bourbilly21 a écrit :
à mon humble avis c'est aussi la période de la fin de l'angoisse pour son propre sort, où on arrête un peu de penser à la guillotine
Je relance le débat sur le Directoire dont c'est l'anniversaire de la mise en place aujourd'hui, le 26 octobre 1795.
Je trouve que la periode est assez pasionnante, et qu'elle n'a pas laissé les historiens aussi indifférents que cela : Mathiez, Lefebvre, Soboul, Godechot et d'autres s'y sont intéressés.
Le régime, dans son désir de rompre radicalement avec les débordements de la terreur et de la dictature de Robespierre, s'est doté d'institutions ingérables, alors que la multiplications des consultations électorales voient monter l'opposition royaliste.
Pour prévenir ce danger de restauration par le suffrage, les conventionnels imaginent un recrutement du Conseil des Cinq-Cents par tiers en stipulant que les deux premiers tiers de l'assemblée seront entièrement composés d'ex-conventionnels ! Ce qui revient à instituer, par la force, une continuité de fait entre le personnel de la Convention et celui du Directoire.
Dès 1795, le Directoire impose sa politique par un coup d'État* contre l'ensemble des citoyens électeurs ; il est d'emblée illégitime.
Pour répondre à Bourbilly, c'est la fin de l'angoisse mais aussi celle de la vertu ! Paris s'embrase d'une fièvre de jouissance. La fin de la Terreur a provoqué une rage compensatrice parmi les survivants des anciennes élites, et parmi les nouveaux riches. C'est toute une société qui n'en revient pas d'être encore vivante et se le prouve en se jetant à corps perdu dans le luxe et les plaisirs . On danse dans les établissements des boulevards, dans les cabarets de banlieue mais aussi dans les anciens couvents, dans certains cimetières. A cela s'ajoute l'outrance de la mode, inspirée, pour les femmes, de l'Antiquité grecque ou romaine. Les « Merveilleuses » ne cachent plus grand-chose de leur anatomie. Les robes à la Flore ou à la Cérès, les tuniques à la Diane associent mousselines transparentes, linon aérien et gazes vaporeuses. N'oublions pas non plus les perruques, de toutes formes et de toutes couleurs. Une nouvelle mode parfaitement incarnée par Mme Tallien, surnommée « Notre-Dame de Thermidor » : maîtresse de Barras, elle règne sur la vie parisienne .
Et les directeurs comme Barras justement participent de la fête : il aime les jolies femmes, l'argent, le luxe, c'est un nouveau riche et il ne s'en cache pas. Il est partie prenante dans des affaires financières louches, trafic de piastres avec l'Espagne, revente de biens nationaux, etc... Robespierre prétendait que la République ne pouvait exister sans vertu... Un Carnot, chargé des affaires militaires sauve un peu les apparences.
Face aux oppositions montantes des royalistes ou des républicains plus intransigeants comme les babouvistes, le régime multipliera les coups d'état électoraux se qui contribua à le discréditer d'avantage, sur fond de crise financière et de misère grandissante, jusqu'à l'issue du 18 brumaire...