Oliviert a écrit :
Mais il fut invité assez rarement à la télévision et à la radio, peut-être à cause de son étiquette de droite et de sa manière de parler qui ne captivait pas le grand public.
Peut-être aussi à cause de ceci :
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En académicien accompli, il rejoua la querelle des Anciens (défendant une culture calquée sur les codes antiques) et des Modernes (souhaitant s’en affranchir) qui occupa la fin du XVIIe siècle, tout en honorant la réputation conservatrice de l’institution. Hostile à la féminisation des noms de métiers, il critique, comme dans son Paris-New York et retour. Voyage dans les arts et les images (2009), une culture livrée aux lois du marché et vampirisée par la prolifération de la publicité, qu’il oppose à la grandeur du « beau » classique.
Dans cette société de l’immédiateté qu’il condamnait, Marc Fumaroli a ainsi, d’une voix patiente et érudite, honoré la tradition de ces grands esprits qui ont fait la noblesse de ce qu’on appelait, jadis, les humanités.
Télérama : L’“immortel” Marc Fumaroli, spécialiste du Grand Siècle, s’est éteintOu
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Verve vindicative
Mais le temps du règne de la parole ailée tient lieu, pour Marc Fumaroli, de repoussoir à un aujourd’hui dont l’engagement culturel l’accable. Dans un essai brillant et cruel, qui le révèle de fait à un public plus large que celui qu’il connaît d’ordinaire, L’Etat culturel. Essai sur une religion moderne (Fallois, 1991), l’essayiste stigmatise ce qu’il perçoit comme un dévoiement déshonorant de la notion même de culture, dont André Malraux, avant Jack Lang, fut le dangereux promoteur. Dénonçant un abaissement de l’esprit dans la promotion d’événements qui font du consumérisme culturel la nouvelle doxa, il prend la tête d’une croisade contre ce qu’il voit comme une « manipulation purement sociologique » dont l’image des ministres et politiques est seule bénéficiaire.
Ses tribunes libres et prises de position dont la verve vindicative fait souvent mouche en font un champion de l’académisme marmoréen, que son cursus honorum incarne.
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Titulaire d’un fauteuil qui fut celui d’Ernest Lavisse, de Pierre Benoît et de Jean Paulhan, Marc Fumaroli est aussi le successeur lointain de Boisrobert, secrétaire littéraire de Richelieu et membre fondateur actif de l’auguste compagnie, comme du moraliste Chamfort, commentateur de La Fontaine au demeurant, qui, dans la fièvre égalitariste de 1789, dénonça l’archaïque foyer d’aristocratie littéraire qui l’avait accueilli et appela dans un pamphlet cinglant de 1791 à la disparition de l’Académie (« la moins dispendieuse de toutes les inutilités »). Vœu exaucé dès 1793.
Successeur de celui qui la fit naître comme de celui qui l’aida à mourir, Marc Fumaroli est tout entier dans cette posture paradoxale, vigie impérieuse d’une culture menacée par la dissolution de l’élitisme, campée dans une posture fulminante et hiératique. Académique en somme, au sens ambivalent du terme.
Le Monde : L’historien de la littérature Marc Fumaroli est mortBref, un Ancien perdu dans le siècle de la modernité et de l'immédiateté.