Rebecca West a écrit :
En partant, le but était vraiment de "ramener de l'or" ou de trouver une autre alternative de voie afin d'arriver aux Indes de manière concurrentielle face au Portugais et autres ?
Si c'était une "nouvelle route des Indes" : le but a échoué. Dans ce cas il vaut sans doute mieux trouver une autre source de richesse à présenter afin que la sponsoritation continue... Mais Castille et Léon d'abord.
Le décret de l'Alhambra a appauvrit considérablement les Espagnes. Inutile par ailleurs d'espérer de Bayazid II des capitulations, il ne reste que la mer.
Le
Journal de Christophe Colomb décrit un peu un discours clair vis-à-vis de ses commanditaires : il s'agit de rallier l'Asie, faire des affaires avec le Grand Khan (les renseignements datent un peu...) et obtenir les richesses pour recommencer les croisades. Tout cela soutenue par une démonstration mathématique, totalement faussée par des erreurs de conversions qui donnent un Atlantique beaucoup plus étroit qu'il ne l'est en réalité.
Ceci dit, certains spécialistes pensent que Colomb avaient une arrière-pensée : dans le schéma médiéval du monde, la Terre est divisée en quatre quart par des océans en forme de croix. Or, si l'on a d'un côté l'Europe et l'Afrique, il manque un morceau à placer sous l'Asie. Peut-être le Paradis Terrestre ?
Darwin1859 a écrit :
Ne serait-ce pas l'effet des traités de Westphalie puis de la Révocation de l'Edit de Nantes ?
Il y a peu de chance pour une raison simple : la France s'oppose avec force à l'émigration protestante outre Atlantique. Un des buts de la colonisation étant l'évangélisation des indigènes païens, seuls les bons catholiques ont le droit d'être de l'aventure.
Seule l'Angleterre se permet d'être moins regardante.
Les troubles extérieurs jouent peu, à mon avis. Par rapport à l'Angleterre, la France, monstre démographique de l'Europe, à moins d'émigration car elle nourrit ses habitants. L'Espagne, qui se relève de sa reconquista et a expulsé les Juifs et les Morisques, à elle-même des provinces dépeuplées.
Darwin1859 a écrit :
Alors, pour quelle raison la France, et l'Angleterre, mais aussi les autres puissances, pourquoi pas, n'ont-elles pas vu ce que l'Espagne a su voir au XVIe siècle?
L'Espagne, qui a achevé sa reconquista, dispose d'une caste de hobereaux, les hidalgos, à la recherche d'autres champs de bataille. Il va y avoir des expéditions en Afrique, mais les Barbaresques se montrent des adversaires coriaces, ne laissant à l'Espagne que quelques présidios, comme Oran, espagnole jusqu'en 1780.
Mais la découverte de l'Amérique leur donne des possibilités de batailles et de richesses sans communes mesures, ce qui va donner les expéditions téméraires de Cortes, Pizarro, mais aussi de de Soto et de Aguirre, et de bien d'autres.
En dehors du pillage des empires et la réduction en esclavage de leurs populations, les perspectives de richesses des Amériques sont bien limitées, d'autant plus que le potentiel des produits agricoles (pommes de terre, tomate...) sont moins immédiates. Les îles constituent le terrain idéale pour la mise en place de l'économie de plantation, pour cultiver les lucratifs produits : rhum et tabac avec une main d'oeuvre d'esclaves achetée en Afrique.
Sur le continent, on peut à la rigueur ouvrir des comptoirs pour le commerce de peau avec les Indigènes, mais... c'est tout. La population émigrante gêne plus qu'autre chose, puisqu'il lui faut du ravitaillement et de la protection. La France interdit de s'établir en dehors de ses villes au Canada et réprouve les agissements de ses coureurs des bois, qui vivent à l'indienne et seront les artisans de sa force dans le Nouveau Monde.
Quand l'Angleterre s'avisera de la forte population de ses colonies, elle ne pensera qu'à en tirer profit en la soumettant à des taxes, ce qui conduira à leur indépendance...