Pour ce qui concerne la puissance et la portée, les premiers missiles tactiques, dénommés Honest-John, emportaient une arme atomique dont la puissance pouvait être réglée sur 2, 10, ou 20 kT, avec une portée de l'ordre de 25 à 30 km maxi.
(la bombe de Hiroshima faisait 15 kT.)
A noter que son utilisation est indiquée par Wiki comme dépendant non pas du commandement intégré de l'OTAN, mais directement du gouvernement US :
Wiki a écrit :
330 lanceurs étaient en service, 88 opérationnels dans les forces des États-Unis, 200 dans les armées des autres membres de l'OTAN (dont 88 pour la seule Allemagne de l’Ouest) mais dont les ogives nucléaires restaient sous contrôle gouvernemental américain et 42 lanceurs servant à la maintenance et l'entrainement. La France reçut 20 exemplaires de 1959 à 1966. Le 30 juin 1966, les ogives nucléaires américaines destinées aux unités françaises sont évacuées.
Compte-tenu des puissances atteintes, je pense qu'il y a toujours eu une ambiguïté sur l'aspect "tactique" de ces armes. (A part le fait de les tirer sur le territoire même de la RFA, on comprend mal qu'une arme potentiellement de la même puissance qu'Hiroshima soit qualifiée de "tactique", si ce n'est qu'elle visait la destruction de forces ennemies en cas d'invasion.)
De fait le missile "Lance", qui le remplace, est retiré vers la fin de la guerre froide, en 1987, dans le cadre du traité sur "les armes de portée intermédiaire", c'est-à-dire dans le cadre d'un traité portant d'abord sur les missiles stratégiques stationnés en Europe.
Citer :
À la suite de la signature du
Intermediate-Range Nuclear Forces Treaty en 1987, l’US Army a commencé à retirer les missiles Lance d'Europe. En 1992, toutes les ogives ayant été embarquées à bord d'un missile Lance étaient entreposées en attente d'être détruites.
Cette ambiguïté est plus forte encore dans le cas du missile "tactique" Pluton de l'armée française :
Citer :
Le Pluton avait une portée opérationnelle de 17 à 120 km avec un écart circulaire probable de 200 à 400 m suivant la portée et emportait une arme nucléaire AN-51 ayant deux niveaux de puissance possibles 10 ou 25 kilotonnes, l'explosion pouvant être choisie aérienne ou au sol.
Ces armes n'étant pas stationnées en Allemagne - faute d'appartenir à l'OTAN - mais à la frontière française, elles sont qualifiées par la France de "tactiques
ou pré-stratégiques", ce qui désignerait dans les faits une arme de "dernier avertissement avant emploi des armes stratégiques" visant les villes russes.
(Dans la doctrine nucléaire française le territoire métropolitain est sanctuarisé contre toute intrusion armée, fut-ce d'un seul char ennemi, ce qui explique peut-être le besoin ressenti de ce dernier avertissement.)
Reste qu'en tirant à 120 km de la frontière française on détruit forcément une partie de la RFA. De mémoire cette disposition a fait l'objet de protestations diplomatiques de la part des Allemands, mais je ne saurais pas développer ce point avec précision.
A postériori, en regardant le contenu de l'exercice soviétique d'invasion ("Sept jours en été" ?) dont on a parlé récemment, celui-ci ignore tout bonnement la dissuasion française, ce qui revient à calculer que la France ne risquera en aucun cas la destruction de Paris ou Lyon et préfèrera se coucher plutôt que de s'en prendre à Moscou ou Kiev.
On peut même se demander si les Français ont obtenu des informations de ce genre, les amenant à créer cette arme "d'ultime avertissement", rendant l'ensemble plus crédible ?