Pédro a écrit :
J'ai du mal avec le concept d'individu pour ce genre de société ; si je reprends Durkheim, ce sont des sociétés assez homogènes dont les individus sont peu spécialisés si on compare avec la société romaine par exemple et l'importance du groupe tribal ou familial l'emporte sur l'individu.
Désolé, mais je pense qu'on ne parle pas de la même chose. Je parlais sur le plan génétique, pas sociétal. En fait, à lire certains textes, on pourrait croire que tel marqueur génétique marque un groupe, une tribu... Donc que tous les membres d'un groupe partagent ce marqueur génétique, voire même qu'il n'existerais pas en-dehors de ce groupe. La réalité génétique est infiniment plus complexe. Un groupe est constitué d'individus qui possèdent leur lot de gène. Sauf s'ils viennent d'un groupe très fermé et isolé, et on en connait très peu, il y a toujours eu des brassages génétiques avec les groupes adjacents. De même, quand un groupe commence à atteindre une certaine proportion d'individus, on multiplie les chances qu'il ne se scinde en sous-groupes, qui vont se mélanger avec les autres groupes ou sous-groupes.
Sur le plan génétique, on pourrait poser la question : "les vandales, c'est quel marqueur ?" ... Or cette question est erronée à la base. Si les vandales sont un groupe génétique homogène, il y a des chances qu'un marqueur spécifique soit partagé par 70 à 80% des individus qui composent ce groupe. Autrement, ça peut être 20 ou 30%, voire moins. Car chaque groupe est constitué d'individus, et cela même si la cohésion sociale est forte. D'ailleurs, plus les conditions de vie sont difficiles, et plus une bonne cohésion sociale est nécessaire pour qu'un groupe espère survivre. Et cela même s'il accepte que des non-membres du groupe s'insère dans leur société. D'ailleurs, plus il en accepte, plus il augmente ses chances de survie, dans certaines limites.
Pour ce qui est de la "survie", que ce soit des gènes ou des marqueurs génétiques, la question est aussi de considérer s'il n'y a pas eu des phénomènes de "purges", que ce soit génétique ou sociétale. Je vais définir ce que j'entends pas ces 2 termes. Le premier, c'est relativement simple, les généticiens des populations ont vite compris que dans certaines conditions, les gènes qui pénalisaient les individus qui les portent tendent à disparaitre en quelques générations. Prenons un exemple, un guerrier vandale parfaitement adapté à son environnement originel : climat tempéré, milieu de savane ou de forêt, avec des hivers plus ou moins froids. Donc, il suit son groupe et arrive en Afrique du nord ... où il est exposé à un environnement différent. Prenons le cas où c'est un bon guerrier, admettons qu'en récompense il accède à 2 ou 3 femmes du pays conquis. Admettons qu'il a 10 enfants. Lesquels ont le plus de chances de survivre jusqu'à l'âge de procréer ? Ceux qui ont hérité de leurs mères les gènes permettant une meilleure survie dans un environnement quasi-tropical ou ceux avec des gènes adaptés au climat continental ? Il faudra combien de générations pour que les gènes concernés soient totalement "purgés" des descendants de ce guerrier ? Et avec eux les marqueurs génétiques qui se trouvent proches des régions purgées de l'ADN... D'après certains généticiens, la réponse se situe entre 5 et 10 générations.
En fait, la fourchette est large car il y a un autre phénomène : la sélection sexuelle. Voilà le royaume des vandales qui s’effondre, écrasé par le général byzantin Béllisaire en 533. Puis, vers 661, la région passe sous domination arabe. A un moment, le fait d'avoir une peau claire, des cheveux blonds ou roux, des yeux bleus peut être plus ou moins bien perçu selon qui règne à ce moment-là. Donc, les descendants des vandales, en terre musulmane, femmes ou hommes, ont eu un plus ou moins bon accès à la reproduction. Ce qui peut aussi influer sur la présence des marqueurs génétiques. Sans oublier qu'apparemment, une bonne partie des guerriers vandales présents lors de la re-conquête par Béllisaire ont été embrigadés dans l'armée byzantine est serait retournés dans le monde byzantin.