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Mais dès lors, comment expliquer que la résistance fut à ce point développée en Espagne ? Pourquoi, en comparaison, Pays-Bas ou autres n'ont pas connu de phénomènes similaires à celui de l'Espagne ?
L’Espagne est beaucoup plus étendue, plus accidentée (présence de montagnes, de terres arides...). Les guérilleros y disposent de nombreux refuges difficilement accessibles leur permettant de se cacher et d'épuiser les troupes d'occupation. Les ressources y sont inégalement réparties suivant les régions, c'est problématique pour une armée qui vit sur le pays... De mémoire les hommes du général Dupont sont en partie vaincu par la soif.
La péninsule reste relativement éloignée de la France et il n'est pas possible d'utiliser le transport navale en raison de la suprématie anglais sur les mers. Le guérilleros espagnol, lui, est extrêmement frugal, connaît bien le terrain, obtient ou extorque aux habitants renseignements et nourriture, il attaque avant tout les petits groupes isolés et les traînards.
Les Pays Bas par contre présentent un terrain plat, peu hostile, moins étendu, d'accès aisé, avec une population et des ressources pouvant facilement subvenir au besoin des troupes d'occupation. Cela ne veut pas dire que la présence francaise y fut paisible mais difficile d'y organiser une guérilla...
On peut aussi parler des facteurs non géographiques. L’Espagne est un pays fortement marqué par la religion, toute atteinte aux églises, au petit clergé, au sacré y est potentiellement facteur d'insurrection. Les français avec leur laïcité ou athéisme n'y sont pas en odeur de sainteté, d'autant qu'ils pillent les sanctuaires. Les Lumières n'y ont pas pénétré autant qu'en Europe du nord, les campagnes restent par endroit misérables voir (le mot est peut être un peu fort) "arriérées." (Je parle à l'époque bien sûr
)
Le brigandage y était -je suppose- plus répandu qu'en Hollande, et bien des rebelles hispaniques ne sont en fait (comme ailleurs en Europe) que des bandits reconvertis. Entre aussi en ligne la rivalité opposant les généraux de Napoléon, leur avidité, le manque d'autorité de Joseph Bonaparte...
A noter que Suchet, en Aragon obtiendra de biens meilleurs résultats grâce à un mélange équilibré de conciliation, de répression et de bonne gestion
Ne pas oublier aussi le rôle capital des armées anglaises, renforcées d'unités portugaises, dans bien des cas les troupes espagnoles font piètre figure.
On voit aussi des mouvements similaires dans le royaume de Naples, au Tyrol et dans certaines régions d'Allemagne.
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Ce conflit revêt en Espagne une importance particulière et a été intégré comme l'un des plus grands moments du roman national, le peuple espagnol uni, luttant pour son roi et se religion contre l'odieuse France révolutionnaire. Comme toujours, il y a du vrai et du faux. On sait notamment que plusieurs Espagnols ont participé au gouvernement de Joseph (Afrancesado) et qu'ils durent s'exiler après la défaite de Napoléon, preuve que l'Espagne n'a pas parlé d'une seule voix pendant ce conflit.
Tout y est relatif, les chefs de l’insurrection se disputent souvent, ce qui qui cause bien des fois leur perte. Son (ses) rois? Un Charles IV veule, glouton, peureux et un Ferdinand VII lâche et intriguant, tout deux se laissant arrêter et manipuler comme des marionnettes. On peut rêver mieux comme souverains. Bien sûr les espagnols y croyaient peut être mais n'avaient ils pas eux même surnommés Charles IV, la reine Marie Louise son favoris Manuel Godoy
"Le mouton, la putain, le coquin"?
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Certains historiens se sont-ils attelés à la déconstruction de la guerre d'Espagne comme moment fondateur de la nation espagnole ?
Plutôt que "moment fondateur" je parlerais de "mythe fondateur", après la fin de l'occupation le pays bascule d'ailleur dans la guerre civile... De ce que je sais il suffit de lire un ouvrage relativement récent pour constater que les historiens français eux, prennent ce mythe avec beaucoup de prudence, de leur point de vu la guerre contre les français a davantage été le coup de pied qui a bouleversé les vielles structures hispaniques et introduit un certain nombre d'idées nouvelles.