Sur le fil dédié à Catherine de Médicis, on peut lire une contribution qui me semble représentative de la légende noire :
viewtopic.php?f=53&t=7029&start=30. Je tente d'y répondre.
Citer :
Partout, où presque, une vie paisible s'est installée entre protestants et catholiques. Dans ce contexte, un mariage royal est organisé à Paris. Les huguenots viennent donc en paix pour le célébrer. A cette occasion, dans un premier temps, un attentat gravissime visant un des plus prestigieux chefs huguenots est exécuté. C'est déjà une atteinte grave à l'harmonie voulue par le mariage. Mais pour continuer, au lieu de réagir contre ce crime, le roi, car c'est lui qui finira par le revendiquer
(...)
Voilà, le contexte. (...) ce sont les faits mille fois reportés par tous les historiens du monde entier.
C'est la légende noire de Charles IX et Catherine de Médicis. Il est vrai que la vulgate historiographique a perduré jusque dans les années 1970.
Le roi a-t-il « revendiqué » l'attentat manqué du 22 août ? Ce n'est pas exacte. En revanche il a reconnu, devant le parlement, avoir ordonné l'exécution des principaux chefs protestants.
Certains historiens utilisent le mot « proscription » pour désigner l'élimination sélective de plusieurs dizaines de chefs huguenots.
Citer :
(...) au lieu de réagir contre ce crime, le roi, car c'est lui qui finira par le revendiquer, ordonne un acte de guerre et un massacre gigantesque dans la capitale de son royaume.
(...)
Voilà, le contexte. (...) ce sont les faits mille fois reportés par tous les historiens du monde entier.
Charles IX a-t-il ordonné un « massacre gigantesque » ? Pendant longtemps les manuels scolaires ont alimenté ce poncif. Récemment le roman de
Jean Teulé, intitulé "Charly 9", brosse le portrait d'un roi trop jeune et trop fragile pour résister à sa mère, la terrible Catherine de Médicis. Compte tenu du nombre des victimes désignées, il faut auparavant obtenir le consentement du roi. Acommpagnée du duc d'Anjou ; René de Birague ; le maréchal de Tavannes ; le cardinal de Retz ; le duc de Nevers, la reine-mère harcèle son fils. Il se laisse convaincre et finit par crier : « Tuez-les, mais tuez-les tous pour qu'il n'en reste pas un pour me le reprocher ».
Le 24 août 2011 Jean Teulé est l'invité de
Franck Ferrand dans l'émission "Au coeur de l'histoire". Il donne sa vision de la S-B :
http://www.europe1.fr/mediacenter/emiss ... out-683249La légende noire est tenace. Même si je suis déçu par la simplicité de cette thèse, j'admets que les romanciers ne sont pas seuls coupables. Pendant longtemps les historiens ont diabolisé Catherine de Médicis. En 1960 les éditions Gallimard publiaient "Le Massacre de la Saint-Barthélemy" de
Philippe Erlanger. De la page 149 à 151, l'auteur évoque le moment fatidique où la reine-mère veut obtenir le consentement de Charles IX : « L'infortuné souverain est assiégé, harcelé sans merci. » Le moment décisif est relaté en ces termes :
Citer :
— Eh bien ! par la mort Dieu, soit ! lui crie son fils, mais qu'on les tue tous pour qu'il n'en reste pas un pour me le reprocher après !
(...)
Le Roi a brusquement quitté les conseillers de mort. Il s'est enfui en vociférant :
— Qu'on les tue tous ! Qu'on les tue tous !
Je termine ce post avec la couverture du roman de Jean Teulé.