40 garantis pour les ENS, autant abandonner tout de suite ?


Et bien je ne suis absolument pas d'accord avec vous. Le principal problème des études d'histoire lorsqu'on vise les concours de l'enseignement, c'est qu'il n'y a quasiment aucune "voie de secours" en cas d'échec aux concours. Je sais de quoi je parle. La situation est bien différente pour un juriste qui veut passer l'ENA. Ou même un diplômé d'IEP qui pourra toujours rebondir grâce au "prestige" de son diplôme. J'ai candidaté à plusieurs formations professionnelles (qui restent dans le domaine des SHS), on me regardait comme un martien avec mes études d'histoire.

En tant qu'étudiant dans le système universitaire français aujourd'hui, la vision présentée ici par Pierma est la plus proche de la réalité.

Uvy.

Auteur :  ThierryM [ 06 Juin 2019 15:04 ]
Sujet du message :  Re: Les études d'histoire

Surya a écrit :
Et en même temps je ne me vois pas dire aux L1 fraichement débarqués "Bon vous êtes gentils les cocos mais vous devez être bien conscients qu'il n'y a pas la moitié d'entre vous qui réussira le CAPES", ce serait quand même contreproductif...


Mettons de côté la forme pour ne garder que l'idée. La question ne me semble pas être l'aspect contre-productif, ou productif, d'une telle remarque. Pour moi, si un étudiant pose la question, il me semble que l'important est de lui dire la vérité, ou du moins ce que l'on sait être vrai, ce que l'on connaît. Que cette vérité soit éventuellement dérangeante, ou pas du tout, est secondaire; si vraiment il n'y a pas 50% de L1 qui réussissent le CAPES, il faut leur dire dire. Sinon, cela voudrait dire qu'il faut conseiller à des étudiants de se lancer dans une voie en leur cachant des éléments connus ? Ce serait d'une incroyable hypocrisie.

Auteur :  Surya [ 06 Juin 2019 15:37 ]
Sujet du message :  Re: Les études d'histoire

C'est évidemment de cette manière que les enseignants présentent les choses, en essayant de trouver un juste équilibre entre encourager et accompagner tous les étudiants d'une part et les avertir de la difficulté des concours et du faible nombre de débouchés d'autre part.

Auteur :  Pierma [ 06 Juin 2019 19:41 ]
Sujet du message :  Re: Les études d'histoire

Surya a écrit :
C'est évidemment de cette manière que les enseignants présentent les choses, en essayant de trouver un juste équilibre entre encourager et accompagner tous les étudiants d'une part et les avertir de la difficulté des concours et du faible nombre de débouchés d'autre part.

Là j'ai un gros doute.
C'est le côté "portrait du Petit Jésus" qui me gêne, mais c'est peut-être vrai dans votre fac ?

Et quel est chez vous, le taux d'échec en L1 ?

Auteur :  ThierryM [ 06 Juin 2019 19:57 ]
Sujet du message :  Re: Les études d'histoire

Surya a écrit :
C'est évidemment de cette manière que les enseignants présentent les choses, en essayant de trouver un juste équilibre entre encourager et accompagner tous les étudiants d'une part et les avertir de la difficulté des concours et du faible nombre de débouchés d'autre part.


Nous sommes alors pleinement d'accord. Mais j'avais le sentiment que cette présentation, sinon objective, du moins la plus exhaustive possible n'était pas vraiment celle qui ressortait des conseils en général. Mais ravi de m'être trompé.

Auteur :  Commode-le-clément [ 06 Juin 2019 21:00 ]
Sujet du message :  Re: Les études d'histoire

Passer d'histoire à IEP/les sciences politiques, ce n'est pas un mauvais conseil. Perso après mes 5 ans, j'ai fais une année en science politique. En réalité je n'ai pas beaucoup appris là-bas (en histoire j'étais déjà spécialisé dans la politique, même si c'était le Moyen Âge, bon il y a des connaissances globales qu'on doit avoir), mais comme on regarde avant tout l'intitulé du diplôme, ce n'est pas du tout un mauvais plan (même si vous voulez travailler au service administratif d'une banque, on regardera plus un diplômé en IEP qu'en histoire).

Auteur :  Surya [ 06 Juin 2019 22:59 ]
Sujet du message :  Re: Les études d'histoire

Je ne peux évidemment pas parler au nom de tous les collègues, et je ne sais pas comment ça se passe dans le secondaire, mais je peux vous assurer qu'arrivés en L3, tous les étudiants connaissent les difficultés de poursuivre dans la voie de l'enseignement et de la recherche. Ils m'ont paru également bien informés de l'évolution (catastrophique) qu'on nous promet, avec les cours en vidéoconférence etc. et le nombre toujours plus faible de postes. Les résultats mitigés de la fac (Aix Marseille) aux concours y sont aussi pour quelque chose...

Commode-le-clément a écrit :
Passer d'histoire à IEP/les sciences politiques, ce n'est pas un mauvais conseil. Perso après mes 5 ans, j'ai fais une année en science politique. En réalité je n'ai pas beaucoup appris là-bas (en histoire j'étais déjà spécialisé dans la politique, même si c'était le Moyen Âge, bon il y a des connaissances globales qu'on doit avoir), mais comme on regarde avant tout l'intitulé du diplôme, ce n'est pas du tout un mauvais plan (même si vous voulez travailler au service administratif d'une banque, on regardera plus un diplômé en IEP qu'en histoire).


C'est évidemment la meilleure des réorientations possibles pour un.e historien.ne ! Mais intégrer un IEP en 4e année c'est loin d'être évident, ne serait-ce que parce qu'on n'enseigne (et du coup on n'apprend) pas du tout de la même manière en IEP et en licence d'histoire.

Auteur :  Jerôme [ 08 Juin 2019 21:42 ]
Sujet du message :  Re: Les études d'histoire

Surya a écrit :

C'est évidemment la meilleure des réorientations possibles pour un.e historien.ne ! Mais intégrer un IEP en 4e année c'est loin d'être évident, ne serait-ce que parce qu'on n'enseigne (et du coup on n'apprend) pas du tout de la même manière en IEP et en licence d'histoire.


Intéressant ! Qui pourrait développer et préciser cette distinction entre IEP et licence ?

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