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Message Publié : 14 Avr 2007 15:40 
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Florian
Une parution très intéressante aux Cambridge University Press que cette Histoire de l'Europe du Sud-Est médiévale due à Florin Curta (University of Florida).

L'auteur s'intéresse à l'aire que recouvrent la Roumanie, le Sud de l'Ukraine et de la Hongrie, la Croatie, la Slovénie, la Serbie, le Montenegro, la Bulgarie, la Macédoine, l'Albanie et la Grèce entre 500 et 1250.

Tout l'intérêt d'une telle étude est d'aborder pour lui-même un espace très rarement étudié en tant que tel mais plutôt en tant que périphérie des grandes aires civilisationnelles de l'époque (monde byzantin et monde latin).

La meilleure synthèse sur le sujet à ce jour.

http://assets.cambridge.org/97805218/15 ... xcerpt.pdf
http://assets.cambridge.org/97805218/15 ... 90_toc.pdf

Image

André Sanphrapé
On peut aussi citer l'ouvrage collectif rédigé par Natalia ALEKSIUN, Daniel BEAUVOIS, Marie-Élisabeth DUCREUX, Jerzy KLOCZOWSKI, Henryk SANSONOWICZ et Piotr WANDYCZ, Histoire de l’Europe du Centre-Est. Paris, Presses universitaires de France, collection « Nouvelle Clio », 2004, CXVI-997 pages, issu d'un ouvrage publié initialement en polonais. 65 euros quand même !

Image

Il couvre l'histoire de la Lituanie, de la Biélorussie, de l'Ukraine, de la Pologne, des pays tchèques, de la Slovaquie, de la Transylvanie, de la Hongrie, de la Croatie et de la Slovénie, des origines à nos jours. À première vue, il s'agit d'un bon récit général de cet espace coincé entre monde germanique et monde russe, peut-être trop général, même s'il intègre des avancées de l'historiographie. La bibliographie, copieuse, est accessible dans la mesure où elle privilégie des ouvrages en anglais, en allemand et, de façon très minoritaire, en français. En raison de la spécialité de la plupart de ses auteurs, la troisième partie de l'ouvrage — traditionnelle dans la collection —, consacrée aux questions d'interprétation, met plutôt l'accent sur des problèmes polonais.


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Dernière édition par Plantin-Moretus le 05 Mai 2007 14:49, édité 1 fois.

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Message Publié : 17 Avr 2007 12:07 
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Fustel de Coulanges
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La très bonne Histoire des Pays tchèques, de Belina, Cornej et Pokorny, en poche chez Points.

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Message Publié : 02 Juin 2007 9:49 
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Déplacé

Bibliographie sur l'Empire russe

Citer :
Moonelf

Quelqu'un pourrait me suggérer plusieurs titres sur l'histoire de la Russie, des origines à l'empire de Pierre le Grand ?

Citer :
Duc de Raguse

Il y a l'ancien ouvrage d'Anatole Leroy-Beaulieu, dont la narration stoppe sous Alexandre III, ou le triptique de Milioukov-Seignobos-Einsmann, qui se veut aussi une histoire de la "Russie originelle" aux années 1930.

Citer :
Prince de Condé

L'Empire d'Eurasie. Une histoire de l'Empire russe de 1552 à nos jours
http://www.decitre.fr/livres/L-Empire-d ... 2213623122

Celui-là aussi : Histoire de la Russie. Des origines à 1996
http://www.decitre.fr/livres/HISTOIRE-D ... 2221083994

Citer :
Moonelf

J'avais oublié de mentionner qu'il y a bien sur le livre de Michel Heller, L'histoire de la russie et son empire des origines a ( je suis désolé pour la faute, je ne trouve pas l'accent de grave sur ce clavier qui n'est pas el mien!) nos jours.

Citer :
Duc de Raguse

Le livre de Heller n'est pas trop mal, mais la plupart des auteurs du XXème siècle ne font que reprendre les 3 volumes de Leroy-Beaulieu.
Pour ce qui est de la Russie du XIXème siècle, avec le tournant de la crise de 1904-1917, l'ouvrage de Setton-Watson est très bon !

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Message Publié : 19 Juil 2007 9:26 
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Dernier numéro des Cahiers du monde russe consacré à la Russie au XVIIIe siècle:

Image
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SOMMAIRE

Dossier – La bibliothèque d’architecture de Pierre le Grand

Avant-propos par Alexis Berelowitch, Wladimir Berelowitch, Valerij Leonov
et Valérie Pozner
Irina BELJAEVA et Irina LEBEDEVA – L’histoire de la bibliothèque de Pierre le Grand et de ses catalogues
Olga MEDVEDKOVA – La bibliothèque d’architecture de Pierre le Grand : entre Curiosité et Passion
Émilie d’ORGEIX –La collection du prince artisan : les dessins de fortifications de Pierre le Grand conservés à l’Académie des sciences de Saint-Pétersbourg
Dirk VAN DE VIJVER –L’étude de la science architecturale : formation d’un gentilhomme architecte russe en Brabant et en Hollande (1718-1727)
Administration et empire
Anna JOUKOVSKAÏA-LECERF –Hiérarchie et patronage : les relations de travail dans l’administration russe au XVIIIe siècle
John LEDONNE –Building an Infrastructure of Empire in Russia’s Eastern Theater 1650s-1840s

Récit
Avant-propos par Elena BALZAMO et Anna JOUKOVSKAÏA-LECERF
Carl von ROLAND –Souvenirs de captivité en Russie et des guerres de Charles XII

Note de recherches
Sergey V. KOROLEV –French books with Catherine II’s coat of arms from the former Hermitage Library

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Message Publié : 11 Août 2007 13:54 
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Grégoire de Tours
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Un ouvrage sur la Russie médiévale qui a l'avantage d'être clair et accessible, sur une période qui doit être la moins étudiée de l'histoire russe, malgré qu'elle soit importante, notamment pour l'Empire byzntin.

Jean Pierre ARRIGNON, La Russie médiévale, Belles lettres.

Image

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Victi, vincimus.


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Message Publié : 11 Août 2007 14:00 
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La meilleure synthèse sur la Russie médiévale demeure celle de Janet Martin aux Cambridge UP dont une nouvelle édition doit paraître en novembre 2007:

Image

Citer :
Présentation de l'éditeur:

This revised edition is a concise, yet comprehensive narrative of the history of Russia from the reign of Vladimir I the Saint, through to the reign of Ivan IV the Terrible. Supplementing the original edition with results of recently published scholarship as well as her own research, Janet Martin emphasizes the dynamics of Russia's political evolution from the loose federation of principalities known as Kievan Rus' through the era of Mongol domination to the development of the Muscovite state. Her analyses of the ruling dynasty, of economic influences on political development, and her explorations of society, foreign relations, religion, and culture provide a basis for understanding the transformations of the lands of Rus'. Her lines of argument are clear and coherent; her conclusions and interpretations are provocative. The result is an informative, accessible, up-to-date account that will be of interest to both students and specialists of early Rus'.

• Emphasizes influences and relationships among distinct phases of early Russian history • Draws upon recent scholarship and the author's own research • Presents a coherent, interpretive narrative while also clearly relating competing arguments and conclusions
Contents

1. The era of Vladimir I; 2. Princes and politics (1015–1125); 3. Kievan Rus’ society; 4. Kievan Rus’: the final century; 5. The Golden Horde; 6. The Russian lands within the Golden Horde; 7. The Daniilovich ascension; 8. The unification and centralization of Muscovy; 9. Muscovite domestic consolidation; 10. Foreign policy and foreign trade; 11. Ivan IV the Terrible; 12. Conclusions and controversies.

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Message Publié : 05 Sep 2007 16:40 
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Vient de paraître chez Fayard:

Sites de la mémoire russe, Tome 1, Géographie de la mémoire russe

Image

Citer :
Une histoire de la civilisation russe qui n'est ni événementielle, ni une historiographie, ni une collection d'essais sur des sujets sociologiques ou anthropologiques. L'ouvrage s'inscrit dans la suite des 'Lieux de mémoire' en France, conçus par Pierre Nora il y a vingt ans. Pour ce qui est de la Russie, la réforme des recherches historiennes ne fait que commencer. L'historiographie russe est encore dominée par les grandes problématiques de l'opposition Occident / Russie, ou encore slavophiles / occidentalistes, c'est-à-dire toujours idéologisée.


45 euros tout de même!

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Message Publié : 18 Sep 2007 12:31 
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Je reviens sur le premier tome des Lieux de mémoires russes cité ci-dessus pour vous dire qu'ayant lu une bonne partie de l'ouvrage, il vaut vraiment le détour malgré son prix un peu douloureux pour le portefeuille: c'est un beau voyage dans l'histoire et la géographie russe, très bien écrit et très bien édité qui plus est (brochure solide, cahier d'illustrations de qualité).

Ci-dessous, un entretien avec G. Nivat, maître d'oeuvre de l'ouvrage, paru dans Libération:

Citer :
L'empreinte russe

Les musées, les paysages, les rites, l'immigration, la langue : premier volume d'une trilogie, sous la direction de Georges Nivat, qui explore les sites de la mémoire russe. Entretien.

Par Lorraine MILLOT

Le troisième mot que l'on rencontre dans cette somme sur la mémoire russe... est «oubli». En s'embarquant dans un vaste tour d'horizon, le professeur Georges Nivat savait bien qu'il se lançait sur des sables mouvants, si ce n'est minés. Rares sans doute sont les pays qui ont autant que la Russie tenté de massacrer et manipuler leur mémoire. Et rares sans doute les cultures aussi méconnues. Avant même le travail communiste d'amnésie collective et de destruction systématique de la culture orthodoxe, rappelle Georges Nivat, il y a avait déjà eu Pierre le Grand, voulant reconstruire la Russie de zéro, depuis une nouvelle capitale, avec des techniques et une culture importées de Hollande ou d'Allemagne...

Pour cette première approche de la mémoire et de l'oubli russes, Georges Nivat remplit pourtant plus de 800 pages sans peine, premier volume d'une trilogie. Ce qui s'est perdu physiquement est plus que gagné en mythes et récits littéraires. Même une «ville nouvelle» comme Saint-Pétersbourg ne cesse d'invoquer «l'antiquité» , rappelle le très bel essai de Vladimir Berelovitch. Mieux, sous la plume des écrivains russes, Gogol ou Dostoïevski notamment, la ville nouvelle devint cité «des idées noires, de la mélancolie, des illusions perdues, de la folie ou du crime...»
Ce premier volume ressemble à ce que les Russes appellent une «fourchette» ou une «table suédoise» : un buffet extrêmement copieux où chacun pourra piocher, au gré de son appétit, des textes pointus et savants sur différents monastères, musées, écoles et bibliothèques. Ou d'autres plus rafraîchissants sur la porcelaine, les parcs et jardins ou la gentilhommière russe. Le deuxième tome, promis pour l'automne 2008, sera consacré aux grands récits historiques qui ont «façonné» la mémoire russe. Le troisième, très prometteur, auscultera les «pathologies» de cette mémoire : ses mythes et ses emballements. «Car un mensonge que l'on fabrique devient aussi une vérité», a retiré Georges Nivat de sa longue immersion dans la culture russe.

Professeur honoraire à l'université de Genève, Georges Nivat est lui même un puits de mémoire, intarissable sur la passion de sa vie, la langue et la culture russes. Auteur de nombreuses traductions de Soljenitsyne, Pouchkine, Siniavski Andreï Biély, il avait déjà codirigé une magistrale Histoire de la littérature russ e , en sept volumes, avant de se lancer dans cette traque de la mémoire russe.

Est-ce bien un livre sur la mémoire russe que vous publiez là, ou plutôt sur l'oubli ?

Il est sûr que l'oubli est un élément essentiel de la mémoire russe ! Mais ce sera surtout sensible dans les deux tomes à suivre. Dans ce premier volume, j'ai tenté de faire la géographie des lieux de mémoire russe, comme Pierre Nora l'a fait pour les lieux de la mémoire française, sans bien sûr copier son plan. Certains lieux sont évidents comme les musées, les académies ou les rituels orthodoxes. D'autres moins, comme la langue, le paysage ou la littérature de l'émigration, Ivan Bounine en particulier. La langue russe a une énergie particulière qui en fait un site de mémoire en elle-même. Nombreux sont les auteurs qui l'ont célébrée, de Tourgueniev à Mandelstam, pour qui le russe était la langue grecque retrouvée. Je dirais aussi que la langue russe va plus loin dans l'intimité de l'être que des langues plus logiques, comme le français. Mais cela, je le raconte dans un autre ouvrage (1).

C'est l'un des paradoxes qui jaillit de ce premier volume : la mémoire russe a beau avoir été plusieurs fois brisée et martyrisée, elle ne s'en est pas moins transmise. En sautant parfois des époques ?

Tout fonctionne par duplication et reprise. Mais ce n'est pas exclusif à la Russie. Chez nous, la Renaissance fut aussi une «seconde naissance» où l'on voulut retrouver Rome. La Russie a fait des duplications de sa propre histoire et d'histoires étrangères. La révolution bolchévique se voulait à la fois une création ex-nihilo, mais aussi une duplication de la révolution française. Elle devait réaliser ce qui avait échoué en France avec Thermidor... Et Lénine était aussi un deuxième Pierre le Grand. Comme lui, il faisait une révolution d'en haut, il recommençait tout à zéro.

Peut-on comparer mémoire russe et mémoire française ?

Il n'y a pas d'équivalent russe à notre Jules Michelet. La Russie compte bien sûr de grands historiens, Karamzine, Sergueï Soloviov, Klioutchevski... Mais aucun de leurs récits n'a su mobiliser tout le pays comme ceux de Michelet en France. En revanche, les ethnographes locaux, apparus au milieu du XIXe siècle, ont sauvé beaucoup de choses, surtout à l'époque soviétique, malgré les énormes destructions des années 1920. Des gentilhommières, décrites dans les romans de Tourguéniev, il ne reste souvent aujourd'hui que l'allée de tilleuls, et l'étang. Sur 40 églises comptées à Arkhangelsk avant la révolution, 39 ont été détruites... Bien sûr, on peut reconstruire aujourd'hui. Mais ce n'est pas tout à fait la même chose. Les générations n'ont pas grandi dans le respect du monument.

N'est-ce pas ingrat de vouloir faire travail de mémoire dans un tel pays ?

Cela me rappelle le fameux poème de Tioutchev sur les isbas russes. Plus elle a l'air humble et insignifiante de l'extérieur, plus elle est riche à l'intérieur. Ce qui a été détruit physiquement s'est souvent conservé sous forme de mythes, ou grâce à la littérature. Pour détruire totalement la mémoire, le régime bolchévique aurait du interdire la littérature, comme Mao l'avait fait. Avec une grande littérature classique, l'ennemi est dans la place. Même si l'on ajoute une préface marxo-léniniste à Tolstoï ou Pouchkine, il y reste d'immenses leçons d'émancipation.

Au contraire, au plus fort de la terreur, en 1937, Staline fait célébrer le centenaire de la mort de Pouchkine...

Et l'émigration russe à Paris choisit aussi Pouchkine comme lieu de mémoire : elle fait de son jour de naissance le jour de la culture russe. Les deux Russies s'étaient réunies pour sacraliser Pouchkine, «notre tout», comme on dit en Russie. C'est d'autant plus intéressant qu'aussitôt après sa mort, Pouchkine avait été un peu oublié. Son culte n'a vraiment commencé qu'avec le grand discours de Dostoïevski en 1880, lors de l'érection d'un monument à Moscou. Dostoïevski a créé une émotion fantastique autour de Pouchkine en expliquant comment la soumission de Tatiana à la loi, dans Eugène Onéguine, était en fait un dépassement de la loi. «Je me suis donnée à un autre, mais je vous suis restée fidèle, explique-t-elle en substance. C'est l'essence même de la Russie, dit Dostoïevski.

Ce premier tome évoque un autre paradoxe encore : la Russie est aussi le pays de la «mémoire longue»...

Je m'en suis aperçu très tôt, quand je commençais à fréquenter l'émigration russe, et qu'on me parlait sans cesse de la victoire sur les Polonais [en 1612, ndlr]. Pour des Français, même calvinistes, la Saint-Barthélemy est du passé. Pour les Russes, 1 612 est un événement très proche. La Russie a une mémoire longue, qu'elle cultive parfois de façon un peu maladive. On s'accroche ainsi à 1 612 ou 1812, la victoire sur Napoléon. Ce qui permet de dire : nous avons toujours été envahis, nous ne sommes pas un peuple agresseur. Mais cette mémoire longue est une réalité, que l'Occident souvent ne comprend pas. De même, le souvenir de la Seconde Guerre mondiale ­ la Grande Guerre pour la patrie, comme on dit en Russie ­ est cent fois plus important pour la Russie que pour nous.

Une autre surprise de ce livre est l'évocation du terrorisme : serait-il aussi un élément de la mémoire russe ?

La Russie d'aujourd'hui se décrit volontiers comme assiégée par le «terrorisme international»... et oublie qu'elle est peut-être celle qui a inventé le terrorisme ! Pensez à l'assassinat du tsar Alexandre II ou à l'aura qu'avaient les terroristes russes au XIXe siècle. Souvorine, l'éditeur de Dostoïevski, qui se promenait avec son auteur sur la perspective Nevski lui demandait : s'il surprenait un homme en train de tramer un attentat, irait-il le dénoncer ? Non, je ne crois pas, répondait Dostoïevski. Le terrorisme correspond bien au maximalisme russe. Tout purifier par un attentat...

Où en est la Russie d'aujourd'hui avec sa mémoire ?

Comme on dit en russe, le bâton a deux bouts. Il y a du bon : on réédite massivement des auteurs comme Karamzine, Soloviov, Klioutchevski... La Russie récupère ses grands émigrés, comme George Vernadski, qui enseignait à Princeton. Pour cet historien «eurasien», l'intermède tatare n'est plus un «joug», mais une période de plein droit de l'histoire russe. Tout cohabite aujourd'hui en Russie, tout est sur le marché, et advienne que pourra...

La Russie de Poutine avance-t-elle dans sa quête d'identité nationale ?

Oui et non. Pour moi, la bipolarité de l'hymne ou du drapeau [qui mêlent les symboliques tsariste et soviétique] n'a rien de choquant. Le tricolore français mêle bien aussi le blanc royal et les couleurs de Paris insurgé. La recherche du compromis dans la symbolique est sans doute saine et utile. De toutes façons, le pouvoir a beau tenter de contrôler la mémoire, sur le long terme, c'est un phénomène non maîtrisé. La mémoire russe relève de fondamentaux comme la langue, le paysage, l'errance, l'instabilité ou la recherche de la perfection... C'est la ville de Kitej [ville de légende, peuplée de bons et justes, qui se fit invisible pour échapper à l'invasion tatare], le refus de tout compromis et la grande utopie du socialisme russe... Bien sûr, les camouflages et les ruptures sont importants. Ils expliquent certaines manifestations actuelles, les complexes, l'auto-lacération ou l'orgueil national... Mais ce n'est pas l'essentiel.


(1) «Vivre en russe», à paraître aux éditions de l'Age d'homme en septembre.

Source : Libération du 6 septembre 2007
http://www.liberation.fr/culture/livre/276513.FR.php


La critique de l'ouvrage parue dans Le Figaro:

Citer :
Topographie de l'identité russe, par JF Colosimo


Georges Nivat - Le premier tome d'une gigantesque trilogie recense ce qui constitue « la mémoire et les mémoires » de la Russie.

Grave déconvenue pour les russophobes de métier ou d'occasion. Voici un livre qui fera plus pour la liberté à Moscou que toutes les cancres gesticulations qui réduisent la Russie à une preuve négative du génie de l'Occident, à une caricature cauchemardesque de la belle Europe, à une éternelle tyrannie vouée à la théocratie et à l'impérialisme asiates, au populisme xénophobe et à la servitude volontaire.

Il est donc, n'en déplaise aux bien-pensants, une civilisation russe dont Georges Nivat, un de ses seuls vrais passeurs avec Hélène Carrère d'Encausse, se fait ici l'archiviste, en dressant le recensement des sites, matériels et immatériels, qui en constituent « la mémoire et les mémoires ». Le titre même de l'entreprise signale ce qu'elle emprunte en inspiration et en méthode à Pierre Nora : il s'agit bien d'écrire une histoire qui échappe à l'historiographie, à l'opposition convenue entre l'événement et la structure, pour s'enquérir des lieux et objets où se fabrique et se transmet l'identité. Que ladite nation soit la Russie explique cependant une différence d'ambition. Car cette oeuvre résolument critique, parce que réellement savante, ne va pas sans un effet politique immédiat.

Perpétuelle commémoration

Entre amnésie et hypermnésie, collusion des symboles et confusion des souvenirs, rappels et oublis, comment sort-on de soixante-dix années d'un totalitarisme qui prétendait à la dictature sur le temps, qui se voulait pure anticipation et qui n'était que perpétuelle commémoration ? Comment raccommode-t-on le fil rompu à coups de démolitions, de trucages, d'hécatombes ? Comment penser ce qui, d'avant-hier à après-demain, fonde l'être profond des Russes et leur communauté de destin ?

Peut-être en commençant par rendre la parole à l'intelligence russe. Signe fort, les collaborateurs scientifiques de cette somme, historiens, sociologues, conservateurs, ont été pour l'essentiel recrutés à Moscou, Saint-Pétersbourg, Kiev - à quelques notables exceptions dont Wladimir Berelowitch, le traducteur en langue française de Zinoviev. Nivat leur a donné pour mission de répertorier, dans ce premier tome d'une monumentale trilogie, la « géographie » de la mémoire russe, d'inspecter le paysage, canonisé dès le XVIIIe siècle par la peinture et la littérature. Résultat : c'est tout un monde qui ressuscite. Ou plutôt des mondes. Celui de la campagne, dominée par le monastère. Celui de la ville, où le théâtre rivalise avec l'église, l'académie avec le séminaire, la nécropole avec le musée. Et enfin celui de l'ailleurs, de la Russie de l'étranger, « hors frontières », portative - et dont Paris fut, avant même 1917, un haut lieu.

Dans le même temps, il n'est pas anodin que ce projet ait vu le jour en France, dans une maison à qui l'on doit nombre de révélations venues de l'Est. Sortir de l'idéologie mensongère : ce volume nous convainc que le mot d'ordre soljenitsynien vaut autant sur les rives de la Seine que sur celles de la Moskova, en nous invitant à une découverte lucide et passionnée de l'altérité.

Source: Figaro du 6 septembre 2007
http://www.lefigaro.fr/litteraire/20070 ... russe.html

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Message Publié : 16 Oct 2007 22:17 
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Thucydide
Thucydide

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Sur le système soviétique dans son ensemble, et plus particulièrement le complexe militato-industriel et spatial :

"De Spoutnik à la Lune, histoire secrète du programme spatial soviétique"

de Pierre Baland (Actes Sud)

Révélateur sur le rêves de grandeurs de l'empire soviétique et comment il se prit à son propre piège avec sa propagande. De portée très générale sur le fonctionnement de la Russie de l'époque

http://www.cultura.com/imageProduit.aspx?id=1223809

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l'avenir a ses racines dans le passé ... et je compte y passer le restant de mes jours !


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Message Publié : 20 Oct 2007 22:44 
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Fustel de Coulanges
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Florian a écrit :
Vient de paraître chez Fayard:

Sites de la mémoire russe, Tome 1, Géographie de la mémoire russe



Feuilleté aujourd'hui. Ce livre à l'air particulièrement intéressant et bien fait... hélas...

Citer :
45 euros tout de même!



Oui, tout de même :?

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Message Publié : 25 Oct 2007 17:53 
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La Roumanie
Culture et civilisation
Mircea Goga

En 1919, le président de la République, Raymond Poincaré, s’est exclamé, plein d’admiration et de respect : « L’existence des Roumains est un miracle et leur langue est une énigme ». De tous les peuples latins, les Roumains ont le mieux préservé la romanité, et le roumain est la langue romane qui a le mieux conservé l’héritage latin. La culture et la civilisation roumaines, une forma mentis latine, représentent un pont entre deux mondes, cultures et civilisations, l’Occident et l’Orient. Cet ouvrage fournit des connaissances fondamentales aux étudiants qui étudient la langue, la littérature, la culture et la civilisation du peuple roumain, ainsi qu’à tout lecteur intéressé par l’approche de la spiritualité roumaine, si riche et originale sur le plan européen et universel. Le livre offre des points de vue synthétiques sur la Roumanie et les Roumains, sur leur langue, leur mentalité et leur spécificité ethnique, sur leurs traditions et leurs coutumes. Il présente également les principaux événements de la culture et de la civilisation de l’espace carpato-danubien-pontique, les étapes de l’évolution des Roumains en tant que peuple et nation, ainsi que les personnalités les plus marquantes, des origines du peuple roumain à nos jours.

Auteur ou coauteur de 63 livres, membre de l’Union des Écrivains de Roumanie et de l’Association des Scientifiques de Roumanie, Mircea Goga enseigne, depuis 1999, à l’Université Paris – Sorbonne. En 2004, il a publié aux PUPS un livre intitulé "Une île de latinité" très prisé des étudiants.

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Message Publié : 23 Nov 2007 17:52 
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Message Publié : 14 Mai 2008 16:18 
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Polybe
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Histoire des peuples d'Europe Centrale, Georges CASTELLAN, Fayard


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Message Publié : 08 Juin 2008 14:51 
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Hérodote
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HISTOIRE DES TCHEQUES ET DES SLOVAQUES, Antoine Marès, Tempus.
Prix = environ 11€.


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Polybe
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Europe centrale et balkanique:Europe médiane : aux sources des identités nationales, Paris : Institut d’études slaves, 2005.
(Un recueil de sources concernant les "constructions identitaires" de l'époque contemporaine: les textes fondateurs des discours nationaux ou nationalistes, les textes de référence auxquels faisaient allusion les "éveilleurs nationaux" des 19e et 20e siècles.)

Pologne:
Daniel BEAUVOIS, Pologne: Histoire, société, culture, La Martinière, 2004, 26€.

Hongrie:
Miklós MOLNÁR, Histoire de la Hongrie, Perrin, 11 €.

Roumanie:
Traian SANDU, Histoire de la Roumanie, Perrin, 2008, 23 €. (vient de paraître)


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