J'essaie, dans ce débat qui, hélas, se heurte aux clivages politiques gauche-droite des années 1970, de les dépasser avec ce proxy physique : la conservation de l'énergie. Mon métier de "mineur géologique" m'a fait prendre conscience des "carburants" de l'économie qui ont totalement bouleversé ses principes historiques qui n'ont pas varié depuis la fin du XVIIIe siècle : "Les ressources naturelles sont inépuisables, car sans cela, nous ne les obtiendrions pas. Ne pouvant être ni multipliées ni être épuisées, elles ne sont pas l'objet des sciences économiques." (Jean-Baptiste Say, Traité d'économie politique, 1803)
"Alors pourquoi a-t-on fait ça ? Parce qu’il y a deux siècles, quand on commence à théoriser l’économie, un certain nombre de gens font l’observation suivante, ils disent que l’économie, c’est la gestion de ce qui est rare. Ce qui est rare il y a deux siècles, c’est le facteur humain. Vous avez plein d’espèces, plein d’espace, un vaste monde. Les États-Unis sont à peine au début de leur colonisation, la Russie est immense, on ne sait pas jusqu’où va l’océan, etc. Pas de problèmes de ressources. Ce qui est rare il y a deux siècles, c’est le facteur humain. Les économistes, il y a deux siècles, à l’image de Monsieur Say — qui a écrit très exactement ce qui est écrit ici —, se disent : « Au premier ordre, je vais me contenter de regarder la limitation venant des Hommes, le reste je ne compte pas. Et si je considère que les ressources sont infinies, toute variation du stock est nulle (delta S sur l’infini, ça fait toujours zéro). Donc, je vais compter pour nuls les facteurs qui ne viennent pas des Hommes. » Approximation au premier ordre qui est toujours celle de l’économie aujourd’hui."
Il se trouve qu’à l’époque, on aurait pu gagner la bataille d’une autre manière. Il se trouve qu’il y a deux siècles, Monsieur Charles Dupin, polytechnicien — donc quelqu’un de très bien —, baron de son état, fait un premier calcul de conversion en équivalent-esclaves. À l’époque, il n’appelle pas ça des équivalent-esclaves, il appelle ça des équivalent-travailleurs. Monsieur Dupin dit : « Je vais regarder en France et en Grande-Bretagne les moyens productifs dont on dispose en plus des Hommes — donc lui, il avait tout compris à la physique — et je vais les convertir en équivalent-travailleurs humains. » Il prend la population, il en fait des travailleurs humains — soit dit en passant, il comptait les enfants pour un quart et les femmes pour un demi, et on se demande si ce n’est pas de là que vient l’expression « ma moitié » quand on parle de son conjoint. Toujours est-il qu’il prend la population et il prend également les auxiliaires que sont à l’époque les bateaux, les moulins, etc." (Jancovici, cours des Mines 2019, Éléments de base sur l'énergie)
Pour en revenir à la crise de 1974, lorsqu'on observe mathématiquement la variation du PIB et de la variation d'énergies consommées en France comme des autres pays de l'OCDE, en fonction du temps, depuis les années 1960, donc la dérivée par rapport au temps, l'on observe que durant les Trente Glorieuses, l'énergie par personne croît de 2,5% par an en moyenne ; puis dégringolade à partir de 1974, où l’énergie ne croît plus que de 0,5% par an en moyenne : ce furent les années de stagflation....
_________________ "L'Angleterre attend que chaque homme fasse son devoir" (message de l'amiral Nelson à Trafalgar)
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