cush a écrit :
Je comprends mieux mais dans ce cas, il s'agit de mutineries alors que l'armistice est déjà effectif depuis plus de deux semaines et qu'il est question d'aller combattre l'ancien allié... ça n'est quand même pas symbolique ou significatif de l'état d'esprit qui a régné dans l'armée jusqu'en juin.
Je n'ai pour ma part jamais dit le contraire. Les Gaullistes vont en faire une preuve de l'état d'esprit anti-allemand et de la combativité (!) d'une partie de l'armée demeurée dans la loyauté à Vichy. Ils se persuadent qu'il suffira d'amener une force un peu plus conséquente pour obtenir leur changement d'allégeance, et ce sera l'opération "Menace" et son échec cuisant du 23 au 25 septembre 1940...
cush a écrit :
Quand on sait a posteriori les effets du bombardement stratégique sur la production allemande, je reste très sceptique sur l'éventuel bombardement de Bakou avec des avions de type Farman ou Bleinheim. Mais effectivement, à l'époque, on pouvait encore nourrir quelques illusions.
Je pense que c'est exactement ça. On pense alors qu'il suffit de quelques bombes larguées au hasard au-dessus de champs pétrolifères pour que le tout s'embrase, sans doute. Ou au moins que des dégâts très lourds soient provoqués. Et comme les champs de Bakou génèrent la majeure partie du pétrole soviétique, les frapper, c'est frapper l'Allemagne indirectement.
cush a écrit :
Ce projet me semble d'autant plus irréaliste qu'il ne peut que renforcer les liens entre URSS et Allemagne et pousser Staline dans les bras de Hitler.
C'est une possibilité, mais n'avons-nous pas l'impression, dès le 23 août 1939, que Staline n'est pas déjà dans les bras de Hitler ? Cela explique beaucoup de décisions postérieures, et notamment l'interdiction du PCF le 26 septembre 1939.
cush a écrit :
Quand aux options stratégiques, si cela inclut la diplomatie il y aurait beaucoup à dire (ne serait-ce que par rapport à l'Italie). Enfin, j'ajouterai qu'on n'endurcit pas sa troupe et on ne la motive pas davantage en la laissant dans l'inaction...
1) il n'a jamais été dans l'intention du commandement de la laisser dans l'inaction. Outre les corps-francs tournant en Sarre, on compte sur la construction de fortifications de campagne pour que la troupe soit active. Par ailleurs, si on laisse l'initiative à l'Allemagne (puisqu'on ne veut pas que les choses sérieuses arrivent avant 1941, cf. ci-dessus), on doit forcément se résoudre à une part d'attente qui peut être très courte ou très longue, selon les intentions de l'adversaire, mais auxquelles on doit être prêt à faire face en toutes circonstances ;
2) l'armée française, à l'issue de la mobilisation, est loin d'être intégralement prête au combat. La majorité des divisions de série B ont besoin d'une sérieuse remise à niveau en terme d'instruction, et d'être équipées de matériels récents ; une partie des divisions de réserve de série A sont, dans des proportions moindres, dans une situation identique, tandis que l'on essaie de mettre sur pied un outil cuirassé à vitesse accélérée (les brigades cuirassées mises sur pied le 7 septembre 1939, transformées fin janvier 1940 en divisions) ; en conséquence, les instructions et les entraînements s'enchaînent pour accroître le niveau ; l'offensive "Sarre" a fait concentrer dans un secteur que l'on veut passif parce que couvert par la ligne fortifiée frontalière de nombreuses troupes à mobilisation rapide (donc d'active) qu'il faut redéployer, alors que la BEF n'est pas encore pleinement opérationnelle, et en conséquence il faut réorganiser l'ensemble du dispositif ;
3) alors que l'hiver se prête mal à des opérations offensives, nous n'avons tout simplement pas de stratégie immédiatement applicable : il n'y a pas d'empire colonial allemand comme en 1914 ; le Reich n'a pas d'alliés directement attaquables, et frontalement, à part le soumettre à une guerre navale qu'il ne peut accepter, il n'y a rien à faire. Surtout que même frontalement, on ne sait pas trop quoi faire (le plan "Dyle" est adopté en novembre 1939, mais l'hypothèse "Breda" ne lui est ajoutée que fin mars-début avril 1940). Alors on fait de nouveaux plans, dans lesquels l'Union soviétique est en première ligne (Finlande, Caucase) ;
4) la vigilance s'impose face à l'Espagne (mais en novembre 1939 au plus tard on sait qu'elle restera dans la neutralité) et surtout face à l'Italie qui lorgne vers la Tunisie. De quoi rendre prudent...
CNE503