Narduccio a écrit :
Pierma a écrit :
0,01 h/km² donne 5500 habitants !
En fait, c'est plus compliqué, lors des phases glaciaires, plus de la moitié de la surface de la France peut-être inhospitalière. Du coup, on obtient pas les mêmes résultats s'il s'agit d'une moyenne sur tout le territoire ou si on ne tient compte que de la surface habitable. Et, il ne faut pas oublier qu'à certains moments on estime que 7000 néandertaliens vivaient en Europe en même temps...
C'est vrai, j'oubliais ce facteur-là.
(le Gros Caillou du quartier de la Croix-Rousse témoigne qu'à une époque les glaciers descendaient jusqu'au niveau de Lyon : c'est un reste de moraine glaciaire.)
Mais en réalité le problème de cohabitation, au paléolithique, peut se poser avec les Néanderthaliens, comme tu le soulignes, tandis que la cohabitation chasseurs/sédentaires se pose au début du néolithique, et là je pense qu'avoir en tête une population de 3 millions d'habitants est un bon ordre de grandeur.
Au passage, une remarque sur "l'assimilation" :
L'article proposé par Beaumont suggère une arrivée des "fermiers" immigrants sur les territoires des chasseurs. (Mais il parle de l'Europe centrale)
Citer :
Indigenous hunter-gatherers and immigrant farmers lived side-by-side for more than 2,000 years in Central Europe, before the hunter-gatherer communities died out or adopted the agricultural lifestyle.
Donc une cohabitation de 2000 ans jusqu'à "la disparition ou l'assimilation" des populations de chasseurs.
Il y a 6 ou 7 ans, l'INRAP a mené un chantier de fouilles préventives dans la prairie proche de l'Ognon, en Haute-Saône, au pied de la "roche" - l'ancienne falaise bordant la rivière, dont le lit a bougé depuis, au cours du temps - dans le village familial de mon père. (Construction d'un pont.) Il s'agissait d'un campement provisoire du début du néolithique, dont j'ai pu lire le rapport de fouille.
Il semble en fait qu'il y ait eu une mode de vie semi-nomade, transitoire, chez certains chasseurs-cueilleurs. Ce n'était pas une découverte pour les archéologues, qui tenaient ce fait pour acquis, mais un exemple de plus et des infos supplémentaires.
Ces semi-nomades utilisaient un nombre limité de sites de campement, et passaient régulièrement de l'un à l'autre. On pense immédiatement à un campement mieux abrité pour l'hiver, mais ce n'est pas la seule raison. Ils récoltaient en effet des céréales sauvages (parmi lesquelles du blé ancien, je crois que c'était de l'épeautre, mais j'ai oublié, et de l'orge) et s'étaient aperçu au fil du temps que les graines perdues à l'occasion du ramassage repoussaient la saison suivante.
Ainsi, aux beaux jours, ils passaient de l'un à l'autre, avec une "surface de ramassage" qui se maintenait ou même s'étendait avec le temps. On aurait eu ainsi des "semailles", non délibérées, mais régulières. (Un facteur associé est évidemment la disponibilité de gibier sur chaque zone.)
Ces archéologues rappelaient l'hypothèse selon laquelle ces "cultures" avaient pu évoluer jusqu'à des semailles faites en toute connaissance de cause, l'idée ayant germé (c'est le cas de le dire) à constater le rendement de ces endroits exploités régulièrement.
Il me semble que ça restait présenté comme une hypothèse non confirmée (et de fait une certitude difficile à établir, malgré le lien avec l'évolution des outils) mais certains pensent qu'il a pu y avoir une transition longue, étalée dans le temps, d'un mode de vie à l'autre, sans forcément qu'il y ait apport de connaissances extérieures. Et bien entendu, dans ces premiers temps d'une culture sédentaire, la chasse reste un apport sensible, dont le savoir ne se perd pas.
Ce processus n'exclut pas l'existence de migrations de "sédentaires", ou de cohabitation de populations proches, mais peut aussi avoir existé séparément.