Exactement Jean-Marc, voici quelques extraits du discours d'Ebert en question, réalisé le 10 décembre 1918 devant la porte de Brandebourg :
Friedrich Ebert a écrit :
"Vos sacrifices et vos actes sont sans exemple. Ce n'est que lorsque la supériorité en hommes et en matériel de l'ennemi est devenue de plus en plus pesante que nous avons cessé le combat [...]. Vous rentrez dans vos foyers sans avoir été vaincus"
D'autres exemples d'accueils de ce type ont été recensés dans cet ouvrage : Richard Bessel
Germans after the First World War, Oxford, 2001.
Pour revenir à la question qui était posée plus haut, je laisse C. Baechler (
La République de Weimar, 2007) répondre :
Christian Baechler a écrit :
" Le mythe se renforce à mesure que l'on s'éloigne de la guerre, même dans les milieux d'anciens combattants où s'accomplit un travail de reconstruction de la mémoire. Les soldats, qui ont souvent mauvaise conscience, préfèrent finalement communier dans ce mythe. [...]
Le mythe du "coup de poignard dans le dos", de la trahison de l'arrière, est le contrepoint nécessaire, sans lequel on ne peut expliquer la réalité de la défaite. Selon ce mythe, la révolution a désarmé l'Allemagne au moment où on voulait lui imposer un armistice inacceptable et l'a contrainte à accepter des conditions qui ne respectaient pas les Quatorze Points de Wilson, puis à se soumettre au Diktat de Versailles. [...]
Le 29 septembre 1918, lorsque Ludendorff insiste au Conseil de la couronne sur la formation d'un gouvernement parlementaire pour demander un armistice immédiat, il déclare à ses officiers d'état-major qu'il a prié l'Empereur de "mettre au gouvernement ces milieux auxquels nous devons pour l'essentiel d'en être arrivés là [...]. Ils doivent à présent conclure la paix. Ils doivent manger la soupe qu'ils nous ont préparée". La démission de Ludendorff, le 25 octobre, après le refus des nouvelles conditions de Wilson par le haut commandement, lui permet de prendre ses distances avec les négociations d'armistice et d'en rejeter la responsabilité exclusive sur le gouvernement parlementaire. Le mouvement révolutionnaire arrive à point pour désigner les responsables de la défaite".
La responsabilité des officiers généraux allemands est écrasante dans cette affaire...