Pierma a écrit :
Castelot dit qu'il a confondu toute sa vie "amnistie" et "armistice".
C’est tiré des Mémoires de la duchesse d’Abrantès :
« Une chose assez bizarre et que j'ai déjà rapportée, je crois, c'est que Napoléon se servait en parlant du mot armistice, ou ‘amnistie indifféremment, sans spécifier les deux cas, qui sont pourtant bien différents l'un de l'autre. »
Confusion que l’on retrouve également chez Chaptal (Mes souvenirs sur Napoléon) :
« Comme il lui est arrivé souvent d’entendre mal les mots qu’on prononçait devant lui pour la première fois, il les a reproduits constamment par la suite tels qu’il les a entendus. Ainsi il disait habituellement :
Iles Philippiques pour Philippines ;
Section pour session ;
Point fulminant pour point culminant ;
Rentes voyagères pour rentes viagères ;
Armistice pour amnistie, etc. »
Autre témoignage :
« Je l'ai entendu cent fois dans nos promenades, réciter la fameuse tirade d'Auguste, et jamais il n'a manqué de dire: « Prends un siège, Sylla. » Il faisait, la plupart du temps, des noms propres à sa fantaisie; et une fois adoptés ils demeuraient toujours, bien que nous prononçassions les véritables cent fois par jour à ses côtés ; et si nous eussions adopté les siens, son oreille en eût été choquée. »
(Las Cases, Mémorial de Sainte-Hélène)
« Et tous ces noms d’hommes et de lieux que Napoléon écorchait quelquefois au point de les rendre méconnaissables. Tantôt c’était l’Ebre pour l’Elbe, tantôt Smolensk pour Salamanque et vice-versa ; je ne sais plus quel nom de Pologne se confondait dans son vocabulaire avec Badajos ; mais je me souviens que quand il parlait d’Hysope, c’était de la forteresse d’Osopo dont il était question. »
(Fain, Mémoires)
Ces confusions se retrouvaient à l’écrit :
« Il écrivait par exemple cabinet, gabinet, Caffarelli Gaffarelli, afin que, enfin que, infanterie, enfanterie. »
(Méneval, Souvenirs historiques)
« Je ne puis m’empêcher de faire remarquer comment, connaissant si bien les auteurs qu’il demandait et les généraux dont il voulait avoir l’histoire, il a pu écrire Ducecling, Océan. Certes, pour deviner Ossian, il fallait bien connaître sa passion favorite pour ce barde. »
(Bourrienne, Mémoires)