Aigle a écrit :
Primo, la guerre a été voulue par Alexandre dès 1810 - Napoléon ne s'y résigne qu'en février 1812.
Qu'entendez-vous par "voulue" ?
"Politiquement, Napoléon a voulu s'entourer de vassaux, non d'alliés ; économiquement il ne veut pas de pays amis mais de tributaires. Les avantages qu'il exige des autres pays pour l'industrie et le commerce français, il ne songe nullement à les leur offrir... Nos produits doivent circuler partout, entrer librement, même être favorisés par une série de concessions cavalièrement négociées..." (Marcel Dunan) cité par Tulard qui conclut (Napoléon à Eugène) :
"
Mon principe est la France avant tout".
- "Napoléon ou le mythe du sauveur" - Tulard Manifestement Tulard s'il acte des volontés de bellicisme haineux
d'Alexandre face à Napoléon, il semble pouvoir au moins le comprendre... Si l'Empereur estime que la France passe avant tout, il est légitime qu'en face on puisse aussi penser de même.
Dans le livre de Dunan qui explicite bien les conditions de l'économie du système continental (je n'aborde que le blocus) on peut voir combien l'asphyxie économique de la Russie importe peu à Napoléon, déjà ceci peut être une source certaine de conflit.
Citer :
Tertio, les Russes ont reculé vers l'Est non pas système mais par peur d'une bataille contre une armée française plus nombreuse et commandée par Napoléon.
Vous citez toujours Tulard ? Vous employez le mot "peur" à la place de tactique qui était déjà arrêtée comme "défensive".
Citer :
Quarto, Borodino est bien une victoire française et Napoléon reste à Moscou non par fatigue mais parce qu' il se croit vainqueur et veut négocier la paix.
Toujours Tulard ? En effet Napoléon veut négocier mais en face : rien ! Une vague écoute de Lauriston pour gagner un peu de temps et des réponses floues de Koutouzov aux demandes. Les Russes sont dans l'attente de renfort...
Citer :
Bref Tulard est aux antipodes de Lieven ...
Je dirais plus proche de Lieven que de Sokolov.
C'est certain que pour être résumée, la pensée de Tulard est résumée, trop pour moi car je n'ai bien saisi le sens de "
forme de rectification des opinions communes" (
ex. : la Pologne, la tactique, le froid, la Bérézina et autres) ceci me semble en effet du premier commun mais où est la "
rectification" ?
[Nous étions assiégés par un océan de flammes ; elles bloquaient toutes les portes de la citadelle et repoussèrent les premières sorties qui furent tentées. Après quelques tâtonnements on découvrit, à travers les rochers, une poterne qui donnait sur la Moskova. Ce fut par cet étroit passage que Napoléon, ses officiers et sa garde, parvinrent à s'échapper du Kremlin...] (Lariboisière, inspecteur général de l'Infanterie)
Caulaincourt :
[On avait trouvé à Moscou [...] un assez grand nombre de pelisses de formes diverses... auraient pu être utilisées mais aucun ordre ne fut donné pour rassembler tout ce qui... aurait pu servir... comme préservatifs quelconques des froids que l'on prévoyait]Les Polonais s'active à fabriquer des fers à glace étonné des moqueries françaises :
[...L'incroyable obstination et arrogance des Français qui, de par leurs nombreuses campagnes, sont persuadés qu'ils n'ont besoin de conseil de personne, leur interdisait de prendre cette précaution élémentaire...]Napoléon demande à voir Koutouzov par l'intermédiaire de Lauriston. La rencontre a lieu, un échec mais on amuse l'Armée avec l'accord d'Aurore Bursey, directrice du théâtre français de Moscou :
[... Jouer la comédie était assez difficile dans une ville pillée de fond en comble où les femmes n'avaient plus ni robes ni souliers et les hommes ni habits ni bottes...]. Il n'empêche, et l'on peut lire :
[Théâtre français à Moscou. Les comédiens français auront l'honneur de donner... 7 octobre 1812 une première représentation du "Jeu de l'Amour et du hasard"...] à défaut donc de remplir les ventres, on remplit les têtes. On propose -pour les chevaux- de payer le foin des paysans en roubles-papier fausse monnaie fabriquée avant le départ : rien !
Koutouzov à Taroutino est à la croisée des centres d'approvisionnement et d'armes de la Russie centrale de Kalouga et Toula. Il coupe donc la GA des provinces intactes du sud et menace les communications à l'ouest.
Après la reddition de Moscou, Koutozov peut s'estimer satisfait : il peut nourrir ses hommes et les protéger du froid. Au 110 000 hommes de la GA qui quitteront Moscou, Koutozov pourra opposer 130 000 combattants réguliers et cosaques + 120 000 miliciens. Le corps resté sur la Dvina est renforcé par les milices de St Petersbourg et de Novgorod avec ajout du corps qui occupait la Finlande. A eux, ils dépassent les hommes de Macdonald, Oudinot et Gouvion-St-Cyr. Si l'offensive de Vinkova est décevant, elle a au moins le mérite de mettre les Français en difficulté : c'est un déclic des deux côtés. Sont évoqués côté français par l'Empereur :
marcher sur Saint-Péterbourg ; Ney, Murat et Caulaincourt se prononcent en faveur d'un repli sur Smolensk et Vitebsk (manifestement du côté français, l'état major se disperse de la même manière qui avait tant amusé Napoléon concernant l'état major russe)
Daru suggère de passer l'hiver à Moscou... Napoléon tranche pour un départ vers Smolensk.