Duc de Raguse a écrit :
Liber censualis a écrit :
Peut-être était-ce écrit depuis 1792 alors, sans que les protagonistes le sachent !
Du moins depuis 1795... mais je n'irais pas jusqu'à écrie cela tout de même.
Je pense toujours que malgré les circonstances d'après 1799 - sa "cour" en exil a tout de même été promenée dans tous les coins d'Europe et chassée en fonction des réalités géopolitiques du moment ; son autorité a souvent été discutée au sein même de l'émigration ; les puissances européennes on mis de côté sa restauration au gré de l'expansion française suite aux victoires de Napoléon (elles avaient alors d'autres chats à fouetter que de penser à la nature du régime politique français) - il n'y avait que peu de place pour d'autres options que la restauration d'une monarchie en France sous l'égide d'un capétien et plus précisément du frère de Louis XVI.
La solution "restauration des Bourbon" me semble avoir été assez timidement écrite depuis 1795, je ne pense pas que l'on puisse faire de tel déterminisme; toujours E. Lever, p.211-212," Persuadé qu'il règnerait un jour, le prétendant au trône redoutait à juste titre les ambitions des souverains européens plus soucieux de démembrer la France que de poursuivre un idéal". Nous sommes alors en 1795. Sans ambition territoriale, la tsarine Catherine reconnaît Louis XVIII, mais son fils et successeur n'aura cure de lui. Et, sans reconnaissance officielle, l'Angleterre manifeste un soutien verbal aux prétentions de celui-ci, lui conseillant d'adopter "des réformes libérales". A lire les auteurs que je cite depuis le début,"l'option" Louis XVIII semble vraiment n'avoir jamais été un projet pour les alliés. Juste une solution "faute de mieux" sortie du chapeau de Talleyrand.
Duc de Raguse a écrit :
La "légitimité retrouvée" n'était pas que dans son esprit ou celui d'un Talleyrand. Tout diplomate européen le savait fort bien et se souvenait (surtout s'il était aux affaires) des buts de la 1ère coalition. Cela même si un Metternich a encore joué la carte Napoléon au mois de février-mars 1814, suite aux conséquences des alliances de circonstance d'après 1809, les autres n'ont pas vraiment résisté aux arguments d'un Castlereagh ou d'un Talleyrand formulés très clairement dès janvier 1814.
D'ailleurs Fouché fera exactement la même chose avec les coalisés pendant les Cent-Jours : il préparera ainsi le retour de Louis XVIII en cas de défaite de Napoléon. Si ce régicide n'avait aucune sympathie pour Louis XVIII et la monarchie en général, il savait que cette situation transitoire permettait la paix nécessaire (on verrait bien ensuite ce que les Français feraient de ce régime) et que cela valait toujours mieux que quelqu'un d'autre imposé par les coalisés, qui ne voulait ni d'un familier de Napoléon, ni d'une République.
Face à la pression des armes, on se range toujours vers un compromis minimum.
Je rappelle ce développement de Lentz auquel je souscrit, bien qu'avant de l'avoir lu, j'admets que j'aurais pensé comme vous.
"L'histoire -y compris très contemporaine- montre que lorsqu'une coalition balaie un régime ennemi,le plus difficile pour cette coalition est souvent de mettre en œuvre une solution de rechange choisie par la nation vaincue , ou au moins acceptée par elle" , mais également, " Craignant les réactions populaires, les vainqueurs avouaient presque s'en remettre aux évènements(...) dès lors une monarchie pacifique avait leur préférence (ni république ni Napoléon bien sûr, voilà peut-être la marque de pression que vous décelez) et peu leur importait qu'un Bourbon ou un Orléans, ou à la rigueur le roi de Rome, succède au premier empereur" in Nouvelle Histoire du Premier Empire, T. IV, fayard, 2010,p.17.
Duc de Raguse a écrit :
Et du point de vue international, le Congrès de Vienne et les traités de Paris ont bel et bien sanctionné le retour de cette "légitimité", en France comme en Europe, puisque l'Europe napoléonienne s'était écroulée comme un château de cartes en 1813-1814.
Sanctionné est le mot juste : le retour à la légitimité est un argument neuf développé par Talleyrand (Lentz, Lever et Waresquiel sont d'accord sur ce point) qui fait mouche, donc qui ne travaillait pas les chancelleries avant, sauf à Londres. Talleyrand a convaincu les alliés, qui n'y pensaient pas.
Duc de Raguse a écrit :
Quant aux idées révolutionnaires elles ont été étouffées par les vainqueurs.
Pas en France à mon avis : les royalistes ultras ont essayé, mais le roi s'y est opposé dans une certaine mesure. Mais les alliés ?Quel rôle ont-ils eu dans "l’étouffement supposé des idées révolutionnaires" ? Le tsar, autocrate chez lui était libéral pour les autres ! La Sainte Alliance, sous l'égide de Metternich a tenté de verrouiller la restauration monarchique en Europe, de même qu'elle a combattu toute velléité d'aspiration libérale ou nationale. En Europe ! mais pas en France ...
Duc de Raguse a écrit :
Même si Louis XVIII a fait preuve de pragmatisme et de souplesse en octroyant la Charte et ainsi éviter de retourner à une situation antérieure à 1789, on ne peut pas dire qu'il ne lui en a pas coûté de procéder ainsi
ça c'est une autre histoire !
Duc de Raguse a écrit :
il n'en demeure pas moins que ce régime ne pouvait être que transitoire, il devait se libéraliser et se démocratiser.Chose que Charles X n'a évidemment pas comprise.
La c'est l'opinion de quelqu'un qui connaît la fin !
Duc de Raguse a écrit :
Enfin, même si l'utilisation du terme "fourgon de l'étranger" peut déplaire, force est de constater que sans la victoire des coalisés sur Napoléon, Louis XVIII n'aurait pu revoir les Tuileries.
L'expression ne me déplaît pas ! Elle a une histoire, et reste compréhensible dans la bouche de Napoléon ! Elle est concrètement vraie en plus ! Louis XVIII est effectivement rentré en France dans les valises de Wellington !
Sans la victoire des alliées pas de restauration, c'est une évidence absolue. Mais c'est Louis XVIII qui a su s'imposer le moment venu, avec le soutien "du vice appuyé sur le bras du crime"...