Asclépiodote et Elien, lis-les au plus vite, tu ne PEUX PAS t'en passer pour ton sujet, tu comprendras pas mal de choses sur la phalange.
Ce qui y est décrit est certes très mathématique, très géométrique, mais pas si théorique que cela. Et en particulier pour les grades, les ordres et les formations, qu'ils n'ont pas inventé, surtout que pour les grades et subdivisions en particulier, il signale des variations dans les différentes appellations, sans préciser chez qui ou quand. Une des difficultés, c'est de savoir de quelle armée ils parlent, de quelle époque. Ce n'est clairement pas celle d'Alexandre (qui n'obéit pas à cette règle du dédoublement systématique qui caractérise Asclépiodote). A mon avis, par contre, l'armée séleucide du IIe est en plein dedans. Exemple justement avec Magnésie : la Phalange y est décomposée en 10 unités de 1600 hommes. C'est exactement l'effectif décrit par nos auteurs. Les éléphants sont regroupés en deux divisions de 16, les autres répartis par paire. C'est exactement l'effectif des subdivisions d'Asclépiodote (en général daté du IIe avant, sans grande garantie). Mais il compile aussi plusieurs traités, et surtout entre dans des détails parfois un peu risible, il détaille ce qui est simple à l'extrême... mais comme n'importe quel manuel pour militaire !
Donc théorique, non, mais faisant référence à une réalité qui n'a pas forcément existé longtemps et de toute façon non universelle (Alexandre à ses débuts décompose son unité de 1500h en 3 bataillons de 500 ; la phalange d'Asclépiodote divise 1600h en 4 bataillons de 400h, chiffre arrondis).
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Polybe nous dit que le phalangite prend 3 pieds d'espace de chaque côté. Ça donne une certaine liberté de mouvement je pense, mais tout cela est théorique...
Il s'agit de l'ordre intermédiaire d'Asclépiodote, sans doute le plus courant, celui que les phalanges adoptent avant d'entrer au combat. Cela ne fait tout de même pas énorme, moins d'un mètre carré. S'il faut commencer à tourner dans tous les sens sans se marcher dessus, cela ne s'improvise pas.
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Je crois avoir vu dans le Cambridge History of Greek and Roman warfare qu'une phalange pouvait combattre parfois en deux rangées
Jamais entendu parlé, aucun exemple en vue... Je n'ai pas la moindre idée à quoi il fait allusion.
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Des mesures devaient être prévues, surtout si justement les flancs étaient protégés, et notamment le flanc droit, par des troupes d'élite (peltastes, argyrapisdes...), qui étaient certainement entrainés à ce genre de chose.
Attention, ces troupes d'élite ne sont pas des troupes défensives, mais offensives. Elles ne sont pas placée là pour "protéger" le flanc de la phalange, mais pour déborder celle vis-à-vis, en particulier grâce à leurs capacités manœuvrières supérieures. De plus, la phalange n'est pas seule au combat : la cavalerie, les peltastes et les psiloi sont là pour ça, pour éviter que la phalange se fasse déborder. Bien sûr qu'il doit y avoir des mesures (seul le dernier bataillon pivote par exemple), mais il ne faut pas s'attendre à des miracles, cela reste du bidouillage, le mur de sarisses qui fait la force de la phalange n'existera plus quoi qu'il fasse. Et dans le pire des cas, ils ont tous leur épée, on lâche l'arme collective et on combat au corps à corps.
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Lorsque Philippe V à Cynoscéphales, arrivé en haut de la crête, fait ranger ses phalangites sur 32 rangs, chose faite apparemment en peu de temps puisqu'il charge afin de soutenir ses troupes légères en déroute.
Se mettre sur 32 rangs n'est pas une manoeuvre difficile, contrairement à des changements d'orientation. Quand au choix de Philippe, il est commandé par le terrain. Les ennemis occupent la crète, on double donc ses rangs (surtout des bleus) pour compenser. Cf. bataille de Sellasia, l'assaut sur les crète dominées par les Lacédémoniens se fait sur 32 rangs. Idem au Granique en 334 : l'assaut contre les Perses qui dominent la rive escarpée du fleuve se fait sur 32 rangs, etc. A la décharge de Philippe, qui est loin d'être un incapable, la "bataille" de Cynoscéphale est un accident, une échauffourée qui a dégénée, aucun des deux camps n'a appliqué un plan réfléchi, mais chacun a subi les évènements au fur et à mesure de la journée, chacun espérant pouvoir profiter du foutoir...
Pour les thyréophores, le terme ne veut à peu près rien dire, ou plutôt, il englobe des réalités trop différentes, désignant n'importe quel bouclier oblong, depuis le solide scutum romain jusqu'à des quincailleries légères en cuir et osier... Fait une recherche sur le forum, j'avais déjà tenté une synthèse à leur sujet suite à une question de Genava.
On fait beaucoup de foin à ce sujet. En fait, cela concerne un peu l'Asie Mineure, où le bouclier d'influence Galate au IIIe et surtout au IIe fait quelques émules dans les populations indigènes. En Grèce/Macédoine par contre, c'est très exagéré. Comme dit, thyréos n'est pas synonyme de bouclier gaulois. Celui des Achéens par exemple m'a tout l'air d'être d'une part traditionnel (donc pas d'influences étrangères), et d'autre part très léger, largement surpassé par la "pelté" métallique macédonienne, y compris en taille...
Bref un terme très trompeur, à prendre avec les pincettes, et se méfier des interprétations simplistes les concernant.
Edit: pour les thyréophores, voir page précédente de ce sujet