Jerôme a écrit :
Ce chant triomphal à l'origine incertaine est rarement entendu.
Faux ! Il est encore chanté dans certaines grandes occasions. C'est le cas dans le lien donné en tête de ce fil, avec
l'installation du nouvel évêque de Paris
dans sa cathédrale (sa prise de fonction si vous préférez).
Jerôme a écrit :
Il semble puiser à une très ancienne origine : carolingienne comme son nom l'indique ? Mais il a peut être conservé la trace de pratiques tardo-antiques (l'entrée triomphale de l'empereur dans une ville ?) !
C'est ce qu'on dit. Il fut paraît-il, bien avant Charlemagne, une hymne d'installation des empereurs chrétiens.
Liturgiquement parlant, il s'apparente aux litanies des saints, élément habituel depuis la plus haute antiquité des plus grandes solennités chrétiennes : ordinations (des prêtres, diacres et évêques), installation (d'un évêque déjà ordonné dans son nouveau diocèse), consécration (d'une d'église, a fortiori d'une cathédrale). Tout comme les litanies des saints, il peut évoluer, varier, s'allonger, s'adapter à la réalité locale (les saints et les dévotions du diocèse par exemple), etc.
jibe a écrit :
En dehors des "traditions" monarchistes ou intégristes modernes, je me demande si l'on peut historiquement "sourcer" ces "acclamations" vers autre chose qu'une fantaisie romantique d'un auteur de chants grégoriens contemporain de Charles X et du renouveau liturgique de la Restauration...
Ce n'est pas une caractéristique des intégristes, encore moins monarchistes. Comme je l'ai écrit plus haut, ces acclamations sont bel et bien à la fois 1/ d'origine très anciennes, antérieures à Charlemagne, et 2/ toujours d'actualité dans l'Eglise catholique romaine.
Il est évident qu'elles ont perdu depuis longtemps (nous parlons bien d'Histoire) toute connotation monarchiste, pour être une proclamation de ce que les chrétiens appellent le Royaume du Christ. Le Royaume en question étant dans le jargon chrétien le Ciel, ou si vous préférez le Paradis (ce qui n'a rien à voir avec la doctrine politique de quelques exaltés qui se réclameraient du Christ-Roi).
Jerôme a écrit :
Je remercie Champollion mais sa source est imprécise. Je ne crois pas que le Concile Vatican II ait supprimé tel ou tel chant liturgique !
Effectivement, contrairement à ce qui est fréquemment dit et écrit, le Concile n'a
pas réformé la liturgie, il a
appelé à une réforme de la liturgie. Les travaux de réforme de la liturgie se sont tenus
après le Concile. (NB : le schisme mené par Lefebvre était déjà en cours, non à cause du latin et de la liturgie comme on le prétend, mais d'abord et surtout de l'
ecclésiologie - conception de la place de l'Eglise "dans le monde de ce temps" - écrite par Vatican II).
Voilà pour l'Histoire récente, et l'usage toujours d'actualité (et pas seulement chez les
tradis ou
intégristes) des acclamations carolingiennes.
Pour le passage des acclamations impériales aux acclamations chrétiennes, je laisse la parole à plus compétent que moi : MusicaEnchiriadis.