Pédro a écrit :
Il y avait de gros soucis pour les Etats européens qui étaient presque tous des Etats colonialistes et qui de fait n'étaient pas très chaud pour cette "égalité" raciale. Les Américains non plus d'ailleurs vu leur législation ségrégationniste. Le compromis autour de l'égalité des nations tente de préserver les formes en distinguant bien ceux que l'on reconnait comme civilisés et les autres.
Oui, j'ai bien vu la problématique coloniale : accepter l'égalité raciale entre les nations de la SDN, c'était admettre en contre-jour la revendication indépendantiste éventuelle des populations colonisées. De fait il se trouvait au moins un pays de chaque "race" pour témoigner qu'on pouvait être noir (l'Ethiopie est indépendante) ou jaune (le Japon a largement gagné ses galons de pays développé) et participer au concert des nations.
Comment dans ces conditions accepter d'être maintenu dans la sujétion alors qu'on est de la même "couleur" qu'un pays reconnu par la SDN ? (Dans de nombreux pays, les premières revendications indépendantistes apparaissent bien avant la SGM, il y a même eu pendant le conflit des espérances déçues : je pense aux engagements pris par Lawrence d'Arabie, par exemple.)
Je ne crois pas que le refus de la proposition japonaise, traçant un trait artificiel entre les civilisés et les autres - en quoi l'Ethiopie, qui sera d'ailleurs la cible d'une tentative de colonisation italienne, est-elle plus développée que ses voisins colonisés ? - reflète autre chose que la volonté des occidentaux de ne rien céder dans le domaine colonial.
Les élites de certains pays saisiront la première occasion pour faire valoir l'inanité de leur statut. Je pense par exemple au Liban et à la Syrie, placés "temporairement" sous mandat français par la SDN, qui sauront imposer leur indépendance aux autorités de la France Libre : que vaut en 1943 un mandat de la défunte SDN ?