Arto2 a écrit :
L'avènement de la science moderne prend racine dans la pensée grecque. De nombreux exemples ont été donnés dans ce fil,
Ce n'est pas tout à fait vrai. Il y a un renouvellement partiel de la science médiévale avec la redécouverte de
certains penseurs grecs. Mais, ce renouvellement est aussi en lien avec la pensée de certains penseurs médiévaux. Sans compter l'apport des penseurs arabes, et des indiens via les arabes. C'est ce creuset qui fera émerger la science moderne. Mais, vous oubliez un point capital : la science moderne nait surtout du rejet d'Aristote. Rejet de sa pensée et rejet de ses méthodes de pensée.
A la Renaissance, Aristote est bien perçu par de nombreux penseurs comme l'alpha et l'oméga de la pensée scientifique. Certains acceptent ses écrits comme d'autres acceptent la Bible : pour eux, en science ce qu'écrit Aristote est comme l’Évangile, la révélation de la vérité vraie ! Et puis, on va accumuler des connaissances qui viennent contredire la parole d'Aristote. A un moment, il faudra choisir entre le rejet de la pensée aristotélicienne et l'avancée vers la science moderne d'un coté, ou le respect de la pensée d'Aristote et de la pensée de l’Église. Car la pensée aristotélicienne convient bien aux ecclésiastiques. L’Église va défendre Aristote, malgré cela les scientifiques arriveront à surpasser Aristote et aller de l'avant.
Vous ne voulez pas comparer avec la Chine, or c'est un peu ce qui se passe presque à la même période. La Chine se retrouve avec la parole des glorieux ancêtres qui est mise en doute. En Chine, la différence est qu'une partie des savoirs nouveaux ne vient pas de Chine, mais via des mondes périphériques. Et la Chine prend la décision de s'isoler. Je comprends que vous n'aimiez pas qu'on cite le cas chinois, car il vient directement contredire votre thèse. D'un coté, le monde chrétien qui finira par inventer la science moderne, de l'autre le monde chinois, païen, donc qui se ferme à la nouveauté. Mais, c'est parce que vous vous trompez de paradigme. Coté chinois, plus que le paganisme ce qui a joué c'est la centralisation du pouvoir et l'unicité du monde chinois. Un penseur dissident dont la pensée aurait été condamnée par l'Empereur n'avait comme choix que de se retirer, voire quitter le pays ou rentrer dans le rang. Un penseur chrétien, du fait du morcellement en de multiples états concurrents pouvait continuer à exercer, parfois à quelques dizaines de kilomètres du lieu où on avait condamné ses propos. C'est le morcellement du pouvoir médiéval qui protège les penseurs iconoclastes.
C'est aussi la protection apportée aux Universités et au fait qu'elles ont des libéralités qui leurs permettent d'être plus ou moins indépendantes du pouvoir civil et religieux. Les penseurs dissidents doivent être jugés, en premier, par leurs Pairs. Or, ils arrivent à convaincre certains de ceux-ci de la justesses de leurs propos. Du coup des années de discussions, et une publicité de leurs propos qui permet que leurs idées se diffusent. Puis, l'invention de l'imprimerie, et on connait la suite.
Vous ne percevez pas la dualité de la prise en compte de la pensée d'Aristote par les médiévaux. Dans un premier temps, ils sont subjugués car elle est compatible avec la Bible, et elle apporte un complément à la connaissance du monde. Et une explication à pas mal de choses. Si les choses en étaient restée là, la Science moderne n'existerait tout simplement pas ! Peut-être qu'elle aurait émergé ailleurs. Sûrement. Mais, c'est bien parce qu'il y a un rejet de la pensée grecque, car Aristote représente l'essentiel de ce qu'on connait des penseurs antiques grecs à l'époque que nait la Science moderne.
Arto2 a écrit :
et entre les deux il y a la christianisation de l'Empire, d'où la question posée.
Le monde chrétien est déjà chrétien depuis plus de 1000 ans, quand la science moderne se créé. Toute la philosophie chrétienne imprègne l'ensemble de la société quand la science moderne émerge. Mais, elle émerge aussi au moment où naissent ce qui va mener vers le protestantisme. Il y a une remise en cause sur le plan doctrinal de la pensée unique portée par l’Église. La science en profitera.