J'ai remarqué que ce sujet est abordé plusieurs fois sur ce forum :
Ce sujet déclenche toujours beaucoup d'acrimonie, puisqu'il induit toujours une comparaison entre les sociétés musulmanes et chrétiennes, envenimées par les anachronismes. Il faudrait je pense acter une bonne fois pour toutes que ces sociétés ont suivi des chemins totalement différents.
Le christianisme s'impose dans une Europe en voie de recomposition, avec un empire romain et des peuples barbares qui vont l'adopter, puis s'entremêler.
J'ai lu qu'il ne va véritablement devenir une religion populaire qu'à partir de l'An Mil, lorsque l'Église aura les moyens de veiller à la qualité des prêtres, et de s'assurer que chaque village a son église, bâtie prés du cimetière. Avec les ordres mendiants, elle diversifiera ces contacts avec les populations. Elle sera alors à même d'imposer aux rois des mesures "hygiénistes", visant à préserver ces populations de mauvaises influences internes. Il y aura d'abord les hérétiques, puis les Juifs, et enfin les sorcières, mais à la toute fin du Moyen Âge.
L'islam est d'abord la religion d'un peuple conquérant, qui va prendre le pas sur ses voisins. Il va mettre en place un état de type colonial, avec des mesures qui ne seront pas très différentes de celles des Mérovingiens, pour qui le meurtre d'un Gallo-Romain est puni de la moitié de la peine prévue pour celui d'un Franc.
Sur ce forum, j'ai vu plusieurs fois que le statut de dhimmi est inspiré de celui que les Byzantins avait imposé aux Juifs. Y a-t-il des sources là-dessus ?
En ces temps-là (et ça n'a pas changé depuis...), il est normal que le vainqueur s'arroge des droits supérieurs au vaincu, et qu'il fasse en sorte que l'exercice de ces droits prenne une allure vexatoire : la communication passe par les symboles. Le vaincu a au moins l'assurance que le vainqueur ramène la stabilité politique, et lui assure une protection, sinon contre les ennemis extérieurs, du moins contre ses propres troupes.
Cela n'empêche pas de mettre en place une politique d'intégration - comme les Francs, mais contrairement aux Wisigoths et aux Vandales-, visant à grossir leurs rangs par le biais de l'adoption, qui se mue en conversion quand le projet religieux se précise.
Dans les zones frontières entre les deux civilisations : l'Espagne à la frontière de l'Andalousie, les principautés de la croisade, l'Asie Mineure, on ne trouverait je pense pas beaucoup de différences de traitement entre les populations. Le but à atteindre est une conquête politique, et non une conversion de masse, alors que les moyens militaires font cruellement défaut.