Sven a écrit :
A l’époque moderne le territoire de l’Ukraine actuelle est tiraillée par deux puissances, le royaume catholique de Pologne-Lituanie et l’empire orthodoxe russe, c’est là que prend place l’histoire de Tarass Boulba de Gogol qui défend la foi orthodoxe contre les polonais. La foi orthodoxe est centrale de l’identité des slaves orientaux et l’époque moderne ne fera qu’accentuer cela, surtout qu’avec la chute de Byzance en 1453, Moscou devient la 3e Rome et le patriarche de Moscou le « chef » de l’eglise orthodoxe, bien que dans les faits ce soit plus complexe que cela. Il faut retenir que les polonais favorisent l’émergence de la langue ukrainienne et la constitution d‘églises uniates, de rite oriental mais rattachée à Rome.
D’un point de vue historiographique, Iaroslav Lebendinsky, historien et professeur de langue à l’INALCO de Paris, d’origine ukrainienne, considère que la Rus’ de Kiev est l’embryon de ce qu’on appèle la Ruthenie qui donnera l’Ukraine alors que la Russie ne naîtrait qu’avec la Moscovie au XIVe siècle.
Merci pour cet exposé. Les mentions de Tarass Boulba et de Iaroslav Lebedynski m'amènent à évoquer le phénomène Cosaque, dont l'Ukraine fut l'épicentre. I. Lebedynsky décrit précisément les Cosaques d'Ukraine dans
Les Cosaques, ed. errance. Il s'agit de communautés de Slaves qui adoptent un mode de vie semi-nomade sous l'influence des peuples cavaliers turco-mongoles, et se font une spécialité de lutter contre eux. Ils sont donc très présents dans la rétraction du territoire de l'empire Ottoman, aux côtés des Polono-Lituaniens.
Mais, attachés à leur foi orthodoxe, ils préfèrent, sous la conduite de l'hetman Bogdan Khmelnistki, se rapprocher de la Russie en signant le traité de Pereïaslav en 1654. Selon Lebedynsky, cet accord ne fut pas favorable aux Cosaques, les Russes imposant un contrôle de plus en plus étroit sur le territoire ukrainien, avec la dissolution officielle de la société Cosaque, la "Sietch Zaporogue" par Catherine II de Russie en 1707.
Gogol, le plus grand écrivain ukrainien, qui a publié ses livres en russe, a immortalisé les Cosaques avec Tarass Boulba et évoqué la visite des Cosaques à la grande Catherine dans une de ses nouvelles.