Pédro a écrit :
Par ailleurs la tentative de conquête de la Germanie répondait à une nécessité stratégique ; les Germains menaçaient déjà le territoire gaulois, dès avant l'arrivée des Romains d'ailleurs et étendre l'Empire c'était essentiellement préserver ses frontières en annexant et pacifiant des voisins belliqueux.
J'ai vu il y a quelques temps un documentaire sur Arte qui expliquait que la romanisation d'un territoire s'appuyait sur son urbanisation, et qui s'intéressait spécifiquement à la fondation, la croissance puis la perte des villes sur le Rhin, la plus emblématique étant Cologne. (Mais il y en avait 4 ou 5, dont seulement 3, il me semble, sont restées des grandes métropoles au Moyen-Âge.)
J'ai été impressionné par le travail - de Romain !
- que représentait ce développement urbain mené de façon suivie sur des décennies, voire des siècles. (A titre d'exemple, il y avait la construction d'un aqueduc d'une bonne trentaine de km, pour l'adduction d'eau d'Aix la Chapelle - ou de Cologne ? - depuis l'Eiffel. De l'ordre de 10 m de dénivelé, à tout casser, ce qui suppose une précision d'ingénierie qui ne serait pas immédiate à notre époque, pour garder une pente constante. Avec en prime la distribution urbaine vers les fontaines et les thermes, voire d'autres édifices.)
Ces villes servaient de point d'ancrage pour romaniser les grandes familles des tribus voisines (romanisation forcée d'otages de haute lignée, au début) et développer des échanges commerciaux permanents.
D'où l'explication du problème particulier que posait la Germanie au delà du Rhin : il n'y avait pas de "villes" ou "cités" germaniques dignes de ce nom pouvant servir à une conquête par étapes. Autrement dit il aurait fallu y créer des camps militaires (qui formaient le premier noyau d'une ville) appuyés sur des effectifs militaires très importants, propres à dissuader toute révolte fondée sur une alliance soudaine de tribus.
C'est ce qui s'est produit pour Varus, supposé diriger une région pacifiée sur la rive droite - où ces premiers camps existaient - et cette défaite, malgré les incursions ultérieures mieux assurées, a suffi à convaincre les Romains que l'investissement pour cette stratégie était trop lourd. - De mémoire, il me semble qu'il aurait fallu tenir les territoires du Rhin jusqu'à l'Elbe, ce qui représentait un très gros morceau.)