Oulligator a écrit :
Les deux auteurs, Pierre Milza et Serge Bernstein sont des valeurs sûres
Berstein, sans N (l'autre, c'est le journaliste du Watergate
)
Pierre Milza a fait sa thèse sur les fascismes, et a publié une trentaine de livres et articles sur le sujet, jusqu'à sa disparition l'an dernier. Il est incontournable.
Berstein a également co-dirigé avec Michel Winock "Fascisme français, la controverse" (Editions CNRS, 2014)
Dans la même généalogie, Winock a écrit "Nationalisme, antisémitisme et Fascisme en France" dans la collection Points Seuil.
Dans les approches philosophiques il faut mentionner
Les origines du Totalitarisme de Hannah Arendt, et une l'approche philosohique de Georg Lukacs (pas celui de la Guerre des Etoiles
): "Nietzsche et le Fascisme allemand" et "Hegel et le fascisme allemand" (1943). Toujours dans cette généalogie, Bourdieu examine "L’Ontologie politique de Martin Heidegger" (1975).
Jadis a écrit :
Je vous inviterai, cependant, à la méfiance dans la comparaison des fascismes : il faut séparer le fascisme de parti (belge, français dans l'entre-deux-guerres, roumain) et le fascisme d'Etat (italien ou allemand).
La méfiance est en effet un bon conseil, mais au sujet de cette séparation, n'est-elle pas artificielle? Avant d'être un "fascisme d'Etat", le fascisme italien et le nazisme sont des fascismes de parti. Faut-il les analyser également en les découpant: avant leur accession au pouvoir et après? Il me semble que leur idéologie et leur mode de fonctionnement sont bien établis dès le départ, et que ces partis ont des points de similitude avec les partis fascistes qui ne sont pas arrivés au pouvoir.
Sternhell a une théorie qui ne fait pas l'unanimité sur les origines (notamment françaises) du fascisme (c'est le point de départ du livre de Berstein et Winock, la controverse, cité plus haut).
Les autoritarismes ne sont pas des fascismes, le populisme ou le boulangisme non plus. Le fascisme n'est pas réductible non plus au nationalisme ou à l'antisémitisme. Le fait que Mussolini ait été influencé par Sorel n'est pas plus significatif que ses autres lectures de sa formation socialiste révolutionnaire, Kropotkine etc. On peut bien sûr chercher des racines et influences du fascisme dans des idéologies qui l'ont précédé (et dans ce cas les socialistes révolutionnaires et les mouvements ouvriers sont souvent oubliés, que ce soit pour Mussolini ou pour le National-Socialisme). Mais le fascisme est un phénomène éminemment moderne, qui a une date de naissance. Il me semble que l'on ne peut séparer le(s) fascisme(s) du contexte dans lequel ils sont nés, et qui leur est idiosyncratique et spécifique: le lendemain de la Première Guerre Mondiale. Le fascisme est né de la guerre, et sa tendance est d'y retourner.